Les participants au « Grenelle de l’environnement » ont jusqu’à la fin du mois pour remettre leurs propositions. Les associations membres de l’Alliance pour la planète ont pu déjà présenter leurs mesures phares le 11 septembre dernier : Moratoire sur les cultures d’OGM en plein champ, diminution du recours aux pesticides, abandon de l’EPR, interdiction des ampoules à incandescence, promotion de l’agriculture biologique, politique d’agrocarburants responsable, promotion de la pêche durable sont quelques unes d’entre elles… De nombreuses réponses concrètes sont proposées, il faut dire que l’Alliance appelle à ce Grenelle depuis la campagne des élections présidentielles, Nicolas Sarkozy n’ayant fait que reprendre cette idée à son compte. Fondée en mars 2006, l’Alliance pour la planète rassemble plus de 70 associations et syndicats, qui représentent plus d’un million d’adhérents et agissent dans divers domaines : environnement, humanitaire, social, agriculture, sciences, droit, consommation, syndicalisme.
Le Grenelle de l’environnement : un moment de vérité pour l’écologie en France par Yannick Jadot (directeur des campagnes de Greenpeace France) et Daniel Richard (président du WWF France), porte-parole de l’Alliance pour la planète
Mai 1968, face à la crise sociale et sociétale qui met 9 millions de salariés en grève et des centaines de milliers d’étudiants dans la rue, le gouvernement Pompidou organise une négociation regroupant pouvoirs publics, syndicats et organisations patronales. Deux jours d’âpres négociations vont se conclure le 27 mai par les « accords de Grenelle ». Printemps 2007, l’Alliance pour la planète propose aux candidats à la présidentielle d’adapter la séquence : face à la crise écologique et à l’impasse dans laquelle nous conduit notre modèle de développement, organisons un « Grenelle de l’environnement » qui sorte la France de l’ornière écologique et l’engage sur la voie de l’excellence environnementale. Autrement dit un moment privilégié de négociations entre les principaux acteurs de l’environnement (État, collectivités territoriales, patronat, syndicats et associations écologistes), et surtout un moment de vérité sur les solutions aux grands défis environnementaux. Nicolas Sarkozy reprend l’idée à son compte et s’engage, dès le 21 mai, à faire du Grenelle de l’environnement « une négociation sur des mesures concrètes » et certainement pas « un énième colloque pour constater l’urgence écologique et constater qu’il faut agir ». L’ambition surprend, tant le programme écologique du candidat Sarkozy refusait de rompre avec les productivismes les plus anti-écolos : ceux du nucléaire, des autoroutes, de l’incinération, de l’agriculture ou des OGM. Le Grenelle doit d’abord être cette rupture, où le débat public et démocratique dépasse le constat et le diagnostic pour porter sur les solutions. Rupture difficile, tant le constat est aujourd’hui porteur de consensus, sur lequel s’appuient largement la communication politique et la communication d’entreprises qui inondent les médias. Tant les solutions, lorsqu’elles ont l’ambition de modifier en profondeur les modes de production, les modes de consommation et les modes de décision publique, sont, elles, porteuses de conflits d’intérêts, car elles remettent en cause des habitudes, des rentes, des intérêts bien compris. La négociation sera donc conflictuelle et constructive. Tant mieux ! Elle permettra de sortir des jeux de dupes, des exercices de communication qui ne visent qu’à maintenir le statu quo. « Ensemble tout devient possible » proclamaient les affiches du candidat Sarkozy. C’est malheureusement faux en matière d’environnement. Entre les OGM et le bio, de nouvelles autoroutes et plus de ferroviaire et de transports en commun, un EPR et des économies d’énergies ou des renouvelables, des incinérateurs et le tri sélectif, il va falloir choisir. L’Alliance pour la planète a choisi. Forte de son expérience nationale et internationale, de son expertise, des combats menés depuis plusieurs décennies parfois, et des centaines de milliers d’adhérents que comptent ses membres, elle a développé, sur tous les grands domaines environnementaux, les propositions à même de faire face à la crise environnementale. L’objectif de l’Alliance pour la planète dans ce Grenelle est aussi de convaincre que nos solutions sont économiquement, socialement et démocratiquement les meilleures ! Nous y participons donc de manière structurée, positive et constructive. Sans naïveté et avec vigilance, attentifs à ce que l’exercice ne soit pas détourné de son objectif initial, qu’aucun tabou ni qu’aucune complaisance ne surgissent, sur aucun sujet essentiel. Le Grenelle de l’environnement est un moment unique. Il ne sera pas question d’évaluer le résultat du Grenelle par rapport au statu quo, parfaitement inacceptable. Pas question non plus d’un grand compromis sur des réponses tièdes, prétendument consensuelles parce qu’elles ne changent rien. Pas question de troquer du climat contre de la biodiversité, de la santé contre de la démocratie. La crise est globale. La réponse doit l’être également. C’est seulement au regard de la qualité et de l’ambition de la plate-forme de mesures négociées, de leur capacité à répondre aux enjeux environnementaux que nous jugerons le Grenelle. L’Alliance pour la planète jouera pleinement son rôle pour que cette ambition se concrétise.Les propositions du groupe de travail 1 : Energie et Climat
En 2007, lors des Conseils européens des 8 et 9 mars, la France s’est engagée dans le cadre de l’Union européenne, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % d’ici 2020, à diminuer de 20 % sa consommation d’énergie et à développer les énergies renouvelables à hauteur de 20 % du mix énergétique. D’autre part, en 2005, la France s’est engagée à diviserpar 4 ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. C’est ce que l’on appelle le facteur 4. Il est techniquement et économiquement possible d’atteindre ce facteur 4, à condition de modifier radicalement la façon dont nous produisons et consommons l’énergie. La sobriété (réglementation thermique des bâtiments neufs et anciens), l’efficacité énergétique (interdiction des appareils énergivores) et le développement des renouvelables sont reconnues comme étant les trois axes majeurs. Pour tenir compte de ce double cadre et jouer son rôle au sein de l’Union européenne, la France doit donc redéfinir sa politique énergétique. Le développement des agrocarburants de première génération, moins émetteurs de gaz à effet de serre que le pétrole, doit être limité car ils représentent, à ce niveau de la recherche, une « fausse bonne » solution. Les mesures proposées par l’Alliance pour la planète répondent, dans le respect de l’environnement et à niveau constant de qualité de vie, à ce challenge. Elles forment un tout cohérent à la hauteur des enjeux et aux plus values socio-économiques indéniables. Parmi les mesures proposées : la fin du tout nucélaire, l’efficacité énergétique des bâtiments, l’interdiction des appareils qui gaspillent de l’énergie et une nouvelle fiscalité de l’énergie. – Téléchargez les propositions du groupe de travail 1 : Energie et ClimatLes propositions du groupe de travail 2 : Biodiversité
Surpêche, pêche pirate, pollutions chimiques et sonores, mais aussi dans les forêts coupe à blancs, exploitation illégale, braconnage, prospection minière compromettent l’existence sur terre et en mer de très nombreuses espèces de faune et de flore. Selon la FAO, un tiers des ressources halieutiques sont surexploitées et la moitié sont déjà exploitées au maximum… Les forêts, sont quant à elles amputées chaque année de 7 millions d’hectares. Si forêts et océans sont les réservoirs de biodiversité de la planète, ils jouent aussi un rôle fondamental dans la régulation du climat et constituent une ressource alimentaire ou un cadre de vie pour des milliards d’habitants. Parmi les mesures proposées : une gestion durable de la pêche, Consommation du bois issu de forêts bien gérées, … – Téléchargez les propositions du groupe de travail 2 : BiodiversitéLes propositions du groupe de travail 3 : Santé et environnement
Le constat est sévère : les ressources les plus fondamentales, eau, air, nourriture, habitat, nécessaires à la vie, sont contaminées par des pollutions diverses, qui altèrent la santé de tous les organismes vivants à court, moyen ou long terme. La santé humaine est directement liée à celle de l’écosystème : l’homme ne peut être en bonne santé sur une planète malade. Parmi les mesures proposées : mettre en place les outils d’une véritable politique de santé environnementale, appliquer le principe de précaution aux nanotechnologies, Réduire de 25 % en 5 ans l’utilisation des pesticides, diminuer leur dangerosité et améliorer les pratiques afin de réduire l’impact sur la santé et l’environnement, réduire les déchets et instaurer un moratoire sur la construction de nouveaux incinérateurs, une nouvelle loi sur la qualité de l’air. – Téléchargez les propositions du groupe de travail 3 : Santé et environnementLes propositions du groupe de travail 4 : Agriculture
Pollution chronique des eaux, de l’air et des sols, émissions croissantes de gaz à effet de serre, appauvrissement du tissu rural, dépendance aux aides des exploitants agricoles… Les dégradations environnementales et sociales issues de la transformation de l’agriculture après la seconde guerre mondiales sont aujourd’hui préoccupantes. Cependant, les politiques agricoles continuent de privilégier un système très consommateur en intrants, à forts volumes de production et à vocation exportatrice, au détriment de modes de production moins polluants et plus économes. D’autres enjeux décisifs attendent par ailleurs l’agriculture dans les vingt prochaines années : crise climatique, crise énergétique, crise alimentaire, crise sanitaire. Pour répondre à tous ces défis, nous avons besoin d’une agriculture propre, productive et rémunératrice, citoyenne et solidaire. Cette agriculture recouvre des pratiques diverses, production intégrée, agriculture biologique, agriculture paysanne, qui sont toutes adaptées à leur environnement et reconnues par la FAO comme pouvant nourrir l’ensemble de la population mondiale. L’objectif : 100 % d’agriculture durable en 2020. Parmi les mesures proposées : réduire le recours aux pesticides, 30 % d’agriculture biologique en 2020, un moratoire sur les OGM, une politique d’agrocarburants responsable, – Téléchargez les propositions du groupe de travail 4 : AgricultureLes propositions du groupe de travail 5 : Gouvernance
En France comme ailleurs, les modes de production et de consommation jouent un rôle essentiel dans l’état de la planète. De nombreuses entreprises se sont engagées dans des démarches de progrès visant à mieux intégrer l’impact environnemental de leur activité. Cependant, pour beaucoup de citoyens, l’activité économique reste synonyme de destruction de l’environnement. Dans une enquête TNS sur les Français et l’environnement (06/04/2006), seuls 5 % des Français répondaient faire confiance à l’entreprise pour protéger l’environnement. Il faut que les choses changent et encourager une réconciliation entre l’activité économique et la préservation de la planète. Parmi les mesures proposées : renforcer le cadre d’information concernant la responsabilité sociale des entreprises, responsabiliser les entreprises françaises face aux dommages environnementaux commis en France et à l’étranger, la réforme de la régulation de la publicité. – Téléchargez les propositions du groupe de travail 5 : GouvernanceLes propositions du groupe de travail 6 : Modes de développement
Le SRIES, Système de recherche innovation de l’ enseignement supérieur français, souffre, par rapport aux principaux pays développés, d’un retard alarmant dans la plupart des domaines scientifiques relatifs à l’environnement, au développement durable et à la santé environnementale. La recherche est en France presque exclusivement conçue comme un outil au service de l’amélioration de la compétitivité. Les réformes récentes ont principalement mis l’accent sur le renforcement du couplage entre recherche, enseignement supérieur et industrie. Cette conception peut présenter des dérives néfastes pour l’environnement, d’une part parce qu’elle néglige les besoins sociétaux non marchands de recherche et d’innovation, d’autre part parce qu’elle encourage indistinctement toute innovation industrielle sans condition de durabilité. Faire face à la crise écologique implique une vaste mobilisation des savoirs et des énergies créatrices dans l’enseignement supérieur, dans la recherche publique et la recherche privée, mais aussi plus largement dans l’ensemble de la société. L’enjeu des mesures proposées par l’Alliance pour la planète est de doter la France d’une politique universitaire, scientifique et technologique ambitieuse du point de vue du développement durable. Ce qui suppose : • d’investir massivement dans la recherche publique et l’enseignement supérieur dans les domaines liés à l’environnement et l’écologie, le développement durable, la santé environnementale et l’évaluation des choix technologiques ; • de réformer tous les dispositifs de soutien à l’innovation industrielle dans le sens de l’excellence environnementale et de la durabilité. – Téléchargez les propositions du groupe de travail 6 : Modes de développement
Grenelle de l’environnement : les mesures de l’Alliance pour la Planète
l’Alliance dit : » Il est techniquement et économiquement possible d’atteindre ce facteur 4, à condition de modifier radicalement la façon dont nous produisons et consommons l’énergie. La sobriété (réglementation thermique des bâtiments neufs et anciens), l’efficacité énergétique (interdiction des appareils énergivores) et le développement des renouvelables sont reconnues comme étant les trois axes majeurs. » mais beaucoup pensent le contraire : que ces axes sont des pistes certes mais des pistes insuffisantes pour aller au facteur 4.
Grenelle de l’environnement : les mesures de l’Alliance pour la Planète
Bonjour,
Je trouve qu’il est excellent de prendre enfin des mesures nationales et internationales pour à propos des problèmes climatiques, de pollutions et autres.Mais il me semble qu’une source majeure de détérioration passe complètement sous silence.Il s’agit de l’extraction du pétrole!
Voici plus d’un siècle qu’on pompe des milliards et des milliards de tonnes de pétrole: matière organique et pesante qui non seulement part en fumée , mais qui en même temps destabilise le poids et donc le centre de gravité de la terre!
A mon sens c’est l’axe de la terre qui est en train de se déplacer et qui provoque tous ces changements climatiques avec les dégats qui s’ensuivent. Les pays à climats tempérés découvrent des températures hautement élevées et des villes comme New -york connaissent comme l’hiver dernier des blizzards tels qu’en Sibérie!
Alors quoi? Allez-vous laisser ce domaine sous silence pour complaire aux grands trusts pétroliers?
Danature