Parmi les produits responsables de la déforestation
Le soja
Le soja est une plante utilisée en alimentation animale dans les élevages intensifs pour sa qualité et sa richesse en protéines, car elle favorise, à faible coût, une croissance rapide des animaux. Or la demande en viande industrielle est croissante, et cette culture est en pleine expansion. D’abord localisée aux Etats-Unis, les deux premiers pays producteurs et exportateurs de soja sont aujourd’hui le Brésil et l’Argentine. Dans ces pays, elle se met en place au détriment des cultures vivrières (manioc, haricots, maïs…) et des écosystèmes naturels tels la savane arborée (Cerrado) ou la forêt amazonienne. Cette dernière est une des forêts tropicales les plus riches écologiquement : on y trouve 10% des espèces de mammifères terrestres, et 300 espèces d’arbres par hectare. Depuis 1998, 13,5 millions d’hectares de forêt amazonienne brésilienne ont déjà disparu au bénéfice de la culture du soja. La déforestation se poursuit au rythme de 3.7 millions d’hectares par an au Brésil, en Argentine, en Bolivie et au Paraguay.
La France fait partie des principaux responsables de cette tragédie. Il s’agit en effet du premier consommateur européen de soja, principalement originaire du Brésil (22% du soja exporté du Brésil arrive en France !). Un Français mange en moyenne 92 kg de viande, 250 œufs et une centaine de kilos de produits laitiers chaque année, ce qui nécessite une surface cultivée en soja de 458 m² par habitant. L’état et les citoyens français sont donc en première ligne pour agir. Une initiative est mise en oeuvre par des ONG sociales et environnementales (y compris le WWF), et des industriels, pour définir les critères d’un soja responsable de façon collégiale (table ronde pour le soja responsable).
L’huile de Palme
La production d’huile de palme, pourtant originaire d’Afrique, se fait aujourd’hui majoritairement (à 86%) en Malaisie et en Indonésie. Le palmier à huile, culture à bon rendement et à faible coût, a vu ses surfaces doublées en Malaisie et quintuplées en Indonésie depuis le début des années 90. La production totale d’huile de palme est estimée à 38 millions de tonnes dans le monde en 2006. Cette production record est portée par la demande des pays européens qui augmente de 13% chaque année depuis 2000. On trouve de l’huile de palme partout : principalement dans des produits industriels de la vie quotidienne (chips, frites, cookies, shampoing, bougies…), en alimentation animale, et dans les agrocarburants en pleine expansion. L’huile de palme est présente dans un produit de grande consommation sur dix vendus en Europe.
L’huile de palme ne peut être cultivée que dans des climats tropicaux humides, les nouvelles plantations se font donc au détriment de la forêt tropicale. En Indonésie, cette forêt est une des plus diversifiées. Malheureusement, ce pays a la déforestation la plus rapide du monde. En effet, au rythme de 1.5 millions d’hectares de forêt vierge déboisés chaque année (soit 15 terrains de foot par minute), on estime que la forêt vierge indonésienne aura quasiment disparue dans 30 ans.
En remplaçant ces forêts par des cultures telles que le palmier à huile, la biodiversité passe de 100% dans une forêt primaire indonésienne à 1% dans les monocultures de palmiers. Des animaux emblématiques comme l’orang-outang ou l’éléphant sont menacés de disparition. De plus, les planteurs de palmiers à huile déboisent en provoquant des incendies responsables d’importantes émissions de gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement climatique. C’est ainsi que l’Indonésie est le troisième émetteur de gaz à effet de serre au niveau mondial derrière les Etats Unis et la Chine.