Le courant ne passe plus entre les géants de l’industrie pétrolière et les opposants à l’exploitation du gaz de schiste. Retour sur les dernières évolutions de ce débat explosif.
Arrêt provisoire Il y avait foule ce week-end à Villeneuve-de-Berg, commune de 3 000 habitants du sud de l’Ardèche. Entre 10 000 et 20 000 personnes (l’éternelle guerre des chiffres entre manifestants et police) se sont réunies pour protester contre le projet d’exploitation de gaz de schistes dans la région. Depuis quelques mois, l’opposition ne cesse de croître contre ce mode d’exploitation jugé très néfaste pour l’environnement. Avec, en tête de file, José Bové, député européen Europe Ecologie Les Verts. Les présidents des cinq régions concernées, Ile de France, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Paca et Rhône-Alpes, ont demandé, le 17 février, l’annulation des permis d’exploration de gaz de schiste accordés sur leurs territoires. Ils ont été rejoint par la Fédération des parcs naturels régionaux qui conteste les projets d’exploitation concernant 7 parcs régionaux. Elus et citoyens de tous bords ont rejoint la marche, forçant la Ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, à annoncer la suspension des travaux d’exploration et le lancement d’une mission d’évaluation sur les dangers des gaz de schiste. Cette dernière devrait rendre ses travaux en juin prochain, après la période cruciale des élections cantonales. Les zones concernées En France, 17 permis de prospection ont été accordés, concernant à la fois le gaz de schiste et l’huile de schiste. Les premières zones s’étendent du Nord de Montélimar jusqu’en Hérault, et l’Aveyron. Elles traversent les départements de l’Ardèche, de la Drôme et du Gard. D’autres permis ont été accordés dans le Lot, couvrant une partie du département de Tarn-et-Garonne. Le Vaucluse, l’Ile de France et la Picardie sont également concernés. Découvrez la carte des gaz de schistes en France sur le site de 20 minutes Les risques liés à cette exploitation Le gaz et l’huile de schiste, sont respectivement une forme de gaz naturel et de pétrole, mais au lieu d’être contenus dans des poches géologiques comme les hydrocarbures dits conventionnels, ils se trouvent disséminés dans la roche (le schiste). Pour faire remonter le gaz de schiste, on réalise un forage vertical de deux ou trois kilomètres puis à l’horizontale, grâce auquel on provoque dans les sous-sols des microséismes par explosion puis injection d’eau sous haute pression mélangée à un cocktail de centaines de produits chimiques. On appelle cela la fracturation hydraulique. Cette technique comporte de nombreux risques environnementaux :- L’impact sur le paysage, d’abord : sachant que les puits s’épuisent rapidement, il faut régulièrement en forer de nouveaux. On peut ainsi en trouver tous les 500 mètres !
- L’exploitation de ces gisements serait à l’origine de fuites de gaz dans l’atmosphère. Ces fuites, comportant du méthane, auraient un pouvoir réchauffant 21 fois supérieur à celui du CO2. L’incidence sur le réchauffement climatique serait donc importante.
- Autre problème majeur, celui des nappes phréatiques. La technique de fracturation hydraulique peut renvoyer de l’eau avec des produits chimiques dans les nappes, ainsi que des quantités de gaz importantes. C’est le premier risque avéré puisque celui-ci est déjà visible aux Etats-Unis.
- Premier réflexe, signer la pétition «Gaz de schistes : non merci», pour réclamer un moratoire immédiat sur l’exploitation des gaz de schistes en France.
- Sur les territoires concernés, José Bové recommande la constitution de collectifs et la mise en place de comités territoriaux afin d’organiser la résistance au niveau local.