Au mois de mai, il y a UNE chose très simple à mettre en œuvre pour aider la vie sauvage : ranger les tondeuses à gazon ! En laissant les plantes pousser et fleurir, les insectes pollinisateurs et les oiseaux bénéficient de la diversité végétale et le jardin résiste mieux face aux chaudes journées d’été. Hugo Clément nous explique tout.
En matière de “sobriété”, ce n’est pas toujours facile de réduire l’usage de la voiture et, pour certains, c’est très difficile, voire impossible, quand on dépend de son véhicule pour aller travailler par exemple. Faire isoler sa maison, c’est souvent très coûteux. Renoncer à partir en vacances loin de chez soi, pour certains, c’est même un sacrifice inenvisageable. Bref, la sobriété peut parfois paraître inaccessible.
En mai, laissez la tondeuse au garage !
Sur les terre-pleins, les bords de route, dans des parcs ou des ronds-points, on a tous vu ces employés communaux, en combinaison, en train de couper les « herbes folles » avec leur machine pétaradante.
Pourtant, cela ne sert à rien. Ça coûte de l’argent, ça utilise du pétrole, ça fait un boucan d’enfer, et surtout, c’est très mauvais pour la biodiversité.
Car les herbes folles, qui poussent spontanément et que beaucoup de gens considèrent encore comme “sales”, sont un habitat et une réserve de nourriture pour les animaux, qu’il s’agisse des insectes, des oiseaux ou des petits mammifères.
Il y a infiniment plus de vie dans un espace recouvert de plantes et de fleurs sauvages que sur une pelouse coupée à ras. Évidemment, cela vaut aussi pour nos jardins.
Certains peuvent trouver qu’une pelouse parfaitement tondue est plus esthétique qu’un terrain où poussent les plantes sauvages (ce n’est pas notre avis), mais d’un point de vue scientifique, il n’y a QUE des avantages à ranger la tondeuse au garage, surtout au printemps.
Le mouvement “No Mow May” (“pas de tonte en mai”) né en Grande-Bretagne en 2019 est en train de prendre de l’ampleur en France et je vous invite à y participer. En effet, le mois de mai est une période propice pour la croissance et la floraison des plantes sauvages, mais aussi pour la faune, dont les insectes et les oiseaux (qui font leurs nids à cette période).
Quand on sait que les populations d’insectes volants ont décliné de 80 % en Europe ces trente dernières années, il y a urgence à ne pas détruire l’habitat de ces petites bestioles qui sont à la base de la chaîne alimentaire.
Laissez une partie de votre jardin pousser librement !
Que les choses soient claires : il ne s’agit pas de transformer tout son jardin en jungle luxuriante. C’est normal de vouloir y accéder facilement et d’en profiter pour installer une table, des chaises, des transats…
Mais faites le test, si vous avez la chance d’avoir un peu de terrain : laissez au moins une partie pousser librement, sans la tondre, et vous verrez la différence très rapidement : davantage de papillons, d’abeilles, de coccinelles qui luttent contre les ravageurs, ou encore d’oiseaux qui viennent casser la croûte ou chercher des brindilles pour faire leur nid… Vous pourrez tracer quelques cheminements au milieu des herbes folles, pour pouvoir vous y promener et vous émerveiller du résultat. On appelle cela la “tonte différenciée”.
Une expérience a été menée en 2020 au King’s College de Londres, où une section de pelouse n’a pas été tondue, contrairement à d’habitude. Les résultats ont été spectaculaires puisque trois fois plus d’espèces de plantes, d’insectes et d’araignées ont été recensées dans l’espace non tondu. Même des chauves-souris y ont trouvé leur compte !
“Nous avons constaté que la zone non tondue était extrêmement bénéfique pour la biodiversité, explique la docteur Cicely Marshall, spécialiste des plantes à l’université de Cambridge. J’ai été vraiment surprise par l’ampleur du changement dans une si petite zone.”
Autre avantage : les herbes hautes permettent de diminuer la température du sol et de le protéger de la sécheresse, en préservant l’humidité qui s’y trouve. Une pelouse coupée à ras n’aura pas le temps de développer son système racinaire et deviendra rapidement jaune en cas de canicule, alors qu’un terrain en libre évolution sera beaucoup plus résistant et résilient. Les profondes racines des plantes sauvages permettent également à l’eau de mieux s’infiltrer dans le sol. En prévision des chaudes journées d’été, c’est plutôt utile…
Ne taillez pas vos haies entre mars et septembre, pour protéger les oiseaux
Au-delà du mois de mai, il est conseillé de ne jamais tondre son gazon à ras, et de laisser au moins 7 centimètres de végétation toute l’année, en laissant certaines zones pousser librement.
De même, évitez de tailler vos haies entre mars et septembre, pour ne pas déranger les oiseaux qui viendraient y faire leurs nids et augmenter l’ombre au sol. Quant à ceux qui s’inquiéteraient d’une éventuelle prolifération des moustiques, sachez que la tonte ou la taille ne permettent pas de réduire leur présence, contrairement à l’élimination des eaux stagnantes, dans le fond des pots de fleurs par exemple.
Alors on pourrait penser que tout cela est anecdotique par rapport aux défis de préservation de la biodiversité. Mais pas du tout ! Car si on met bout à bout tous les jardins des particuliers et tous les espaces verts des communes de France, cela représente une surface immense. L’enjeu est donc gigantesque.
Ces espaces non tondus permettent à la faune sauvage de respirer un peu, loin du béton et loin des pesticides utilisés dans les zones agricoles… En plus, observer toute cette vie dans son jardin ou dans le parc de sa ville, c’est beau, ça fait du bien et c’est gratuit. On s’y met ?