Après la catastrophe naturelle (plus de 10 000 morts), le Japon redoute un cataclysme nucléaire. Dans la centrale de Fukushima N°1, où s’est produite une forte explosion samedi, deux réacteurs pourraient être en fusion. En cause, une panne des systèmes de refroidissement. Certains experts prédisent dans les heures qui viennent une catastrophe équivalente à celle de Tchernobyl. Une seconde centrale, la Fukushima N°2, est en péril. Un total de 250 000 personnes ont été déplacées et partout, les Japonais font des stocks de vivres… Le Japon vit sa « plus grave crise depuis la Seconde guerre mondiale », selon le Premier ministre Naoto Kan. Il a par ailleurs prévenu que la situation à la centrale nucléaire restait grave et que le pays risquait des coupures de courant à grande échelle. Le chef du gouvernement japonais a par ailleurs rejeté la comparaison entre Fukushima et Tchernobyl. « Des radiations ont été libérées dans l’air, mais rien n’indique qu’il s’agisse d’une grande quantité ». En tout cas, quoiqu’il arrive aujourd’hui, cet accident nucléaire pourrait affecter la relance de cette filière énergétique dans plusieurs pays. Les ONG écologistes rappèlent également que d’autres pays, comme la France, ne sont pas à l’abri d’un tel accident.
Le point sur la situation Utiliser de l’eau de mer pour refroidir un réacteur nucléaire comme le font les Japonais dans leur centrale de Fukushima endommagée par le méga-séisme de vendredi est « un acte de désespoir » qui évoque la catastrophe de Tchernobyl, selon des spécialistes américains de l’atome. « La situation est devenu tellement critique qu’ils n’ont, semble-t-il, plus la capacité de faire venir de l’eau douce pour refroidir le réacteur et le stabiliser et maintenant, en désespoir de cause, ils doivent recourrir à l’eau de mer », a estimé Robert Alvarez, spécialiste du désarmement nucléaire à l’Institute for Policy Studies de Washington. Ce qui s’est passé dans la centrale, c’est une perte totale d’alimentation des systèmes de refrigération, extérieure et intérieure (assurée dans ce cas par des générateurs diesel). Cette panne totale « est considérée comme extrêmement improbable mais est un sujet de grande inquiétude depuis des décennies », explique Ken Bergeron, un physicien qui travaille sur les simulations d’accidents de réacteur. « Nous sommes en territoire inconnu », a-t-il ajouté. Les réacteurs de Fukushima ont été arrêtés mais le cœur du réacteur peut fusionner s’il n’est pas refroidi et commencer à couler au fond de l’enceinte de confinement. « La structure de confinement dans cette centrale est certainement plus solide qu’à Tchernobyl mais bien moins qu’à Three Mile Island, donc seul l’avenir le dira », a-t-il déclaré, faisant allusion aux deux plus graves accidents nucléaires, ceux 1986 Tchernobyl (Ukraine) en 1986 et de Three Mile Island (Pennsylvanie, Etats-Unis) en 1979. « A ce stade, on fait face à une situation semblable à celle de Tchernobyl, où on commence à déverser du sable et du ciment » pour recouvrir le réacteur en fusion, estime Peter Bradford, ancien directeur de la Commission de surveillance nucléaire américaine. « Si cela continue, s’ils ne reprenne pas le contrôle de tout cela, on va passer d’une fusion partielle du coeur (du réacteur) à une fusion complète. Ça sera le désastre total », a déclaré pour sa part Joseph Cirincione, chef du Ploughshares Fund, lors d’une interview sur CNN. La présence de césium dans l’athmosphère après que la centrale eut relâché de la vapeur en excédent indique qu’une fusion partielle est en cours, selon lui. « Cela a signalé aux opérateurs que les barres de combustible avaient été exposées, que le niveau d’eau était tombé sous celui des barres et que les barres commençaient à brûler, libérant du césium », a-t-il expliqué. Mais pour le porte-parole de l’Association nucléaire mondiale, Ian Hore-Lacy, les risques de fusion ou d’explosion du réacteur « diminuent d’heure en heure au fur et à mesure que le combustible nucléaire refroidit », a-t-il déclaré sur la chaîne CBS.Le débat sur le nucléaire est relancé
Plusieurs experts prévoient que cet accident nucléaire pourrait affecter la relance de cette filière énergétique dans plusieurs pays. Pour Peter Bradford, « il s’agit à l’évidence d’un grave revers pour la prétendue renaissance » de la filière nucléaire. « L’image d’une centrale nucléaire explosant devant vos yeux à la télévision est une première », a-t-il noté. Si Éric Besson, ministre de l’Industrie, estimait hier qu’en l’état l’accident de la centrale japonaise de Fukushima « n’est pas une catastrophe nucléaire », les ONG écologistes pensent le contraire et expriment leur consternation face à l’accumulation hélas en grande partie prévisible des catastrophes naturelles, industrielles et à présent nucléaires qui frappent aujourd’hui le Japon, comme elles pourraient frapper demain bien d’autres nations « développées« , dont la France. Pour Didier Anger, ancien parlementaire européen en charge de l’énergie et ancien conseiller régional (Verts) de Normandie et Président du Crilan (Comité de réflexion, d’information et de lutte antinucléaire), il s’agit d’un accident majeur, le troisième du genre après Three Mile Island (États-Unis) dans les années 70 et Tchernobyl (Ukraine) il y a bientôt vingt-cinq ans : « Ce n’est pas le même type de centrale ni les mêmes causes, mais les conséquences seront les mêmes. » Dans un entretien à Sud Ouest, il rappelle que suite à l’explosion, « des gaz radioactifs ont été rejetés dans l’atmosphère. Ils comportent de l’iode 131, qui se fixe dans la thyroïde. C’est ce que l’on a constaté de plus notoire après Tchernobyl. Il y a aussi du césium qui se fixe dans les muscles, dont le cœur, et entraîne des problèmes cardiaques. Le strontium, lui, s’attaque aux os en prenant la place du calcium. Il est source de cancers, ronge la moelle osseuse et occasionne des leucémies… » « Quand l’irradiation externe est mesurable immédiatement après l’explosion, la contamination interne, par inhalation ou ingestion, se constate à plus long terme », résume le président du Crilan. Lui milite en faveur d’une sortie du nucléaire « programmée, progressive et discutée avec la population ». « Nous ne sommes peut-être pas menacés par un tremblement de terre ou un tsunami, mais nous ne sommes pas à l’abri d’un incident, d’une erreur de manipulation, voire d’un attentat… En France, malheureusement, les questions de production passent devant celles de sûreté. » Les amis de la Terre : « 65 ans après Hiroshima et Nagasaki, un nouveau Tchernobyl menace le Japon. Combien de temps encore nos dirigeants resteront-ils sourds à toute raison ? » Dans un communiqué de presse, l’ONG Les Amis de la Terre tiennent à rappeler qu’en 2007 déjà, un grave tremblement de terre avait obligé à fermer pendant près de deux ans les sept réacteurs nucléaires de la centrale nucléaire nippone de Kashiwazaki Kariwa. Des sismologues avaient alors annoncé que, après quelques décennies de calme relatif, la région allait connaître 40 ans de recrudescence sismique. Mais selon Les Amis de la Terre « les technocrates de l’énergie et les compagnies privées n’en ont eu cure, et ont continué à prétendre que tout était parfaitement sûr ». Marie-Christine Gamberini, référente sur l’énergie et le nucléaire aux Amis de la Terre, s’indigne : « Combien de fois faudra-t-il répéter que, dans la vraie vie, les risques industriels, chimiques, nucléaires, génétiques, etc. se cumulent sans s’exclure, ce qui démultiplie potentiellement l’ampleur des dégâts. Combien de temps encore nos dirigeants resteront-ils sourds à toute raison, et prêts à sacrifier des populations entières au bénéfice de quelques lobbies industriels ? » En 1999, la centrale de Braud Saint-Louis avait été inondée. Pourtant TOUTES les précautions avaient été prises et une digue infranchissable avait été construite pour protéger la centrale. Le gros de la tempête s’est produit à marée basse. On n’ose imaginer ce qui ce serait produit avec 2 ou 3 mètres d’eau de plus dans la centrale. On est passé près de l’accident nucléaire et de la bougie ! Marie-Christine Gamberini conclut : « Les Amis de la Terre forment des voeux pour que, à l’approche de la 25e commémoration de la catastrophe de Tchernobyl, le bon sens du plus grand nombre l’emporte enfin sur les appétits d’énergie, de puissance et de croissance illimitée d’une minorité. Assez d’avertissements, maintenant, on sort du nucléaire ! ». L’Alliance pour la Planète demande d’urgence un Grenelle de l’énergie avant l’été Alors que le Japon doit faire face à une crise nucléaire majeure et que les projets d’extraction de pétrole non-conventionnel se multiplient, l’Alliance pour la Planète, qui rencontrera demain Nicolas Sarkozy, demande au chef de l’Etat d’engager avant l’été un Grenelle de l’énergie accompagné d’un grand débat public démocratique. Les choix dans le domaine de l’énergie engagent notre avenir à tous et ne peuvent plus être soustraits au débat démocratique. 1/ Un moratoire d’urgence sur les énergies fossiles non-conventionnelles La diminution des coûts d’extraction, liée à l’augmentation du prix de revente de l’or noir, a rendu l’exploitation des énergies fossiles non-conventionnelles économiquement viables pour un certain nombre d’entreprises. Les zones de forage attestent de ce nouvel appétit. Peut-on sciemment préconiser les forages off shore au large de la Guyane ou de la côte méditerranéenne, l’exploitation des sources de schiste en Seine et Marne ou dans le Larzac tout en masquant leurs impacts environnementaux ? Dans le domaine du nucléaire, on voit ce qu’il en coûte de minorer perpétuellement les risques pour ne parler que de production d’énergie à court terme. C’est la raison pour laquelle, l’Alliance appelle l’Etat à geler dès maintenant tous les projets d’extraction d’hydrocarbures non-conventionnels. 2/ La méthode Grenelle doit être appliquée à la définition de la politique énergétique de notre pays Nous ne pourrons, du jour au lendemain, renoncer totalement au pétrole et au nucléaire, mais il est absurde d’investir dans de nouvelles technologies d’extraction du fossile ou dans la fusion nucléaire sans consulter nos concitoyens. Le chef de l’Etat a plusieurs fois mis en avant l’intérêt de cette méthode de débat pluraliste, plébiscitée par les Françaises et les Français. Il est plus que temps de l’appliquer à la question de la définition de la politique énergétique, en incluant la question du choix de la filière nucléaire qui montre une fois de plus qu’elle est plus un problème qu’une solution. A lui seul, le vent ne règlera pas le problème énergétique. A lui seul le soleil ne règlera pas le problème énergétique. Mais ensemble, ils peuvent y contribuer ! L’Alliance pour la Planète appelle donc le gouvernement à lancer au plus vite un Grenelle de l’énergie afin de débattre démocratiquement des choix à faire pour engager la France dans un avenir renouvelable au nom des générations futures. Un véritable débat public sur les orientations énergétiques de notre pays doit être créé et exige une expertise indépendante et pluraliste sur cette question. LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE IL EST TEMPS DE DEBATTRE DEMOCRATIQUEMENT DE L’AVENIR ENERGETIQUE DE NOTRE PAYS «Monsieur le Président, Après avoir été meurtri par des tremblements de terre et un tsunami dévastateurs, le peuple japonais doit faire face à une des pires crises nucléaires depuis 1945. Les conséquences dépassent les pires scénarios et imposent compassion et solidarité. Elles sont aussi source d’inquiétude pour tous et reposent avec acuité la nécessité de discuter des choix énergétiques que notre pays doit faire pour les décennies à venir. Ce débat est d’autant plus nécessaire que le dernier sondage IPSOS sur les Européens et le changement climatique nous rappelle que 6 Français sur 10 perçoivent ce sujet comme une menace sérieuse. Face à ce péril, il reste donc impératif de décarboner notre énergie si l’on veut maintenir en dessous de 2 degrés d’augmentation la température de notre globe, seule condition qui nous permettra d’éviter une situation climatique dramatique. Pour la France, la solution énergétique semblait se trouver dans le développement du programme électro-nucléaire. Certes, le nucléaire est une énergie relativement faiblement émettrice de gaz à effet de serre (GES) au regard des centrales fossiles (encore que l’extraction du minerai, la construction et le démantèlement des sites ne soient pas quantifiés). Cependant, à l’aune de la tragédie japonaise, qui peut encore sérieusement envisager prendre le risque de contaminer pendant des siècles des zones entières de territoire ? Et ce pour une énergie qui n’est en rien une réponse à près de 75% des émissions de GES -comme par exemple celles issues des transports, de la déforestation ou de l’agriculture- et qui ne représente que 2,5% de la consommation finale d’électricité dans le monde. S’entêter dans l’illusion nucléaire est au-delà de toute rationalité. De même, pourquoi perdre son temps à explorer des pistes comme l’exploitation d’hydrocarbures non conventionnels (pétroles off-shore, gaz et huile de schiste, etc.) alors que l’on sait que les risques sanitaires et environnementaux sont réels, et que les bénéfices restent hypothétiques. Nous vous appelons donc faire le pari d’un vrai débat démocratique sur l’énergie afin de discuter ensemble des choix à faire pour engager notre pays dans un avenir renouvelable au nom des générations présentes et futures. Ce débat semble d’ailleurs à portée de mains puisque Madame Nathalie Kosciusko-Morizet, votre ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement a déclaré le mercredi 16 mars 2011 devant les parlementaires que « Le principe d’un débat [sur l’énergie et le nucléaire] est acquis ». Si c’est le cas, il convient aussi de créer les conditions d’un débat serein et argumenté sur la politique énergétique de notre pays, politique dont les investissements et les effets se déploieront dans les prochaines décennies, bien au-delà des échéances électorales à venir. La France a déjà expérimenté une telle méthode de débat avec le Grenelle de l’environnement et le Grenelle de la mer. Mais, cette fois-ci, toutes les questions doivent être mises sur la table, nucléaire inclus et l’agenda doit être co-construit et non imposé par le gouvernement. Nous exigeons que les modalités et les conditions d’organisation de ce grand débat soient définies selon les principes d’une gouvernance plurielle. Il conviendra d’associer dès le début et pleinement la représentation nationale. Ce n’est pas tout. Le débat devra également vivre pleinement dans nos territoires. La pluralité du débat étant un gage de démocratie. Un cahier des charges construit en commun par tous les acteurs posera les bases et servira de référentiel tout au long des échanges. Il devra balayer les possibilités qui s’offrent à nous : mettons dans la balance les avantages et inconvénients de chaque source de production énergétique, observons les créations d’emplois que peuvent induire un système de production énergétique décentralisé (multiples sources inépuisables réparties régulièrement), mesurons les co-bénéfices sur la santé et l’environnement, sur l’économie et le cadre de vie, et inventons un monde qui nous donne envie de nous investir ! Aujourd’hui, il y a comme un surprenant aveuglement à rester dans l’impasse de l’électro-nucléaire, alors que la sobriété et l’efficacité énergétique couplées au bouquet d’énergies renouvelables, inoffensives pour l’homme et créatrices d’emplois, sont à portée de main. Sobriété, efficacité et énergies renouvelables : voilà le trio gagnant d’une politique énergétique. Les missions de chacun devront être clairement définies, tout comme les modalités de clôture, de restitution et de mise en œuvre. Ce débat, initié le plus tôt possible, s’étalera sur une durée de 6 mois permettant ainsi à la pluralité des acteurs de s’exprimer sur l’avenir énergétique de la France. Monsieur le Président, nous devons tirer les leçons de la situation dramatique que connaît le Japon en prônant la transparence pour mieux comprendre et anticiper. Le droit pour les populations à connaître les risques encourus et à choisir leur modèle énergétique est un droit élémentaire au 21ème siècle. L’heure est grave et nous devons tous dépasser nos postures. Agissons pour transmettre une planète vivante aux générations futures.» Yann Arthus-Bertrand, Président de la Fondation GoodPlanet Isabelle Autissier, Présidente du WWF France Franck Laval, Président d’Ecologie sans frontière Serge Orru, Directeur général du WWF France Jean-Marc Roirant, Secrétaire général de la Ligue de l’enseignement La Fédération Environnement Durable demande un « Grenelle des Énergies » «La Fédération Environnement Durable (FED) demande la convocation d’un « Grenelle des Énergies » comprenant le nucléaire qui avait été exclu du « Grenelle de l’environnement ». La FED souhaite que tous les scénarios énergétiques soient enfin étudiés sans tabous, en incluant leurs conséquences sur la sécurité, l’économie, l’industrie, l’emploi et l’environnement. Les programmes « énergies renouvelables » actuels, basés sur des mécanismes financiers contestables, sont des « leurres » qui ne résolvent aucun problème énergétique mais au contraire les amplifient et conduisent notre pays à sa ruine et son déchirement social. Ils dilapident depuis des années tous les budgets d’aides publiques au détriment d’un grand programme de recherche sur les économies d’énergies et les futures Énergies Renouvelables porteuses de vrais emplois à terme. Cette concertation nationale doit surtout prendre en compte la nécessité fondamentale de faire des économies d’énergies, de réduire la consommation, ce qui ne veut en rien dire baisse du niveau de vie mais adaptation du mode de vie.» Fédération Environnement Durable.
Fukushima : 25 après, un nouveau Tchernobyl menace aujourd’hui le Japon
Il semblerait que le monde découvre les dangers du nucléaire. Les centrales japonaises sont construites dans une zone de forte activité sismique. Mais ceux ne sont pas les seules. Nous avons en France des centrales bâties sur des failles tectoniques.
De plus quand une centrale est victime d’un incident majeur, la situation devient rapidement incontrôlable. Les conséquences peuvent être terribles et la radioactivité s’installe pour longtemps.
Combien de catastrophes avant d’agir ?
La Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme appelle à un grand débat public sur la production et la consommation d’énergie.
Le drame humain dû au séisme, au tsunami et aux accidents nucléaires qui touchent actuellement le Japon rappelle cruellement la fragilité de l’homme face au déchaînement des phénomènes naturels et à leurs conséquences collatérales. Face à la douleur du peuple japonais, nous ne pouvons qu’espérer que cette nouvelle catastrophe conduise les dirigeants et citoyens du monde à s’interroger sur notre modèle de développement et les choix énergétiques associés.
Entamer une mutation énergétique mondiale
Face à des technologies aux impacts lourds sur les hommes et leur environnement, que ce soit le nucléaire avec son lot d’accidents et de déchets, ou les énergies fossiles largement responsables du changement climatique, l’option la plus immédiate demeure la réduction des consommations d’énergie. Combien de catastrophes écologiques, sociales, environnementales – en un mot, combien de catastrophes humaines – devrons-nous encore subir avant d’entamer une mutation énergétique mondiale ?
Cette tragédie doit nous conduire à nous interroger sur la question plus globale de notre modèle de développement toujours plus énergivore et des réponses que nous sommes capables de mettre en face. Nous ne disposons malheureusement pas aujourd’hui, dans le panel des technologies, de solutions durables en mesure de faire face aux besoins actuels. N’oublions pas que c’est bien parce que nos consommations sont toujours plus importantes que nous avons recours à des technologies à risque. La seule voie possible est donc bien de limiter nos consommations d’énergie et d’engager sur le long terme le développement des énergies renouvelables, afin de diversifier notre bouquet énergétique et minimiser les risques.
Impulser un réel débat sur l’énergie avec l’ensemble des parties-prenantes
Lors du Grenelle de l’Environnement, les ONG avaient accepté de ne pas discuter du nucléaire à la condition qu’ait lieu un grand débat sur la production et la consommation d’énergie en France (nucléaire, énergies fossiles, renouvelables). Ce débat n’a jamais eu lieu.
Les récents choix du gouvernement français, notamment sur les énergies renouvelables et principalement le photovoltaïque, révèlent l’absence d’une réelle vision en matière énergétique.
Comme annoncé par Nicolas Hulot sur France Inter dimanche 13 mars, la Fondation demande que ce débat sur l’énergie soit enfin lancé en France et porté au niveau international par:
En savoir plus sur l’énergie :
Quelle société voulons nous transmettre à nos enfants ?
«A l’heure d’une situation dramatique pour le Japon, la société française
se réveille chaque matin au rythme d’informations terrifiantes. Cette
situation nous rappelle combien le silence et le manque de transparence de
la filière nucléaire française nous a amené, au fil du temps, à oublier les
conséquences de l’utilisation d’une énergie aussi controversée qu’inadaptée
aux besoins de demain.
La nouvelle organisation du marché de l’électricité, dite loi NOME (Nucléaire français – Énergie renouvelable), dont
le décret devrait sortir prochainement, est indispensable au regard du
manque de débat sur la politique énergétique française. Après plusieurs
années d’ouverture de marché, ce secteur d’activité reste sous l’influence de l’opérateur historique, malgré les enjeux à venir. En effet, cette loi aura pour conséquence la mise en place d’une véritable politique
européenne, dont l’absence a déjà engendré des aberrations incompréhensibles (blackout en Italie, relance des centrales charbons en
Allemagne, surproduction d’électricité renouvelable aux pays-bas). Cette
politique favorisera l’arrivée de nouveaux acteurs alternatif comme Planète OUI, qui démontreront la faisabilité d’une politique alternative.
Planète OUI, fournisseur d’électricité renouvelable en France depuis 2007,
rappelle ses convictions :
Nous ne devons pas transmettre à nos enfants un pays dont l’indépendance
énergétique ne dépend que de l’unique source nucléaire, nous refusons de fermer les yeux sur les conditions inacceptables dans lesquelles fonctionnent les mines d’extraction d’uranium, nous défendons la thèse que les ressources limitées en uranium
engendreront les mêmes effets que la raréfaction du pétrole (Durabilité de
l’approvisionnement en uranium- professeur Colin Boxall de l’Université de Lancaster).
Si l’évidence nous amène à constater qu’il n’est pas possible d’arrêter
nos centrales nucléaires à court terme, Planète OUI affirme que la
politique énergétique française peut et doit changer vers une réduction du
parc nucléaire français. Cette évolution doit se faire au profit du
développement d’un mix énergétique comprenant une part minimum de 30%
d’électricité renouvelable (proportion équivalente à la consommation des
particuliers en France) et par une politique volontariste de développement
d’un réseau électrique intelligent (SmartGrid).
La politique de maintien ou de renouvellement des centrales nucléaires ne peut être associée qu’à la part de production d’électricité nécessaire à la
demande énergétique industrielle, et non pour alimenter le chauffage de
nos habitations ou l’éclairage de nos autoroutes. Tous les experts énergéticiens avaient regretté la mise à l’écart de ces questions dans le
Grenelle de l’environnement. Les évènements actuels nous rappellent combien nous devons préparer l’avenir de nos enfants à travers une politique
énergétique différente.»
Nicolas MILKO
PDG de Planète OUI