Danielle Nierenberg est chercheur senior à l’Institut Worldwatch, une organisation environnementale basée à Washington, DC. Elle voyage actuellement à travers l’Afrique subsaharienne évaluant des solutions durables pour l’environnement dans la lutte contre la faim et la pauvreté. Cette étude aboutira avec la sortie de L’état du monde 2011 : Des innovations qui nourrissent la planète. A suivre sur CDURABLE.info … chaque semaine une nouvelle initiative pour nourrir la Planète.
Cette semaine, Danielle Nierenberg nous écrit de la Gambie pour partager avec nous une innovation qui va améliorer l’accès à l’eau – un luxe que de nombreux ménages ruraux en Afrique sub-saharienne n’ont pas. Des technologies, abordables grâce à l’organisation International Development Enterprises (IDE), telles que la pompe à pédale et la pompe à corde, améliorent les moyens de subsistance des agriculteurs fournissant un moyen d’irrigation et un accès fiable à l’eau dans les pays africains qui luttent contre la sécheresse. En 1999, quand il a acheté sa première pompe à pédale, Robert Mwanza, un agriculteur à Lusaka, en Zambie, avait du mal à joindre les deux bouts et était sans accès fiable à l’eau. Comme son pays doit faire face à la sécheresse et à la faiblesse économique, Robert n’a pas de ressources nécessaires pour irriguer sa ferme et « ne pouvait pas cultiver assez pour manger et encore moins pour vendre. » L’accès à l’eau est un luxe que de nombreux ménages ruraux, en particulier en Afrique sub-saharienne, n’ont pas. Les agriculteurs doivent souvent faire des voyage de longues distances pour chercher de l’eau dans un cours d’eau ou un puits public, rendant impossible l’irrigation des cultures ou l’accès à l’eau pour la cuisine et le bain. Mais des technologies abordables, comme la pompe à pédale (une pompe à pied qui se trouve sur le dessus d’un puits et irrigue des petites parcelles de terres), la pompe à corde (une alternative à la pompe à pédale alimentée manuellement) et une variété de systèmes de stockage de l’eau (en plastique et utilisées comme sources de gicleurs ou de systèmes d’irrigation par goutte à goutte), changent tout cela. Les systèmes sont développés et soutenu par International Development Enterprises (IDE), une organisation qui travaille à améliorer les moyens d’existence des agriculteurs dans 13 pays en Asie et en Afrique grâce à l’amélioration technologique de l’agriculture et de l’accès au marché. Voir aussi : – Trop d’exploitation d’une bonne chose – Combattre l’érosion du sol pour améliorer la production, les revenus et la nutrition – L’innovation persistante : Un fermier enseigne par l’exemple. IDE rend l’irrigation plus efficace en combinant une technologie conçue spécialement pour répondre aux besoins de petits agriculteurs avec du personnel de soutien sur le terrain pour assurer la formation et l’éducation. Ceci permet aux agriculteurs de développer leurs exploitations, de nourrir leurs familles et de dégager un profit par la vente de cultures excédentaires. Après seulement deux ans d’une meilleure irrigation fournie par une pompe à pédale, Robert Mwanza a augmenté sa production de légumes pour nourrir sa femme et ses huit enfants. Il a également gagné assez d’argent pour acheter une pompe supplémentaire, doublant ainsi la superficie des terres qu’il pouvait irriguer. Il a recruté son frère, Andrew Mwanza, pour travailler sur la pompe supplémentaire et en trois ans, avec l’aide du personnel de terrain IDE, Robert a commencé à vendre ses produits à Agriflora, une société qui exporte des légumes de haute qualité en Europe. Maintenant, les deux frères cultivent assez de légumes pour pouvoir se permettre d’ajouter un moteur à essence à la pompe de 750 $, ce qui réduit le travail nécessaire pour augmenter la production. Pour en savoir plus sur l’importance d’obtenir de l’eau pour les cultures, ainsi que d’autres exemples d’innovations qui aident les agriculteurs, consultez : – L’innovation de la semaine : récupération de l’eau – Altération de la famine – L’innovation persistante : un agriculteur prêche par l’exemple. – Photo : IDE. Les pompes à pédale sont des pompes à pied posées sur le dessus d’un puits permettant d’irriguer de petites parcelles de terre. – Plus de photos dans la Galerie de Nourrir la PlanèteNourrir la Planète : Evaluation des solutions durables pour l’environnement afin de réduire la faim dans le monde et la pauvreté en milieu rural
Un projet du Worldwatch Institute soutenu par la Fondation Bill & Melinda Gates Le développement agricole arrive à un carrefour. Près d’un demi-siècle après la Révolution Verte – la première tentative systématique à grande échelle pour réduire la pauvreté et la faim dans le monde – une grande partie de la famille humaine souffre encore de la faim. Dans le même temps, les investissements dans le développement agricole par les gouvernements, les banques internationales et les fondations sont à leur plus bas niveau historique. Ceci ne pouvait arriver à un plus mauvais moment. La complexité des forces démographiques, économiques et naturelles concourent à rendre plus difficile le défi pour réduire la faim. Ceux-ci incluent la hausse vertigineuse des prix du pétrole et des denrées alimentaires ainsi que le changement climatique et la persistance d’accords commerciaux injustes. Cependant, cette crise nous donne l’opportunité de recentrer l’attention de l’opinion publique sur les ressources alimentaires, l’agriculture et les zones rurales. De façon globale, il s’agit de redonner priorité à la sécurité alimentaire. Dans les prochaines années, les preneurs de décision et les donateurs vont à nouveau attribuer des fonds au développement agricole, ces derniers auront donc grand besoin d’être conseillés. Durant des dernières décennies, a émergé une nouvelle génération d’approches innovantes pour soulager la faim. Celles-ci proviennent de communautés de fermiers, d’organisations bénévoles privées, d’universités et de compagnies agro-alimentaires. La plupart de ces approches offrent des modèles utiles pour des projets à grande échelle. Cependant, il semble de plus en plus évident que combiner les approches (techniques conventionnelles combinées à des approches agro-écologiques ou des méthodes d’auto-évaluation protégeant les ressources naturelles) est plus efficace en termes de productivité, de revenu et de durabilité. Le projet Nourrir la Planète établira une évaluation des nouvelles techniques agricoles – des méthodes de récoltes aux technologies d’irrigation et aux politiques agricoles – en mettant l’accent sur le développement durable, la biodiversité, la santé des écosystèmes ainsi que la productivité. Le projet a un double but : celui d’informer sur les efforts mondiaux pour éliminer la faim et celui de promouvoir ces efforts. Le projet étudiera également les infrastructures institutionnelles nécessaires à chacune des approches, en suggérant les investissements complémentaires pouvant contribuer au leur succès – des banques de semences locales aux installations de traitement et aux bureaux de marketing. Le projet aboutira à la parution de State of the World 2011, un rapport complet sur la situation de l’agriculture ainsi que des documents d’informations dérivés, des résumés, des vidéos et des podcasts. Ce rapport fera office de guide pour les fondations, et les donateurs désirant soutenir les actions les plus efficaces dans le domaine de l’agriculture, dans des contextes agro-écologiques et socio-économiques divers. Les conclusions de ces recherches seront mises à la disposition des nombreux milieux influents dans le domaine agricoles, y compris les ministères des gouvernements, les décideurs en matière de politiques agricoles ainsi que les communautés de fermiers et les organisations non-gouvernementales dans le domaine de l’environnement (dont l’influence va en s’accroissant). Mettant l’accent sur les recherches de terrain, la co-directrice du projet Danielle Nierenberg est actuellement en déplacement en Afrique sub-saharienne afin de rencontrer des fermiers et communautés de fermiers, des représentants de gouvernements locaux, des donateurs et des organisations non-gouvernementales.