Le cabinet Colombus Consulting publie la 8e édition de son étude annuelle consacrée à la santé financière des producteurs d’électricité européens. En 2022, les producteurs d’électricité, hors EDF, ont connu une forte augmentation de leurs chiffres d’affaires et EBITDA[[L’EBITDA, acronyme de « Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization » est un indicateur financier américain pour mesurer la rentabilité brute du cycle d’exploitation de l’entreprise.]], dans un contexte de baisse de consommation de l’électricité en Europe. Malgré une stratégie forte en faveur du développement des énergies renouvelables, la dynamique enclenchée reste perfectible.
Des résultats financiers exceptionnels pour les énergéticiens en 2022
Le chiffre d’affaires cumulé des énergéticiens a augmenté de 60 % en un an, soit une croissance de 300 milliards d’euros par rapport à 2021. La croissance du chiffre d’affaires des producteurs d’électricité s’explique principalement par la forte hausse des prix, particulièrement liée à l’augmentation du prix du gaz, induite par la crainte sur la sécurité d’approvisionnement en Europe dans le contexte géopolitique en Ukraine. De plus, les producteurs retrouvent une réelle progression de leur EBITDA en 2022, à l’exception d’EDF dont les revenus opérationnels ont subi une baisse d’environ 23 milliards d’euros en 2022, notamment en raison des achats d’électricité à prix de marché très élevés rendus nécessaires par le recul de la production nucléaire. Par ailleurs, la capacité de remboursement de la majorité des énergéticiens s’est considérablement améliorée, notamment en raison de la croissance de leur EBITDA. Il s’agit de la meilleure capacité de remboursement depuis 2016. Effectivement, si l’endettement financier net a légèrement augmenté (+ 6 %), il a par ailleurs été compensé par une croissance de plus de 20 % des revenus opérationnels. Enfin, la hausse des prix de marché n’a pu être répercutée aux clients que de façon limitée du fait des mesures réglementaires exceptionnelles adoptées par le gouvernement limitant la hausse des prix de vente aux consommateurs en 2022 (boucliers tarifaires et hausse d’ARENH).La consommation d’électricité en Europe marque le pas
En 2022, l’Europe a connu une baisse de la consommation d’électricité rappelant les niveaux atteints lors de la crise sanitaire. Pour l’heure, ce constat n’a qu’un faible impact sur la santé financière des producteurs d’électricité. En effet, la chute de la consommation d’électricité est attribuée à ses prix élevés et aux mesures de sobriété énergétique prises dans les pays de l’Union européenne. Malgré une croissance continue de 2014 à 2018, la trajectoire décennale depuis 2013 s’oriente vers une baisse de 2,7 % de la consommation d’électricité. Les revenus des énergéticiens sont donc tirés à la hausse par l’effet prix élevé, par nature moins pérenne qu’une augmentation soutenue de la demande. En parallèle, la consommation de gaz chute, encore plus fortement que celle de l’électricité, avec une baisse de 13,5 % par rapport à 2021. Cela s’explique par :- La guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui a fragilisé les approvisionnements de la plupart des pays européens, dépendants du gaz russe, et a donc mécaniquement fait grimper le prix du MWh,
- Les actions de sobriété mises en place par les ménages et les entreprises,
- Les températures clémentes de l’automne et de l’hiver 2022, la consommation de gaz étant particulièrement thermosensible.
Une accélération, encore timide, en faveur des énergies renouvelables
« Les capacités installées renouvelables augmentent fortement alors que nous observons une nette diminution des capacités thermiques, une stagnation de l’hydraulique, et la contraction du nucléaire. En effet, malgré une stratégie forte de développer les énergies renouvelables, les énergéticiens européens doivent composer avec l’apparition de nouveaux acteurs. » explique Nicolas Goldberg, Associé chez Colombus Consulting.
« Entre 2016 et 2022, le secteur des énergies renouvelables, en particulier le solaire et l’éolien,a connu une croissance exponentielle. Les capacités installées ont augmenté de 126 % sur la période, et certains acteurs ont même triplé leurs capacités renouvelables. En parallèle, durant cette même période, la part du nucléaire a baissé. Ainsi, le déploiement des énergies renouvelables reste encore insuffisant, aussi bien pour compenser la fermeture des capacités fossiles pilotables que pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Malgré cela, l’Europe consolide sa position de leader de l’éolien en mer, grâce à une diversification des technologies (fondations fixes ou flottantes) et l’implication de certains acteurs », ajoute Pierre Bourillot, Consultant chez Colombus Consulting.
8e édition de l’étude « Santé financière des producteurs d’électricité »
insight_sante_financiere_novembre_2023_colombus_consulting-1.pdf
Santé financière des producteurs d’électricité européens
Il n’y a qu’une seule flèche rouge ?! Un modèle technique à revoir peut être pour l’opérateur concerné qui semble vouloir nager à contre courant de l’histoire ?