Les empoignades du Grenelle de l’environnement sont terminées, c’est la première fois dans ce pays
qu’ONG, syndicats, collectivités et administrations ont, sur un même lieu, dans un délai limité et en
toute transparence, pu débattre, se confronter, se reconnaître. La première fois que sur les sujets qui
touchent au devenir de l’homme sur la planète, des personnalités de tous bords ont eu pour mission de
déterminer des mesures urgentes et applicables.
On peut se réjouir que cette confrontation ait eu lieu. Il y a eu le temps de réflexion, il y a maintenant le
temps de l’action et de la réalisation.
Les mesures comme la réduction de la vitesse sur les routes, la rénovation du bâti français sur des bases
de réduction des énergies font consensus. Par contre les sujets des OGM, des pesticides, du traitement
des déchets, de la biodiversité et de la qualité de l’eau demanderont beaucoup de courage et de
détermination au législateur pour définir de nouvelles règles et à l’exécutif pour les appliquer.
Les altercations du Grenelle entre la FNSEA, le MEDEF et les ONG et d’autres représentations de la
société civile ont montré la nature des oppositions et des résistances quand leurs intérêts étaient en jeu.
Au-delà de ces clivages naturels, même si l’urgence devrait commander au sens de la responsabilité, la
France souffre d’un mal historique et culturel. Ce mal c’est la centralisation – hors de l’Etat point de
salut – d’un côté la puissance publique, de l’autre la déresponsabilisation des citoyens.
• Premier exemple : la fourniture de l’électricité est contrôlée par EDF et le consommateur est
encouragé à utiliser et à abuser d’une énergie a priori bon marché en échange d’une liberté totale
d’EDF sur les modes de production. C’est ainsi que la France est devenue le pays le plus nucléarisé
du monde et qu’il est exclu même d’en discuter.
Nos voisins européens et particulièrement les Allemands seront sortis du nucléaire dans 20/25 ans.
Pourquoi ? parce que la décentralisation des institutions permet aux collectivités voire aux individus
de produire leur propre énergie et par voie de conséquence d’abord de l’économiser.
• Deuxième exemple : le traitement des déchets. Les mêmes causes produisant les mêmes effets nos
déchets sont confiés par les collectivités territoriales à des entreprises qui dans le cadre de contrats
lourds et contraignants s’obligent à fournir aux incinérateurs les millions de tonnes de déchets qui
seront brûlés. C’est un encouragement à les produire. La déresponsabilisation est totale, les
communes qui ont su échapper à cet engrenage, ont installé des systèmes de compostage de
méthanisation de valorisation pour n’avoir à traiter que 25 % des déchets produits.
Ces deux exemples montrent qu’il faut d’abord construire un nouveau mode de décisions qui consistera à
sortir d’un système pervers qui profite à des acteurs économiques et politiques – en anesthésiant
l’initiative des citoyens qui, il faut le dire, ne font pas beaucoup d’efforts.
Construire une démocratie écologique qui installe des organismes pérennes et transparents, des lieux
d’échanges et de décisions, des Français qui deviendraient écoresponsables.
Voilà ce qui serait un grand pas pour une planète durable.
Claude Dumont
PDG de Spas, société organisatrice du salon Marjolaine
Administrateur du WWF