Il n’est pas si fréquent que l’Etat soit placé sur le devant de la scène par les temps qui courent. C’est pourquoi la publication de deux rapports du Commissariat général du plan le 26 octobre, la veille de l’annonce par le premier ministre de son remplacement par un « centre d’analyse stratégique » placé directement auprès de Matignon, peut surprendre : ces rapports « testaments » concluent en effet à l’impossibilité de réussir un développement durable sans l’Etat.
Qui a la légitimité pour concilier les intérêts divergents de l’individu et de la collectivité et arbitrer entre le court et le long terme ? Qui peut tenir la balance égale entre le développement économique au prix du réchauffement de l’atmosphère et la protection de l’environnement au prix de la récession ? Qui peut fédérer les énergies des acteurs économiques et sociaux pour éviter aux générations futures pandémies et pollutions ? L’Etat et lui seul.
Reste que l’Etat français n’est pas encore bien avancé dans la voie du développement durable et qu’ » il y a le feu à la maison « , selon le mot de Jacques Chirac. C’est pourquoi le Plan a confié à deux groupes de travail le soin de proposer des réformes pour que l’horizon 2020 ne soit pas trop sombre. L’un des deux groupes s’est chargé de l’Etat face à lui-même, puisque, comme l’a souligné Alain Etchegoyen, commissaire au Plan, l’Etat » ne peut imposer aux autres ce qu’il ne s’imposerait pas à lui-même « ; l’autre a étudié les relations entre l’Etat et les entreprises privées. La posture que le premier préconise pour l’Etat est celle de » chef d’orchestre « . Il ne s’agit pas de lui donner une « teinture » de durabilité, mais de placer le développement durable au centre de la réforme et de l’action de l’Etat.
Comme l’a souligné son animateur, Alain Ayong Le Kama, ce groupe préconise essentiellement des réformes institutionnelles. Il souhaite la création d’une entité interministérielle indépendante placée sous l’autorité du premier ministre et suggère que ce soit le Commissariat du Plan qui soit investi de cette mission après absorption de l’actuelle délégation au développement durable. Une proposition qui rejoint le voeu d’un ancien commissaire au Plan, Jean-Baptiste de Foucault, de créer un » Commissariat général du Plan et du développement durable « , mais qui semble déjà mort-né après l’annonce le 27 octobre de la suppression du Commissariat. Deuxième proposition : confier à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) la charge d’établir des indicateurs de développement durable. Troisième proposition : transférer au Conseil économique et social la représentation de la société civile actuellement dévolue au Conseil national du développement durable (CNDD). […]
Source : Le Monde Economie du 01/11/2005
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Horizon 2020 : l’Etat face aux enjeux du développement durable