Paris, le 16 juin 2009 – Alors que s’est déroulé le sommet mondial du jatropha au Swaziland, les Amis de la Terre viennent de publier un nouveau rapport [[Le rapport “Jatropha – Wonder Crop? Experience for Swaziland” a été réalisé par les Amis de la Terre du Swaziland et Royaume-Uni. Voir : www.foe.co.uk/resource/reports/jatropha_wonder_crop.pdf.]] montrant que la culture du jatropha [[Le jatropha est originaire d’Amérique du Sud, mais a été introduit largement en Asie et en Afrique où il est traditionnellement utilisé comme haies et pour les graines qui servent à faire du savon. Le jatropha curcas, l’espèce choisie pour produire du carburant végétal, est un arbuste buissonnant qui donne des graines qui contiennent une huile non comestible qui peut être utilisée comme agro-diesel.]], contrairement au « miracle » annoncé, pourrait se faire au détriment de la production alimentaire du fait de la concurrence pour la terre et l’eau. Les Amis de la Terre demandent à l’Union européenne de prendre en compte les impacts du jatropha dans l’étude qu’elle mènera en 2010 sur les changements d’affectation des sols à cause des agrocarburants, et de réviser son objectif d’incorporation de 10% en conséquence.
Le rapport publié par les Amis de la Terre Swaziland et Royaume-Uni, enquête sur les affirmations avancées par la firme britannique d’agrocarburants D1 Oils. Cette dernière prétend que le jatropha est un agrocarburant miracle qui peut pousser n’importe où sans entrer en compétition avec la production alimentaire. Dans le monde, les conséquences de la production à grande échelle d’agrocarburants soulèvent de nombreuses craintes, et les critiques contre l’objectif européen d’incorporation de 10% d’agrocarburants dans les transports d’ici 2020 se multiplient.
Le jatropha peut effectivement pousser dans des conditions semi-arides, mais il est par contre très improbable que les rendements soient suffisamment élevés pour permettre aux paysans d’en tirer un bénéfice. Alors que le Swaziland dispose de rares ressources en eau, certains paysans ayant planté du jatropha ont constaté que la plante devait être arrosée régulièrement. D’autres paysans ont transformé des terres jusqu’ici dédiées à la production alimentaire en cultures de jatropha.
Sicelo Simelane de Yonge Nawe (Les Amis de la Terre Swaziland) raconte : « Le jatropha a été imposé aux paysans comme la nouvelle plante miracle pour produire du carburant et les sortir de la pauvreté. D1 Oils a fait de la publicité auprès des paysans pour le jatropha, mais certains ne savent ni lire, ni comprendre les contrats qu’ils ont signés, et aucune copie ne leur a été laissée. Le développement des agrocarburants est solidement contrôlé par des firmes du Nord qui s’emparent de nos terres à un rythme incroyable. Il est urgent que nos gouvernements arrêtent ces programmes et réfléchissent avant de livrer notre continent aux investisseurs étrangers ».
Christian Berdot des Amis de la Terre France poursuit : « Le scandale des agrocarburants se poursuit avec le mirage du jatropha. Cette plante prend la place de productions alimentaires dans un pays comme le Swaziland où les deux tiers de la population dépendent de l’aide alimentaire. L’expérience des paysans africains qui font pousser cette plante contredit les affirmations enthousiastes de D1 Oils. L’Union européenne doit prendre en compte les impacts du jatropha dans l’étude qu’elle mènera en 2010 sur les changements d’affectation des sols à cause des agrocarburants, et l’objectif de 10 % doit être révisé en conséquence. Seule la réduction radicale de nos gaspillages dans le transport permettra de lutter efficacement contre les changements climatiques sans en faire payer le prix aux peuples du Sud ».
Un nouveau rapport dénonce le mirage du jatropha
L’union européenne est responsable de cette situation et il est grave d’entretenir le mythe des agrocarburants comme une alternative crédible aux carburants fossiles. J’ai écrit à la commission européenne pour protester au sujet de l’objectif des 10%. Tous les citoyens doivent en faire de même sans oublier de réduire leurs déplacements par tous les moyens, de réduire leurs achats de contenants énergétiques et de faire une large part à la pratique de la sobriété sans oublier qu’il faut aussi lutter contre la croissance exponentielle de la population qui est responsable de tous nos maux actuels.