En mars 2009, après 8 mois et 21 000 km de voyage en 2008, je reprends mon sac à dos pour continuer le voyage Avenir climat (http://avenirclimat.info) à travers l’Europe et l’Asie à la rencontre des témoins du climat. Je longe cette fois le Danube en suivant son cours naturel vers l’Est. Le plus grand fleuve d’Europe (après la Volga) à besoin de marquer d’une manière particulière la fin de son parcours de 2800 km : il se jette dans la mer noire en créant un immense delta de 4 178 km², dont 3 446 km² en Roumanie (soit 1,4 % du territoire roumain !) et 732 km² en Ukraine.
J’arrive à Tulcea, la dernière ville du Danube relié au réseau ferré. La gare à l’architecture futuriste est contigüe à la gare routière et à la gare fluviale. Juste à côté se trouve également l’administration de la réserve de la biosphère « delta du Danube » dans un immeuble de verre. C’est là que je rencontre Mme Lilian, elle m’explique que cette zone à la biodiversité étonnante bénéficie de pas moins de trois systèmes de protection. Elle est d’abord classée par l’UNESCO avec son programme l’Homme et la Biosphère et inscrit à la liste du Patrimoine mondial culturel et naturel en 1990, juste après la chute du régime communiste. L’année suivante le delta a été reconnu comme Zone humide d’importance internationale pour les habitats d’oiseaux d’eau avec la convention RAMSAR. La réserve du delta du Danube fonctionne selon un découpage en quatre types de zones : – strictement protégées. Elles représentent les espaces les plus représentatifs de l’état naturel et sont interdites à toutes activités. Une autorisation doit être demandé pour y pénétré. – Tampon. Autour des zones strictement protégées, leur rôle est de diminuer l’impacte humain. – Economiques. Ces zones couvrent la moitié de la réserve et incluent les zones agricole, piscicole ou forestière et les villages. – reconstruction écologique. Des zones ont été asséché à l’époque communiste pour développer la culture et doivent être restauré pour revenir à l’état naturel. Près de 15 000 personnes habitent le delta, représentant 11 groupes ethnique. Après les roumains, le groupe le plus important est celui des Russes et Lipovènes. Surnommé « vieux croyants », ces derniers font partie d’une secte orthodoxe qui a fuit les réformes de Pierre le grand, ils refusaient par exemple le service militaire. Pratiquant la pêche, ils sont considérés comme le peuple de l’eau par les roumains. Le delta est constitué de trois bras. Celui du nord est le plus important et fait office de frontière avec l’Ukraine (et donc de l’Union Européenne). Le bras de Sulina est le plus court, il a été aménagé à partir du 19°s pour faciliter la navigation avec la mer noire. Le bras sud de St Georghu longe la terre ferme et on y trouve des traces d’habitats depuis le néolithique. Je décide de continuer mon voyage et de partir à Crisan un village de pécheurs au milieu des roselières et des zones de nidifications. A suivre …