Des températures caniculaires affectent de grandes parties de l’hémisphère Nord, tandis que des inondations dévastatrices déclenchées par des pluies incessantes ont perturbé des vies et des moyens de subsistance, soulignant le besoin urgent d’une action climatique accrue, a déclaré vendredi l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Selon l’agence météorologique des Nations Unies, le mois de juin a connu la température moyenne mondiale la plus chaude jamais enregistrée et les vagues de chaleur ont persisté jusqu’au début juillet. Des pluies torrentielles et des inondations ont fait des dizaines de morts et touché des millions de personnes aux États-Unis, au Japon, en Chine et en Inde.Juin 2023 : le plus chaud jamais enregistré
Le rapport du service Copernicus de l’Union européenne sur le changement climatique, qui collabore étroitement avec l’Organisation météorologique mondiale (OMM), montre les changements profonds qui se produisent dans le système terrestre à la suite du changement climatique induit par l’homme, a observé l’OMM dans un communiqué de presse publié vendredi. Le mois de juin 2023 était légèrement supérieur de 0,5 °C à la moyenne de 1991-2020, battant le précédent record de juin 2019, selon le service Copernicus. Les températures à la surface de la mer de l’Atlantique Nord ont été « hors normes », a-t-il déclaré. La chaleur s’est poursuivie début juillet, traditionnellement le mois le plus chaud de l’année. Selon des données préliminaires, la température moyenne mondiale à 2 mètres a atteint un niveau record de 16,88 °C le 3 juillet, battant le précédent record quotidien de 16,80 °C d’août 2016. Elle a ensuite battu à nouveau ce record le 4 juillet, avec une température de 17,03 °C.« Les conditions météorologiques extrêmes – un événement de plus en plus fréquent dans notre climat qui se réchauffe – ont un impact majeur sur la santé humaine, les écosystèmes, les économies, l’agriculture, l’énergie et l’approvisionnement en eau », a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. « Nous devons intensifier nos efforts pour aider la société à s’adapter à ce qui devient malheureusement la nouvelle normalité », a-t-il ajouté.
Aléa naturel mortel
Les vagues de chaleur, parmi les catastrophes naturelles les plus meurtrières, tuent des milliers de personnes chaque année. Les températures élevées augmentent le risque d’incendies de forêt, comme on l’a vu récemment au Canada, qui a perdu plus de neuf millions d’hectares de forêts en 2023 jusqu’à ce jour, dépassant de loin la moyenne décennale d’environ 800.000 hectares. La pollution et la brume qui en ont résulté se sont propagées dans une grande partie du nord-est des États-Unis, affectant la santé de millions de personnes. Des températures supérieures à la normale, avec une augmentation du mercure de plus de cinq degrés Celsius au-dessus de la moyenne à long terme, sont prévues dans la région méditerranéenne au cours des deux prochaines semaines, ainsi que dans de nombreux endroits en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Türkiye. Une vague de chaleur généralisée s’intensifie dans le sud des États-Unis, avec des températures élevées probables dans de nombreux endroits, selon le Service météorologique national américain (US National Weather Service), qui indique que quelques endroits pourraient même enregistrer des records de température historiques.Phénomène El Niño
« La chaleur exceptionnelle de juin et de début juillet s’est produite au début du développement d’El Niño, qui devrait encore alimenter la chaleur à la fois sur terre et dans les océans et conduire à des températures plus extrêmes et à des vagues de chaleur marines », a déclaré Chris Hewitt, Directeur des services climatologiques de l’OMM.« Nous sommes en territoire inconnu et nous pouvons nous attendre à ce que d’autres records tombent à mesure qu’El Niño se développe davantage et ces impacts se prolongeront jusqu’en 2024 », a-t-il ajouté. « C’est une nouvelle inquiétante pour la planète ». « Les températures mondiales à la surface de la mer ont atteint un niveau record pour la période de l’année en mai et en juin. Cela a un coût. Cela aura un impact sur la répartition des pêches et la circulation océanique en général, avec des répercussions sur le climat. Ce n’est pas seulement la température de surface, mais l’ensemble de l’océan se réchauffe et absorbe de l’énergie qui y restera pendant des centaines d’années. Les sonnettes d’alarme sonnent particulièrement fort en raison des températures de surface de la mer sans précédent dans l’Atlantique Nord », a encore dit le Pr Hewitt.
Il pleut comme jamais auparavant
De fortes pluies et des inondations ont causé de graves dégâts et des pertes de vies humaines dans plusieurs régions du monde ces derniers jours. L’OMM a indiqué que l’Agence météorologique japonaise (JMA) avait émis des avertissements d’urgence de fortes pluies pour les préfectures de Fukuoka et d’Oita, sur Kyushu, la troisième plus grande île du pays, ainsi qu’un nouveau record de précipitations quotidiennes il y a deux jours.« Il pleut comme jamais auparavant », a dit JMA.Pendant ce temps, le nord-est des États-Unis, y compris l’État de New York et la Nouvelle-Angleterre, a connu des pluies torrentielles mortelles. New York a émis un avertissement de risque d’inondation éclair et plus de quatre millions de personnes étaient en alerte inondations le 11 juillet. Ailleurs, des inondations dans le nord-ouest de la Chine ont tué 15 personnes, et dans le nord de l’Inde, des routes et des ponts se sont effondrés et des maisons ont été emportées par le débordement des rivières lors de fortes pluies de mousson et d’inondations, faisant des dizaines de morts.
Pays à faible revenu plus à risque
L’agence des Nations Unies a également souligné que si les pays développés ont accru leur niveau de préparation, comme les alertes et la gestion des inondations, les pays à faible revenu restent vulnérables.« Alors que la planète se réchauffe, on s’attend à ce que nous assistions à des précipitations de plus en plus intenses, plus fréquentes et plus graves, entraînant également des inondations plus graves », a déclaré Stefan Uhlenbrook, Directeur de l’hydrologie, de l’eau et de la cryosphère à l’OMM. « Les pays développés comme le Japon sont extrêmement alertes et ils sont également très bien préparés en ce qui concerne les mesures de gestion des inondations. Mais de nombreux pays à faible revenu n’ont pas mis en place d’alertes, pratiquement pas de structures de défense contre les inondations et pas de gestion intégrée des inondations. L’OMM s’est engagée à améliorer la situation », a-t-il ajouté.