L’Etat vient d’accorder 30 millions d’euros à plusieurs industriels dont 7 à Total pour exploiter un projet de production d’agrocarburants de 2ème génération alors que l’on ne dispose pas du recul nécessaire sur l’impact environnemental de cette technologie. Réaction de FNE.
Pour Arnaud Gossement, porte parole de FNE : « Il n’est pas acceptable que l’Etat accorde des millions d’euros à une société ultra bénéficiaire qui a démontré son peu de respect pour l’environnement pour produire des agrocarburants. Il n’est pas acceptable de foncer tête baissée dans la production d’agrocarburants de 2ème génération sans évaluation environnementale complète et sans aucun débat public. Nous demandons au Gouvernement de revenir sur cette décision. Ne pas le faire serait un scandale ».
Le principe pollueur payé ?
France Nature Environnement demande au Gouvernement français de retirer la décision par laquelle l’ADEME a décidé d’accorder 30 millions d’euros – dont plus de 7 pour la seule société Total – dans le but de réaliser et d’exploiter un projet de production d’agrocarburants de deuxième génération.
Pour FNE, il n’est pas acceptable qu’une société aussi peu respectueuse de l’environnement et qui a réalisé 13, 9 milliards d’euros de bénéfices en 2008 reçoive des financements publics aussi importants pour réaliser un projet industriel aussi irrationnel.
Pourquoi foncer dans une impasse environnementale ?
FNE regrette que l’Etat ne décide de ces investissements avant même que l’étude confiée à l’ADEME sur le bilan environnemental des agrocarburants de 1ère génération n’ait été publiée. Seul un résumé très succint de cette étude a été mis en ligne sur internet.
Que dit ce résumé ? Qu’il faut poursuivre les études, les incertitudes, notamment méthodologiques étant encore trop nombreuses :Cf page 21 du résumé ADEME : « Cette étude n’a pas prétendu trancher les questions méthodologiques et quantitatives de la place des biocarburants dans la déforestation des dernières années et encore en cours. Les calculs proposés restent grossiers et ne visaient qu’à donner un ordre d’idée potentiel des effets que pourraient prendre ces éléments dans les bilans en balayant des scénarios très contrastés. Des travaux spécifiques doivent être conduits pour approfondir cette zone d’ombre et le degré de plausibilité des scénarios vis–à‐vis des différentes filières étudiées. Il serait donc nécessaire de lever cette incertitude qui plane au dessus de l’intérêt environnemental des biocarburants européens par rapport aux événements à l’échelle de la planète par des travaux approfondis et dépassionnés. Les mécanismes de transmission indirecte sont notamment à analyser à l’aune de modèles et de données économiques plus poussées afin de comprendre les transmissions entre marchés. »
Pour FNE, le Gouvernement ne peut donc justifier le projet de production d’agrocarburants de 2ème génération en parlant d’expérimentation dés l’instant où nous ne disposons pas du recul nécessaire sur les agrocarburants de 1ère génération.
Le fait de donner un nom ou un autre au projet financé par l’ADEME ne change rien à l’affaire. Qu’il s’agisse d’expérimentation ou de production, le résultat est le même : la France se lance dans les agrocarburants sans le recul nécessaire.