Jusqu’à présent, la contribution des villes en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre a été peu analysée et sous-estimée. Les villes étaient étudiées uniquement dans la perspective de leur adaptation face au changement climatique et non pas en tant qu’acteur, ce rôle étant réservé aux Etats. Elles représentent pourtant plus de 70% des émissions de gaz à effet de serre et 2/3 de la consommation en énergie de la planète.
Le contenu précis de cet article, peu diffusé jusqu’à présent en France, est pourtant d’un grand intérêt pour le rôle des ensembles urbains dans la lutte contre le changement climatique sous trois aspects : le manque, à cette échelle, d’outils de mesure des émissions de gaz à effet de serre, l’ampleur de l’impact possible de l’action des collectivités urbaines, et l’analyse des secteurs où la marge d’action de ces collectivités est la plus grande.
- 1 Il n’existe pas de statistiques précises et complètes sur les émissions de gaz à effet de serre pour les ensembles urbains, dont la définition n’est d’ailleurs pas stabilisée [1]. A peine une centaine de villes a publié leurs inventaires d’émissions de carbone, ce qui laisse une marge de manoeuvre considérable [2]. Le besoin de recherches et le développement d’une évaluation partagée et d’indicateurs communs s’imposent. L’article met ainsi en évidence grâce à une méthodologie précise [3], les marges de manoeuvre disponibles et propose des solutions à mettre en place par les décideurs à l’échelle des métropoles.
- 2 La contribution autonome des ensembles urbains à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, selon cette méthode, permettrait une diminution des émissions de 8 Gt de CO2, soit 15% de l’ « emissions’ gap » entre le scénario actuel et celui à 2°C à l’horizon 2050. Cet impact potentiellement important justifie que les villes, jusqu’ici peu présentes sur la scène climatique, prennent davantage leur responsabilité sur la base de trajectoires mesurables, permettant le suivi et la comparaison.
- 3 Les villes disposent d’une influence forte et unique sur des leviers politiques clés tel que l’aménagement urbain et les transports publics. La première action urbaine ayant le potentiel de réduction le plus important d’ici 2050 est l’application de standards d’efficacité énergétique élevés pour les nouveaux bâtiments [4]. La deuxième est l’amélioration des transports publics, accompagnée de mesures encourageant à délaisser les véhicules personnels. La mise en place de normes énergétiques strictes pour l’éclairage et les appareils ménagers et celle de l’efficacité énergétiques des véhicules occupent la troisième place, avec un potentiel respectif pratiquement équivalent.