La « révolution écologique » du Grenelle de l’environnement est suspendue à l’arbitrage du président Nicolas Sarkozy sur plusieurs points polémiques, comme l’instauration d’une « taxe carbone » pour donner un prix à la pollution, ou la réduction des pesticides.
L’animateur et militant écologiste Nicolas Hulot a jugé le bilan du Grenelle « globalement positif » en quittant jeudi le ministère de l’Ecologie pour le palais de l’Elysée, où le chef de l’Etat doit annoncer vers 17h00 ses arbitrages. – Lire Sarkozy s’engage à étudier la création d’une taxe carbone « Un verrou a sauté », a -t-il estimé. « Je pense qu’on va enfin donner un prix au carbone: on le saura dans quelques minutes », a réaffirmé M. Hulot qui jeudi, avait évoque « des signaux » en ce sens. La « taxe carbone », considérée par les écologistes comme un « test » du succès du Grenelle de l’environnement, vise à « donner un prix » à la pollution de l’atmosphère, en taxant les produits en fonction de leurs émissions en dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre. Sur les pesticides, le bras de fer entre écologistes et représentants des agriculteurs a finalement été tranché au détriment du camp « vert ». Le texte final avalisé par le ministère de l’Ecologie évoque une réduction de 50% de l’usage des pesticides, mais sans date butoir, et conditionnée à la mise en place de « méthodes alternatives ». « Autant dire, rien », a résumé Marie-Christine Blandin, sénatrice Verte du Nord et coprésidente du groupe de travail sur la biodiversité. « Champagne pour la FNSEA: c’est quand on veut si on veut », a-t-elle ajouté. « Nous sommes satisfaits, car nous avons obtenu l’assurance de l’adoption d’une loi sur les OGM et d’un plan de réduction de l’utilisation des pesticides sans calendrier », a indiqué Pascal Férey, vice-président de la FNSEA. La France est le premier utilisateur de pesticides (herbicides, fongicides, insecticides) en Europe. La moitié des cours d’eau et près d’un tiers des nappes souterraines françaises contrôlées en 2004 étaient contaminées de façon significative par des pesticides, selon l’Institut français de l’environnement (Ifen). Ces substances chimiques sont fortement soupçonnées d’avoir des effets cancérigènes et sur la reproduction. Sur le dossier très conflictuel des OGM, le ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo a annoncé un gel des cultures de maïs génétiquement modifié jusqu’à l’examen d’une loi « dès janvier 2008 ». Le principe d’une loi réglementant les OGM en janvier a été entériné, de même que la mise en place d’une Haute autorité indépendante, a-t-il ajouté. Par ailleurs, le Grenelle a entériné le fort développement du « bio » dans l’agriculture française, dont la part devra passer à 6% de la surface cultivée en 2012 et 20% en 2020, contre 2% actuellement. Le bio doit aussi bénéficier d’un objectif de 20% des commandes publiques pour la restauration collective. Les modalités seront précisées dans la loi, les maires devant garder la compétence. Les défenseurs de la nature et du vivant ont été entendus avec la création d’une « trame verte » sur le territoire français, Outre-Mer compris, reliant les espaces naturels afin de faciliter la circulation des espèces sauvages, végétales et animales. Sur le projet controversé de mine d’or en Guyane sur la montagne de Kaw, une mission d’expertise devra rendre dans les prochains jours un rapport, avant une décision définitive. Le Grenelle a terminé jeudi après-midi ses travaux, à l’exception d’une dernière table ronde sur la démocratie écologique reportée à vendredi matin. Cette dernière table ronde doit notamment accroître la place des associations d’environnement dans les institutions (Conseil économique et social) et entreprises.