Le profond mal-être des agriculteurs et agricultrices s’expriment par des manifestations en France et en Europe. Ils demandent à pouvoir vivre dignement de leur travail. Une revendication plus que légitime. France Nature Environnement dévoile ses 15 propositions pour sortir de la crise, fondées sur l’agroécologie et une meilleure rémunération des agriculteurs et agricultrices.
Des décennies de politiques agricoles libérales et de soutien au modèle agro-industriel majoritaire ont mené à des revenus structurellement bas, où la valeur ajoutée est captée par les intermédiaires au détriment des agriculteurs et agricultrices.
Ce modèle repose sur l’exploitation des ressources et des femmes et hommes qui travaillent pour produire toujours plus dans des conditions de vie dégradées, où ils sont surendettés et sous-rémunérés.
Aujourd’hui ce modèle est à bout de souffle, et détruit les écosystèmes nécessaires à l’agriculture de demain. On le voit avec cette crise qui se déroule en ce moment-même sous nos yeux.
La FNSEA a dévoilé sa liste de revendications. Face à ces demandes inquiétantes, qui ne feraient qu’aggraver la situation que traverse actuellement le secteur de l’agriculture, France Nature Environnement préconise 15 propositions issues du modèle de l’agroécologie, pour sortir de cette crise.
Le gouvernement doit proposer un cap clair, pour aller vers une agriculture paysanne et agroécologique soutenue par de nombreux agriculteurs et agricultrices sur des fermes à taille humaine, produisant une alimentation sûre, diversifiée, durable et de qualité qui nourrisse réellement la population et assure un revenu décent aux personnes qui la produisent.
FNE
Le modèle agro-industriel majoritaire est à bout de souffle : il surexploite les ressources (eau, énergie, intrants, sols) et les personnes qui travaillent pour produire toujours plus dans des conditions de vie dégradées, où elles sont surendettées et sous-rémunérées. Il est l’une des causes majeures de la dégradation de notre environnement (climat, biodiversité, eau, sol et air), alors que la production alimentaire a absolument besoin de ces ressources naturelles.
Cela se traduit par une baisse drastique du nombre d’agriculteurs et agricultrices au profit de l’agrandissement et la surcapitalisation des fermes restantes, rendues difficilement transmissibles. Cela accentue la spécialisation, rompt le lien entre le monde agricole et le territoire qu’il occupe et compromet la souveraineté alimentaire.
Pourtant, des alternatives existantes ont fait leurs preuves : l’agroécologie paysanne et l’agriculture biologique redéfinissent notre rapport au vivant et répondent efficacement aux enjeux de climat et de biodiversité, tout en assurant la souveraineté alimentaire.
France Nature Environnement liste 15 propositions pour accélérer la transition vers une agriculture respectueuse du vivant et assurant une juste rémunération aux agriculteurs et agricultrices.
- Lutter contre l’accaparement des terres et la concentration foncière
- Augmenter le nombre de fermes pratiquant l’agroécologie paysanne ou l’agriculture biologique
- Le renouvellement des générations agricoles doit être l’occasion d’installer des porteurs de projets agroécologiques.
- Conditionner les aides à l’installation aux pratiques agroécologiques
- Aller vers la sortie des pesticides de synthèse
- Les plans Ecophyto successifs n’ont pas permis d’engager la réduction de l’usage de pesticides en France, qui a même augmenté de 13% durant les 10 premières années du plan Ecophyto (2009-2019) malgré les quelques 500 M€ mobilisés. Pourtant, des scénarios montrent qu’il est possible de nourrir la population en se passant des pesticides.
- Protéger et partager la ressource en eau dans un objectif de sobriété et de souveraineté alimentaire
- Face à une ressource en eau qui se raréfie, il faut adapter la demande d’eau à l’offre et non essayer de faire l’inverse.
- Maintenir et reconquérir la qualité des sols
- Reconnaître et soutenir financièrement les Organismes Nationaux à Vocation Agricole et Rural (ONVAR) et les organisations paysannes
- Défendre au niveau européen un encadrement des NTG au même niveau que les OGM
- Sortir de la production animale industrielle et soutenir l’élevage paysan
- Accompagner la réduction de la consommation de viande
- Promouvoir l’alimentation en circuit court et de proximité
- Accélérer la transition de la restauration collective
- Encadrer les stratégies des acteurs privés pour rendre l’environnement alimentaire compatible avec la transition du système agricole et alimentaire
- Permettre un accès digne de toutes et tous à une alimentation durable et saine
- Refuser les accords de libre-échange qui imposent une concurrence déloyale aux agriculteurs et agricultrices
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