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Alternatives Internationales N°48 - Septembre 2010

Savons-nous tirer les leçons des catastrophes ?

Tremblements de terre, inondations, marées noires… Face à des tragédies qui font des victimes par centaines de milliers, les sociétés s’indignent puis semblent se résigner. Pourtant, qu’ils soient d’origine naturelle ou humaine, ces risques peuvent être analysés, souvent anticipés et parfois prévenus. Un dossier éclairant à découvrir dans le numéro 48 d’Alternatives Internationales en kiosque depuis cette semaine.

Yann Mens qui signe ce dossier explique : « Maisons bâties dans des zones inondables ou menacées par des glissements de terrain, systèmes de sécurité insuffisants sur des plates-formes pétrolières ou défaillants dans des usines chimiques, digues vieilles et mal entretenues, etc. Qu’elles soient provoquées à l’origine par la nature ou résultent de la seule action de l’homme, les catastrophes sont de terrifiants révélateurs des vulnérabilités de nos sociétés. Et notamment des déficiences de leurs systèmes politiques. Aux premiers jours des gigantesques inondations d’août dernier au Pakistan, des villageois refusaient de quitter leur maison menacée par les eaux parce qu’ils n’avaient pas confiance dans les autorités qui le leur conseillaient. Une telle défiance vis-à-vis du gouvernement était antérieure à la tragédie, celle-ci n’a fait que la rendre palpable. De la même manière, les drames peuvent grossir encore les traits des pouvoirs les plus mal préparés à les affronter. En même temps que les inondations endeuillaient le Pakistan, d’impressionnants incendies ravageaient la Russie. Et le gouvernement de Vladimir Poutine ne trouvait rien de mieux à faire que d’imposer l’omerta sur la situation sanitaire réelle du pays, dévoilant à l’opinion publique l’envers inquiétant de sa mâle assurance. Mais les élans d’indignation que provoquent les catastrophes, – et tous les manquements qu’elles dévoilent – durent-ils ? Passé le temps des secours d’urgence et des solennels « plus jamais ça », le quotidien ne reprend-il pas vite ses droits et sa priorité? Dans quelles conditions, nos sociétés savent-elles tirer, sur le long terme, les enseignements nécessaires pour éviter que d’autres tragédies se produisent ? Certes, il est préférable d’être riche pour se protéger au mieux des catastrophes, car la prévention a un coût que nombre de pays en développement peinent à supporter. Mais la puissance de l’argent n’est pas une garantie suffisante, comme le prouvent les Etats-Unis, frappés, bien avant celle de Louisiane, par des marées noires de grande ampleur. Et si la démocratie peut aussi être un atout, son tempo électoral se prête mal aux travaux de prévention de longue haleine alors que de multiples autres défis se présentent au quotidien. Surtout, la délibération exige, pour aller au-delà d’une simple consultation de façade, que des citoyens soient assez nombreux à rester durablement mobilisés. Et qu’ils soient capables d’acquérir une expertise suffisante pour pouvoir réellement dialoguer avec les représentants de l’Etat comme avec ceux du secteur privé ». Au sommaire de ce dossier :
  • Exxon-Valdez: se passer du pétrole ou affronter les tragédies. Les marées noires se suivent et ne se ressemblent pas. Si des études sont indispensables pour évaluer les dégâts, elles ne permettent pas d’anticiper les effets de catastrophes ultérieures. Et leur financement est controversé.
  • Bhopal: selon que vous serez puissants ou miséreux. Le 27 mai 2008, un gaz toxique, la chlorine, ayant fui inopinément d’un réservoir entreposé dans l’usine automobile de Jamshedpur, à l’ouest de Calcutta, provoqua de sérieux troubles respiratoires chez des centaines de salariés et de riverains, dont plus de 150 furent hospitalisés. L’opinion publique craignit la répétition de la catastrophe industrielle de Bhopal survenue en 1984. …
  • Chine: séismes: et pourtant, ils savaient. Régulièrement confronté à des séismes meurtriers, Pékin a abandonné trop vite – par idéologie et au profit d’experts – un système d’alerte efficace, qui s’appuyait sur une population formée à la détection d’indices avant-coureurs.
  • AZF: un débat technique qu’il faut démocratiser. La loi Bachelot de 2003 innove dans la gestion du risque industriel, avec l’ambition d’associer partout industriels et habitants, pour des études au cas par cas, et des moyens coercitifs inédits. Mais son application est d’autant plus complexe.
  • Nous connaissons mal nos vulnérabilités. Des secteurs comme l’aviation montrent que la prévention marche, mais l’horizon électoral pousse les leaders politiques à se préoccuper des défis du quotidien plutôt qu’à anticiper les effets de catastrophes toujours hypothétiques.

Également au sommaire de ce numéro

  • Le pouvoir des vieux. Économie, politique, culture et société… Les plus de 60 ans sont un marché et un électorat non négligeables dont l’influence va croissant. Mais au Nord comme au Sud, s’ils se soucient de leurs intérêts, ils sont avant tout solidaires de leurs descendants.
  • Volontariat : partir pour aider le Sud. Le volontariat de solidarité internationale répond surtout à une demande des sociétés du Nord. Une bonne volonté inefficace, voire destructrice, quand elle est fondée sur une vision descendante ou erronée des besoins du Sud. Mais avec la conscience que l’on a plus à apprendre qu’à donner peut émerger une coopération plus pertinente.
  • Obama et l’écueil des « midterm ». Barack Obama risque fort de perdre en novembre sa majorité, au Sénat et chez les représentants. Il pâtit de la crise économique dans un pays sidéré par l’ampleur des dégâts sociaux et qui attend la reprise promise.
  • Développement : comment mieux aider le Sud ? 126 milliards de dollars. C’est le montant de leur aide publique au développement (APD) que les pays riches ont annoncé pour 2010, soit 0,32% de leur richesse nationale.
  • Darfour: la Cour pénale internationale se trompe par Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, est professeur associé à l’Institut d’études politiques (Paris) et membre du Crash, Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires de Médecins sans frontières.
  • Frontex: et les frontières seront bien gardées ? Aux frontières extérieures de l’UE, une agence met en œuvre la politique communautaire de refoulement, parfois en violation des droits des réfugiés. De leur côté, les États membres font pression sur les pays d’émigration.
  • « L’Union doit se doter de règles souples ». Entretien avec Ferruccio Pastore, juriste Directeur du Forum international et européen de recherche sur l’immigration (FIERI, Turin). Les Européens ne pourront pas se passer de travailleurs étrangers. Mais sur fond de crise économique, les Etats voudraient choisir ceux qu’ils accueillent et n’entendent pas confier au niveau communautaire le soin de déterminer leur politique d’immigration.

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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