Pourquoi est-on autorisé à vivre dans de nombreux parcs nationaux en Europe alors que cela n’est pas permis en Afrique ? Pourquoi qualifions-nous de « chasseur » une personne blanche qui chasse alors que, s’il s’agit d’une personne noire et/ou autochtone, on parle de « braconnier » ? Et pourquoi pensons-nous que la « nature sauvage » est un paysage naturel vide de toute population alors qu’en réalité presque tous ces lieux ont été habités, façonnés et gérés par les humains depuis des millénaires ? Survival International lance son Guide pour décoloniser le langage de la conservation, qui répond à des questions telles que celles posées ci-dessus et remet en question une grande partie du langage « neutre » et « scientifique » couramment utilisé pour parler de la conservation de la nature, la biodiversité ou le changement climatique.
Les images de la « nature » dont nous sommes nourris depuis l’enfance, ainsi que les mots que nous utilisons pour la décrire, façonnent notre pensée et, par conséquent, nos politiques et nos actions. Par exemple, les peuples autochtones et les communautés locales sont encore trop souvent qualifiés de braconniers et/ou d' »envahisseurs », justifiant ainsi leur persécution et le vol de leurs terres au sein du modèle dominant, en Afrique et en Asie, de la « conservation-forteresse« . L’un des exemples les plus récents – qui a suscité une vague d’indignation internationale – est l’expulsion violente des Massaï de leurs terres pour faire place à la chasse aux trophées et au tourisme. Au nom de la conservation, des millions de personnes sont chassées de leurs terres et subissent une violence effroyable. En outre, de fausses solutions au changement climatique et à la perte de biodiversité sont proposées (telles que le projet consistant à transformer 30 % de la planète en Aires protégées d’ici 2030), qui affectent leurs terres et leurs vies sans les prendre en compte. En remettant en question une grande partie de la terminologie utilisée aujourd’hui, le guide s’attaque à certains des principaux mythes qui sous-tendent le modèle actuel de la « conservation-forteresse » encore dominant aujourd’hui au sein des ONG, des gouvernements et de l’industrie de la conservation. Ce guide unique en son genre s’adresse tout particulièrement aux journalistes, aux réalisateurs, aux activistes et à toutes celles et ceux qui traitent des questions liées au climat, à l’environnement et à la conservation de la nature.
