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Campagne ALIMENTERRE 2008 : « Le monde a faim, nos choix sont vitaux »

Produire, transformer, consommer autrement pour une agriculture durable

Comment nourrir le monde aujourd’hui et demain ? Comment produire en quantité suffisante des aliments de qualité à des prix accessibles ? Comment ceux qui produisent peuvent-ils en vivre dignement au Nord comme au Sud ? Quelle alimentation souhaitons-nous ? A quel prix social et environnemental notre alimentation est-elle produite ?

Du 10 octobre au 30 novembre 2008, plus de 200 organisations relayent avec le CFSI la campagne ALIMENTERRE et se mobilisent pour encourager les changements de comportements individuels et collectifs, pour informer l’opinion publique sur les exemples d’initiatives qui changent la donne et pour interpeller les décideurs sur la nécessité de mettre en œuvre des politiques agricoles durables. De multiples activités et animations dans toute la France qui s’attachent à promouvoir des alternatives pour «Produire, transformer et consommer autrement» pour une agriculture durable. – le jeudi 16 octobre, journée mondiale de l’alimentation, le CFSI co-organise avec Cités-Unies France une journée de débats intitulée «Développement de la faim : l’Afrique peut-elle se nourrir elle-même et comment ?» (Mairie du XVIIIe à Paris). – des marchés alimentaires et solidaires offrant un espace à des producteurs et transformateurs, des opérations au sein de restaurants scolaires et universitaires en partenariat avec les collectivités territoriales, des expositions, des ateliers ‘‘cuisine du monde’’, des visites d’exploitations agricoles familiales et biologiques, de jardins d’insertion, d’AMAP … – la 2e édition du Festival ALIMENTERRE, «Des images et des mots sur les désordres alimentaires du monde», du 3 au 30 novembre avec 65 projections-débats et des rencontres avec les réalisateurs dans 40 villes à travers la France.

Réinventer la donne agricole mondiale : une nécessité.

En 2008, plus que jamais, l’agriculture est au cœur des enjeux de société et confrontée à de multiples défis : la flambée des prix agricoles, les émeutes de la faim, la baisse du pouvoir d’achat (payer plus pour manger moins), le bilan de santé de la politique agricole commune, les agro-carburants, les OGM, l’impact du changement climatique sur les zones agricoles ou encore la persistance de la faim dans le monde face aux prévisions démographiques. Au niveau mondial, la moitié de la population vit de l’exploitation de la terre. Plus de 854 millions de personnes souffrent encore aujourd’hui de faim chronique, dont les 2/3 sont des paysans. Et on ne peut ignorer la faim urbaine qui se développe comme l’ont montrées les récentes émeutes suite à la hausse des matières premières agricoles. D’un côté les familles urbaines, faute de revenus suffisants, n’arrivent pas à faire face à l’augmentation des prix de la nourriture, de l’autre, les paysans ont besoin de prix rémunérateurs et d’une protection adéquate de leur production vis-à-vis des produits importés. Et si l’on en croit les chiffres des experts, cette situation va s’aggraver puisqu’en 2025, 1,2 milliards de personnes pourraient souffrir de la faim, soit environ 1 personne sur 5 (source : FAO). Ce constat ne s’arrête pas seulement aux producteurs et aux consommateurs. Il concerne également les petites entreprises de transformation de la production locale. Celles-ci ont bien du mal à se développer faute de soutien financier ou technique ou encore en raison de la concurrence des filiales des multinationales. Ces dernières inondent le marché de produits standardisés sous la houlette des entreprises de la grande distribution de plus en plus présentes dans les pays du Sud. Au Sud, la faim reste un problème crucial, au Nord le modèle dominant est de plus en plus questionné. Face à ces difficultés, il paraît nécessaire de repenser les pratiques et les politiques agricoles, et de promouvoir des alternatives innovantes et des approches durables.
Crise alimentaire : Agir durablement contre la faim
Crise alimentaire : Agir durablement contre la faim

Durablement contre la faim avec l’agriculture familiale.

L’agriculture familiale, vivrière et diversifiée est un vecteur capital dans la lutte contre la faim et la pauvreté. En effet, près de 75 % de la population pauvre mondiale vit en milieu rural (source PNUD) et dépend de l’agriculture pour leur subsistance, directement ou indirectement. Dans les pays les plus pauvres, la croissance agricole est le moteur de l’économie rurale. Et dans les pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire en particulier, l’agriculture joue un rôle fondamental dans la création d’emplois et de revenus. Le développement agricole est donc un facteur crucial pour réduire la faim. Les agricultures familiales et paysannes sont plus que jamais une réponse aux défis qui se posent aujourd’hui au niveau mondial : nourrir l’humanité, protéger la planète…

Vers une alliance producteur, transformateur et consommateur au service d’une agriculture durable.

Le lien entre producteur et consommateur s’est partout effrité du fait de l’industrialisation de la transformation des produits agricoles et d’une urbanisation croissante éloignant le consommateur du producteur. Le consommateur urbain est soucieux de la qualité gustative des produits mais ne sait plus estimer la valeur du travail de ceux qui produisent et transforment la nourriture. Il revendique le meilleur prix au détriment du producteur et ceci avec le soutien des commerçants qui lui assurent le plus bas prix. Mais l’urbanisation ne condamne pas définitivement à un modèle unique et concentré de production et de distribution des produits alimentaires. Il existe des exemples de filières viables permettant de répartir équitablement la valeur ajoutée entre les parties prenantes : des initiatives centrées sur le local, des initiatives tournées vers l’emploi, des initiatives pour promouvoir des filières équitables… (cf. des initiatives qui changent la donne dans le dossier de presse). Pour que ces initiatives au service d’une agriculture durable se développent, il faut restaurer le lien entre le citoyen et le paysan, entre l’alimentation et sa production ; il faut pouvoir produire, transformer et consommer autrement :
  • pourvoir produire autrement, c’est accéder à la terre, à l’eau, aux semences, à la formation, aux savoirs, aux innovations techniques, aux crédits et ceci sans créer de dépendance vis-à-vis des grandes entreprises comme celles fournissant les intrants. C’est également s’appuyer sur des techniques de production durables, soucieuses de l’environnement et garantissant la préservation des milieux et le renouvellement des ressources ;
  • pouvoir transformer autrement, c’est accéder aux marchés locaux avec des produits correspondant aux attentes des consommateurs, notamment urbains, et aussi bénéficier de technologies adaptées ;
  • pouvoir consommer autrement, c’est bénéficier de filières organisées, de circuits de distribution des productions locales permettant aux paysans de nourrir les villes. C’est aussi pouvoir disposer du pouvoir d’achat nécessaire pour accéder à une alimentation durable.

Repenser les politiques agricoles et garantir la souveraineté alimentaire.

Le changement des comportements de chacun, citoyens, collectivités, gouvernements locaux, entreprises, est un pas important pour que ces filières innovantes soient plus utilisées. Mais ces initiatives ne pourront durablement changer la donne sans une action politique déterminée garantissant la souveraineté alimentaire :
  • la promotion de politiques agricoles nationales et régionales en faveur de petites et moyennes exploitations qui donnent la priorité aux cultures vivrières et économes en intrants et en eau ;
  • le développement de politiques alimentaires qui s’appuient notamment sur la promotion de filières nationales ou régionales de transformation et de distribution des productions végétales et animales et qui permettent aux consommateurs, notamment les plus pauvres, d’avoir accès à une alimentation de qualité à un prix juste :
  • une régulation des échanges agricoles internationaux incluant une protection des marchés nationaux et régionaux ;
  • une mise en cohérence par l’Union Européenne de ses politiques agricoles et commerciales avec sa politique de coopération visant au développement des pays du Sud et à la réduction de la faim ;
  • un engagement fort autour de la responsabilité sociale des entreprises, en particulier de celle des multinationales, visant à la fois la mise en œuvre de normes sociales et des relations contractuelles durables avec les producteurs agricoles ;
  • la participation active des organisations de la société civile au débat d’idées dans les instances internationales sur le rôle de la paysannerie et de ses rapports avec les consommateurs comme réponse déterminante au défi de la faim.

 

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Cyrille Souchehttp://cdurable.info
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