Un projet, fut-il excellent, ne rencontrera pas de succès s’il n’est pas vendeur. Prenant ce postulat au pied de la lettre, Clean Air Asia, organisme militant pour l’amélioration de la qualité de l’air en milieu urbain, s’est fendu d’une campagne digitale plutôt insolite.
Intitulée Hairynose (« nez poilu »), elle propose à l’internaute de choisir sur une carte la ville d’Asie dans laquelle il habite et, en fonction du niveau de pollution de l’air qui y règne, lui indique la longueur des poils de nez qu’il devra arborer. Partant d’une idée simple et rigolote – les poils des narines constitueraient un rempart contre la pollution – cette campagne, on l’aura compris, vise à sensibiliser un large public aux questions environnementales.

Cette préférence s’explique facilement. Alors que les publicités purement informatives, parfois catastrophistes (souvent à juste titre d’ailleurs), renvoient le public à ses responsabilités et le placent sur le banc des accusés, l’humour permet au contraire d’entretenir une certaine connivence avec lui et, plutôt que l’auto-flagellation, encourage l’auto-dérision. Une stratégie de plus en plus répandue, payante à en croire une récente étude réalisée par le cabinet d’audit KPMG, qui estime par exemple que la protection de l’environnement représentait le second critère d’achat de voitures en 2011 – alors qu’elle n’était pas considérée comme une préoccupation réelle jusqu’alors.
Pourtant, certains ne manqueront pas de trouver cette tendance inappropriée. A l’heure où Pékin se meurt sous un épais nuage de pollution, le temps n’est plus à la frivolité, prétendront les détracteurs de l’écocommunication fun. Il s’agirait d’effrayer plutôt que d’amuser. On peut comprendre ce point de vue. On se permet toutefois de le réfuter. A mesure que la menace écologique se fait plus prégnante, il importe de divertir.
Face aux sujets graves, dont on préfère souvent se détourner plutôt que des les affronter, le rire possède une fonction éducative remarquable. Il attise la curiosité, invite à regarder en face les choses qu’on préfère fuir. Par-ailleurs, rien ne l’empêche de véhiculer un message sérieux. Message qui se logera bien plus profondément dans l’esprit du public qu’un discours au mieux froid, au pire agressif, pour la simple et bonne raison qu’on éprouvera une sensation agréable à évoquer son souvenir.

