La cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (LDC5) s’est achevée avec l’adoption au Qatar, de mesures concrètes pour mettre en œuvre le Programme d’action de Doha (DPoA) – qui vise à renouveler et à renforcer les engagements entre les PMA et leurs partenaires de développement – marquant un tournant décisif pour les pays les plus vulnérables du monde.
La « Déclaration politique de Doha » a été adoptée sous un tonnerre d’applaudissements dans la salle plénière du Qatar National Convention Centre, où se déroulait la LDC5 depuis le 5 mars.Des mesures pour libérer le potentiel des PMA
L’adoption de la Déclaration témoigne d’une nouvelle ère de solidarité et d’énormes avantages socio-économiques pour les pays les moins avancés du monde. Elle intervient près d’un an après l’adoption du DPoA lors de la première partie de la Conférence le 17 mars 2022 à New York. PROGRAMME D’ACTION DE DOHA EN FAVEUR DES PAYS LES MOINS AVANCÉS 2022–2031 La Déclaration décrit des mesures visant à promouvoir la transformation et à libérer le potentiel des PMA, y compris le développement d’un système de réserves ou de moyens alternatifs, allant des transferts en espèces à des mesures globales d’atténuation des crises multirisques et de renforcement de la résilience pour les Pays les moins avancés.« Les engagements et les responsabilités ne s’arrêtent pas à la signature des documents ou à la participation aux Conférences. Ils doivent faire partie intégrante de nos efforts vers 2030 et s’étendre sur toute la décennie », a déclaré Amina Mohammed, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies lors de la séance plénière de clôture.La Vice-secrétaire générale Amina Mohammed prononce un discours lors de la journée de clôture de la cinquième conférence des Nations Unies sur les Pays les moins avancés (LDC5), à Doha, au Qatar.
Il faut aller encore plus loin
Selon la numéro deux de l’ONU, les cinq objectifs clés du DPoA – une université en ligne, un programme d’aide à l’obtention du diplôme, une solution de stockage de denrées alimentaires, un centre de soutien à l’investissement et un mécanisme d’atténuation des crises et de renforcement de la résilience – « vont répondre aux principaux défis auxquels sont confrontés les PMA, et permettront de tracer la voie d’un avenir plus prospère et équitable ».« Mais le succès n’est pas automatique. Il faut aller encore plus loin», a souligné Mme Mohammed, ajoutant que « pour arriver à réaliser ces objectifs, les PMA auront besoin d’un financement massif – à grande échelle, là où cela compte le plus ».Elle a noté que le Secrétaire général António Guterres avait précédemment proposé des réformes de l’architecture financière internationale, parallèlement à une relance des ODD d’au moins 500 milliards de dollars par an, afin d’orienter les ressources vers le développement durable à long terme et les transitions justes. Ce financement pourrait aider les PMA à résoudre les problèmes qui les empêchent de réaliser leur potentiel.
« Si nous voulons avoir le moindre espoir d’atteindre les ODD, nous devons donner la priorité à ceux qui sont le plus en retard dans leur parcours de développement », a déclaré la cheffe adjointe de l’ONU.
Rapport 2022 sur les pays les moins avancés
Pendant son séjour à Doha, Mme Mohammed s’est également entretenue avec des responsables gouvernementaux, des représentants de la société civile et des Coordonnateurs résidents des Nations Unies du monde entier. Lors de ses réunions, elle a souligné l’importance de l’atténuation des crises et de l’augmentation de la résilience des PMA, le DPoA étant le modèle pour relever les pays les plus vulnérables.
Bilan de la semaine à la LDC5
Placée sous le thème « du potentiel à la prospérité », la conférence LDC5 visait à conduire un changement transformationnel afin d’avoir un impact positif sur les 1,2 milliard de personnes qui vivent dans les PMA. La LDC5 a accueilli quelque 9.000 participants, dont 46 chefs d’État et de gouvernement et près de 200 ministres et vice-ministres, qui ont appelé à un soutien urgent des pays développés pour faire progresser le développement socio-économique et environnemental dans les PMA. Des chefs d’entreprise, ainsi que la société civile, des jeunes et d’autres partenaires, ont présenté des initiatives et des recommandations dans divers domaines, allant du renforcement de la participation des PMA au commerce international et à l’intégration régionale à l’exploitation du pouvoir de la science, de la technologie et de l’innovation.« Tout au long de cette semaine, nous avons vu ce qui peut être réalisé grâce à un véritable partenariat et à un dialogue multilatéral. Chacun des groupes de discussion – jeunesse, coopération Sud-Sud, secteur privé, parlementaires et société civile – a apporté son énergie, sa vision et ses idées pour un changement durable », a déclaré la Vice-Secrétaire générale se félicitant de l’éventail large de participants.Les débats à LDC5 ont porté sur la mise en œuvre du DPoA. Les accords conclus cette semaine aideront les PMA à faire face à la crise actuelle, de la pandémie de Covid-19 au changement climatique. Ils les aideront également à se remettre sur la bonne voie par rapport aux ODD et à progresser vers la sortie de la catégorie des PMA.
« Les PMA ont le potentiel le plus inexploité au monde, qu’il s’agisse des ressources naturelles ou des ressources humaines » a, pour sa part, déclaré Rabab Fatima, la Secrétaire générale de la Conférence et Haute Représentante des Nations Unies pour les Pays les moins avancés, les Pays en développement sans littoral et les Petits États insulaires en développement (UN-OHRLLS). « Ce que nous avons livré cette semaine peut exploiter ce potentiel et tracer un avenir prospère pour les habitants des PMA », a fait valoir Mme Fatima.La Haute Représentante a exhorté les personnes présentes à réfléchir, en quittant Doha, à « ce que nous pouvons contribuer à la mise en œuvre du Programme d’action de Doha dans notre propre contexte et selon nos propres capacités ». Pour elle l’engagement politique est le « carburant qui propulsera le moteur du progrès ». Mme Fatima s’est félicitée des expressions d’appropriation nationale du DPoA et a exhorté les partenaires au développement à adapter leurs politiques nationales de coopération de manière à répondre aux attentes et aux aspirations des Pays les moins avancés. Le Président du Malawi et Président du Groupe des pays les moins avancés, Lazarus McCarthy Chakwera, a décrit la Conférence comme « un triomphe de style et de substance ». Les enjeux ne pouvaient être plus importants lorsque la Conférence a commencé, a-t-il déclaré, rappelant les nombreux appels à des partenariats plus solides lancés au cours des cinq derniers jours.
« Les pays développés se sont vu rappeler leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD) », a-t-il déclaré, soulignant qu’il était temps de remplir cet engagement historique « d’allouer entre 0,15 % et 0,20 % de leur revenu national brut ». « Si cette promesse, comme d’autres dans les domaines du commerce, de l’investissement et du transfert de technologie peuvent être honorées, alors nous partirons avec un nouvel espoir de voir le Programme d’action de Doha pleinement mis en œuvre », a ajouté le Président africain.Pour sa part le Ministre d’État aux affaires étrangères du Qatar et président de la Conférence, Soltan bin Saad Al-Muraikhi, a noté les engagements pris au cours des cinq derniers jours et souligné la nécessité de mesures pratiques, rappelant les importants engagements financiers de son propre pays. « Le Qatar placera les pays les moins avancés au cœur de la coopération internationale », a-t-il déclaré.
Engagements pris à la LDC5
La LDC5 exhorte les pays à traduire leurs engagements en mesures concrètes. Ces engagements vont de l’amélioration de la biodiversité et de la lutte contre la malnutrition au renforcement de la résilience dans les PMA.- Le Qatar a annoncé une enveloppe financière de 60 millions de dollars : 10 millions de dollars pour soutenir la mise en œuvre du DPoA et 50 millions de dollars pour aider à renforcer la résilience dans les PMA.
- L’Allemagne a consacré 200 millions d’euros en 2023 au financement des PMA.
- Le Canada a annoncé 59 millions de dollars pour fournir des suppléments de vitamines dans 15 PMA et la conservation des écosystèmes au Burkina Faso.
- La Commission européenne a annoncé des accords de coopération portant les investissements durables en Afrique à plus de 130 millions d’euros.
- La Finlande a annoncé un événement annuel appelé le Forum des Nations Unies sur l’avenir des PMA à Helsinki, avec le Bureau du Haut Représentant des Nations Unies pour les Pays les moins avancés, les Pays en développement sans littoral et les Petits États insulaires en développement (OHRLLS), pour s’assurer que les dernières réflexions et recherches sont mises à contribution pour assurer des progrès dans les États les plus vulnérables.
- Le Fonds vert pour le climat a annoncé un nouveau projet visant à donner 80 millions de dollars en fonds propres pour offrir des garanties vertes aux entreprises des PMA et réduire le coût du capital.
- L’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies a annoncé un nouveau fonds de 10 millions d’euros pour le développement du tourisme dans les PMA, soutenu par la Fondation TUI Care, qui compte investir d’ici 2030 pour soutenir le tourisme durable dans les PMA en tant que moteur clé du développement.
- Le gouvernement du Kazakhstan a promis 50.000 dollars pour poursuivre son travail de soutien aux États membres les plus vulnérables des Nations Unies.