Le Forum Mondial de l’Eau – rassemblement mondial des décideurs politiques, des dirigeants d’entreprises et de la société autour de l’eau et de ses enjeux – qui se tiendra à Marseille du 12 au 17 mars 2012, témoigne de l’attention et de l’implication croissante des parties prenantes dans la gestion de cette ressource vitale. Avec un déséquilibre de 40% entre l’offre et la demande mondiale en eau douce d’ici 2030 (Source : CERES, 2011), sa disponibilité sera, selon la Banque Mondiale, l’un des facteurs limitant le développement économique durant les prochaines décennies. La perspective de conflits d’usages entre les différentes parties prenantes amène aujourd’hui les entreprises à intégrer la gestion de cette ressource et des risques associés – physiques, juridiques et de réputation – comme un élément de leur stratégie et un facteur de compétitivité à part entière.
Dans ce cadre, le cabinet Deloitte et l’association EpE (Entreprises pour l’Environnement) ont mené conjointement l’étude « L’entreprise et l’eau : vers une gestion responsable ». Révélant les stratégies des entreprises, tous secteurs d’activités confondus (CAC 40, SBF 120…) en matière d’actions liées à sa préservation et de gestion des risques liés à ses usages, cette étude a permis la formulation par Deloitte et EpE de recommandations dédiées aux entreprises qui souhaitent s’engager dans cette voie. Les entreprises et l’eau : contraintes et empreintes Face à une contrainte croissante sur leur usage de l’eau, physique ou réglementaire, les entreprises, dans un cadre réglementaire variable, sont interpelées sur leur empreinte eau qui peut recouvrir des notions variées : prélèvements sur la ressource, consommations liées à leurs process de production ou aux process de leurs fournisseurs, rejets et rejets des utilisateurs de leurs produits… Certaines ont développé des dispositifs de mesure de ces empreintes eau puis des pratiques de réduction dans les sites les plus sensibles : – Gestion locale et/ou politique de groupe, – Dialogue avec les parties prenantes, – Innovation au service de l’économie en eau, – Mesure et comptage de l’eau, – Gestion des consommations énergétiques pour réduire les besoins d’eau de refroidissement, – Analyse du coût global d’usage de l’eau. Communication des entreprises sur la gestion de leurs risques liés à l’eau : de la sensibilisation à la formulation de politiques et d’engagements. Bien que ces pratiques tendent à se diffuser et que le reporting extra-financier et la publication d’indicateurs de développement durable aient pris une importance croissante dans la communication officielle des entreprises, celle sur l’eau reste limitée et difficilement exploitable : Seules 41% des entreprises étudiées par Deloitte et EpE (68 au total) établissent un rapport sur les risques liés à leur usage de l’eau, physiques, réglementaires ou de réputation. Parmi elles, moins de 10% intègrent ces trois types de risques dans leur rapport, et 32% mentionnent au moins deux de ces risques. Les types de risques les plus souvent identifiés par les entreprises : – 64% des entreprises identifient les risques physiques, principalement liés aux installations en zone de stress hydrique, – 54% d’entre elles mentionnent les risques réglementaires et de litiges, majoritairement liés aux rejets aqueux et aux pollutions accidentelles, – 28% des entreprises prennent en compte les risques de réputation. Parallèlement, les entreprises communiquent très variablement sur leur gestion de l’eau et formulent divers types d’engagements et d’objectifs auprès des parties prenantes :- Moins de 12% décrivent une démarche structurée dédiée à la gestion de l’eau : identification de l’ensemble des contraintes et des besoins locaux, définition de zones géographiques ou d’axes prioritaires pour une gestion responsable de l’eau, identification et partage des bonnes pratiques mises en œuvre au niveau des sites, etc.;
- Plus de 58% formalisent des engagements en faveur d’une gestion responsable de l’eau accompagnée d’objectifs chiffrés : rationalisation de l’utilisation de l’eau, dialogue avec les parties prenantes…;
- Plus de 95% communiquent sur des initiatives menées ponctuellement et des innovations technologiques intégrées sur certains de leurs sites : circuits en boucle fermée, récupération des eaux de pluie, contrôle strict des émissions dans l’eau, mise en place de stations de traitement…
- la mesure et la valorisation de l’empreinte et de la contrainte eau via une cartographie des risques liés à l’eau, une évaluation de son empreinte eau et une estimation des coûts liés à l’eau,
- le dialogue avec des parties prenantes choisies, sur le diagnostic, les plans d’action et les indicateurs de suivi,
- la définition des priorités et d’un plan d’action cohérent avec les autres démarches de l’entreprise, prenant en compte les synergies possibles avec les autres plans d’action de l’entreprise (stratégie carbone, démarche qualité…),
- la mobilisation des opérationnels sur le long terme via la mise en place d’un pilotage de la performance eau, à travers des systèmes de reporting et des standards à respecter (au niveau groupe ou à l’échelle d’une activité ou d’une branche).