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Crise financière

Big Bang à Wall Street

par Alexandra Voinchet pour Money Week Mardi

Qui sème le vent récolte la tempête. L’ouragan Ike n’a pas seulement fait des dégâts au Texas. Il a aussi balayé les places boursières. La tourmente s’est emparée du système bancaire et financier international. L’optimisme de ceux qui soutiennent que « le pire est passé », comme titre Le Journal des Finances de cette semaine, est loin d’être communicatif.

◊ L’hécatombe se poursuit parmi les grands noms de la finance ◊ Et si le pire de la crise était devant nous ◊ Chacun son métier et les vaches seront bien gardées Ce week-end, les mauvaises nouvelles se sont enchaînées. Lehman Brothers est en faillite. La quatrième banque d’affaires américaine ne peut plus faire face à ses engagements, acculée par des pertes financières colossales. Et personne n’a volé à son secours. La banque est sur sa fin. Son titre en bourse vaut 0. Difficile de faire pire tout de même. Histoire de vous rafraîchir la mémoire : cette faillite est la plus importante de Wall Street depuis le scandale du spécialiste des obligations pourries – junk bonds – Drexel Burnham Lambert en 1990. Merril Lynch a, lui, trouvé un repreneur. Sa consoeur Bank of America met la main à la poche pour sauver l’une des banques les plus touchées par la crise des subprimes : 50 milliards de dollars. Il y a six mois, c’est un autre grand nom de la finance américaine, Bear Stearns, qui était racheté en urgence par un concurrent bienveillant, JP Morgan Chase & Co. Pour Merril Lynch, c’est un grand soulagement. Pour Bank of America, un bon coup puisque cette union va donner naissance au nouveau numéro un de la finance mondiale. Il n’en restera pas moins un colosse aux pieds d’argile. Le règne des « Big Five » a vécu. Ont survécu deux banques d’affaires : Goldman Sachs et JP Morgan Chase. Un jeu de dominos De toute façon, le système bancaire est dans son ensemble bien mal en point. Tout le monde veut éviter le pire : que les dominos tombent les uns après les autres. Les banques jouent la solidarité mais n’en sont pas moins rancunières : ainsi Lehman Brothers a subi un sévère retour de bâton. La banque, qui n’avait pas aidé au sauvetage du fonds LTCM il y a dix ans presque jour pour jour, n’a pas trouvé de repreneur. Autre initiative : dix grandes banques internationales ont créé un fonds d’urgence, une sorte de cagnotte pour les coups durs, de 70 milliards de dollars. Une manière également de s’unir pour le meilleur et pour le pire entre la Britannique Barclays, l’Allemande Deutsche Bank, les Suisses Crédit Suisse et UBS, ainsi que les banques américaines Bank of America, Citibank, Goldman Sachs, JP Morgan Chase, Merrill Lynch et Morgan Stanley. Les autorités américaines ont multiplié les interventions. Fannie Mae et Freddie Mac ont ainsi échappé à la banqueroute grâce à une vigoureuse perfusion. Mais Washington ne veut et ne peut pas, même en partie, « nationaliser » tout le monde. Encore raté pour Lehman Brothers qui espérait aussi cette solution. Impossible toutefois d’abandonner le système bancaire américain à sa déroute. La Réserve fédérale a promis quelques largesses supplémentaires. Et pourrait répondre au SOS de l’assureur AIG qui lui a demandé une avance de 40 milliards de dollars. Et la Securities and Exchange Commission (SEC), l’autorité des marchés financiers américains, a parlé de quelques changements réglementaires. En Europe, où les contrecoups de cette secousse ont été vifs hier, les banques centrales britannique et européenne ont décidé d’ouvrir les robinets pour créer pendant quelques heures une liquidité bienvenue. Diviser pour mieux gérer Mais toutes ces mesures prises dans l’urgence ne changeront rien au problème de fonds. Le système bancaire est à reconstruire. La dualité des banques a viré à la schizophrénie. Côté pile, l’agence de la ville où les particuliers, comme vous et moi, ont leurs comptes chèques et quelques livrets d’épargne. Côté face, le trader en costume cravate qui passe sa journée à acheter, vendre, acheter pour quelques millions de dollars… bref à jouer des sommes si colossales qu’il n’arrive plus lui-même à s’en représenter la valeur. Jusqu’à aujourd’hui, le système fonctionnait sur ces deux vases communicants, le premier servant de matelas aux velléités aventureuses du second. La dualité a viré à la schizophrénie. Il est grand temps de cloisonner tout cela. A la banque de dépôt la gestion de « bon père de famille » de nos comptes et de nos crédits. A la banque d’investissement le risque, de faire fortune ou de se ruiner, en assumant « comme une grande » les conséquences de ses actes. Chacun son métier et les vaches seront bien gardées. Encore faut-il se prendre en main. Et faire plus que parer à l’urgence au jour le jour à coup de remèdes homéopathiques. Un an après le déclenchement de la crise des subprimes, on attend toujours de voir les belles promesses se transformer en actes. Où sont passés les voeux pieux de transparence, de contrôle, de réglementation ? Le temps du « grand nettoyage » est venu. A la benne le modèle actuel qui a engendré ses propres monstres. Par Alexandra Voinchet, 16 septembre 2008 Articles conseillés : – Secteur financier : à liquider au premier rebond, par Simone Wapler – Finance : l’épidémie de faillites se poursuit , par Ingrid Labuzan

 


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