Diplômé d’HEC, Tristan Lecomte a fait ses débuts chez L’Oréal avant de s’engager dans l’entrepreneuriat social dès 1998. Après s’être dédié à Alter Eco, entreprise de commerce équitable qu’il a fondée et dirigée pendant plus de 12 ans, Tristan Lecomte se consacre désormais à la mise en place et au suivi des programmes de lutte contre la déforestation, initiés dans le cadre du collectif Pur Projet qu’il a créé en 2008.
Tout au long de son parcours au sein d’Alter Eco, Tristan Lecomte n’a cessé de tisser des liens forts, fraternels, et privilégiés avec les petits producteurs agricoles. Ces rencontres ont été la source d’actions concrètes développées pour soutenir les producteurs, grâce au commerce équitable et à l’agriculture biologique. A présent, via les marchés de la compensation carbone, il accompagne les petits producteurs vers toujours plus d’indépendance.
Tristan Lecomte s’est récemment installé en Thaïlande pour vivre au plus proche de la terre. Il est aujourd’hui, lui-même, un petit producteur de riz bio et un planteur d’arbres. « Je souhaite humblement suivre l’exemple de Pierre Rabhi, qui allie la sagesse aux gestes », confie-t-il. Figure de proue de l’entrepreneuriat social en France, impliqué depuis plus de 12 ans dans la sensibilisation et l’éducation au Développement Durable, Tristan Lecomte renouvelle également son engagement dans la transmission de l’information auprès de la société civile. Un ouvrage « Comment je suis devenu plus humain » aux éditions Flammarion retrace son parcours et une série documentaire « Un Autre Monde » sur les filières agricoles au Sud et la mondialisation sera diffusée à partir de septembre 2011, sur France 5.
« Le chemin reste gigantesque avant que nous ne parvenions à sauver la planète que nous avons mise en danger. Mais nous marchons tous, à notre rythme, sur ce chemin. L’important c’est l’engagement, la Nature fera le reste. Dans la forêt on se sent apaisé, presque intimidé par la grandeur des arbres, qui nous rappellent que la Nature nous dépasse, nous englobe, et que nous ne sommes qu’une toute petite partie d’elle-même. C’est peut-être cela le message des forêts et de ceux qui l’habitent : un message d’humilité, de confiance et d’abandon » résume Tristan Lecomte.
Tristan Lecomte a été désigné par le magazine américain Time comme l’une des 100 personnalités les plus influentes en 2010, et nommé Young Global Leader par le Forum Economique Mondial de Davos. C’est sur ce projet et sa complémentarité avec le développement social des producteurs défavorisés des pays du Sud qu’il a été nommé Fellow Ashoka en septembre 2009.
Ecoutez notre entretien avec Tristan Lecomte
A l’occasion du salon Planète durable, CDURABLE.info et Fréquence Terre ont interrogé Tristan Lecomte dans un entretien d’une heure :
Ecoutez la chronique Tristan Lecomte, l’invité de CDURABLE.info et de Fréquence Terre » de FREQUENCE TERRE
PUR PROJET, UN NOUVEAU MODÈLE DE COMPENSATION CARBONE
Pur Projet est une organisation de préservation du climat par la reforestation et la conservation forestière communautaires. L’entreprise propose des solutions novatrices de compensation carbone à travers une triple approche environnementale, économique et sociale :
Les plantations d’arbres selon les principes de l’agroforesterie associent la protection des écosystèmes à la souveraineté alimentaire et au développement socio-économique des populations locales fragilisées par la mondialisation;
Les actions de conservation REDD et REDD+ (conservation forestière et déforestation évitée) sont uniquement mises en oeuvre par des organisations autonomes et solidaires de petits producteurs agricoles ou par des communautés de peuples premiers.
L’objectif de Pur Projet est de développer ainsi un « carbone social » – ou encore « carbone équitable » qui maximise les bénéfices directs des populations locales. Ce modèle novateur a pour avantage de palier les déficits sociaux généralement rencontrés dans les mécanismes de compensation carbone. Pur Projet développe des programmes de grande ampleur : déjà 2,5 millions d’arbres plantés selon les principes
de l’agroforesterie et 400 000 hectares en concessions communautaires forestières de préservation.
La Forêt comme ligne directrice
2011 a été proclamée « Année Internationale de la Forêt » par l’assemblée générale des Nations Unies dans l’objectif de « renforcer les initiatives visant à promouvoir la gestion durable, la préservation et le développement des forêts. » Une occasion pour chacun, entreprise
ou particulier, de prendre conscience de l’importance du rôle des forêts et de ses multiples interdépendances avec la fertilité des sols, le cycle de l’eau, la biodiversité, le climat, ou encore les rendements agricoles.
Cette sensibilisation est de première importance car chaque année, treize millions d’hectares de forêts disparaissent de la surface du globe
du fait de l’activité de l’homme, soit un rythme effréné de 100 mètres carrés à la seconde. Cette déforestation est principalement liée à l’’agriculture :
60 % de la déforestation sont dus au développement des cultures agricoles intensives agroindustrielles (soja, huile de palme, maïs…)
30 % supplémentaires résultent de l’action des petits exploitants
agricoles pour développer leurs cultures vivrières et leurs ressources énergétiques (bois de cuisson).
Il existe pourtant des techniques agroécologiques comme l’agroforesterie qui permettent de combiner harmonieusement la préservation des forêts et le développement agricole. Pur Projet s’est spécialisé dans ce domaine en partenariat avec des petits producteurs du monde entier et des communautés de peuples premiers qui partagent cette vision et maîtrisent ces techniques.
Les petits producteurs, une solution de par le monde
Les petits producteurs et leurs familles représentent 4,2 milliards d’individus soit deux tiers de la population mondiale. Ils sont en mesure, s’ils sont soutenus financièrement, de lutter efficacement contre le réchauffement climatique grâce aux modèles agroforestiers qui intègrent les arbres à leurs cultures existantes. Avec une telle approche, l’agroforesterie apporte de multiples co-bénéfices sociaux et environnementaux, bien au delà de la simple action de lutte contre le réchauffement climatique.
Avec une réalisation effective à ce jour de 2,5 millions d’arbres plantés selon les principes d’agroforesterie, Pur Projet prouve la complémentarité entre le développement socio-économique de petits producteurs et la préservation de la forêt, là où les deux sont souvent présentés comme étant opposés.
Pur Projet, une approche holistique de la compensation carbone
– Pur Projet travaille sur l’intégralité de la chaîne carbone d’une organisation et de ses produits ou services
Bilans Carbone et calcul d’empreintes environnementales
multicritères : réalisation de Bilans Carbone d’entreprises, sous licence de l’ADEME, et suivant la norme ISO 14 064; calculs d’impacts produits multicritères (CO2, eau, énergie…) et accompagnement à l’affichage environnemental;
Accompagnement dans la réduction des émissions carbone, après la réalisation du Bilan Carbone et avant toute proposition de compensation
Proposition de compensation des émissions carbone restantes par le développement de projets forestiers communautaires de grande ampleur, appréhendés sur le long terme (40 ans)
– Pur Projet crée et développe des projets de compensation carbone complémentaires
Reforestation communautaire des zones déforestées et des aires dégradées.
Préservation communautaire des forêts primaires et des réserves de biodiversité encore intactes.
– Une valeur ajoutée unique : « l’insetting »
« L’insetting » est une approche innovante développée par Pur Projet. Elle consiste à intégrer les mécanismes de réduction et de compensation
de l’impact environnemental au sein même des filières produits et services des partenaires. A la différence de « l’offsetting » (compensation carbone), où les actions de compensation ont lieu dans un endroit distinct et via des acteurs et des techniques décorrélés de l’activité, « l’insetting » intègre le mécanisme carbone dans la dynamique commerciale de l’entreprise. Cette approche comporte de nombreux bénéfices : cohérence, pérennité de l’action par une meilleure appropriation de l’entreprise et des collaborateurs, réponse aux attentes des consommateurs, augmentation de la valeur ajoutée et
différenciation sur le marché des produits et des services, participation active et évolutive de l’entreprise à la préservation du climat et de la biodiversité. A l’opposé du mécénat, souvent déconnecté de l’activité de l’entreprise, «l’insetting» vient renforcer l’engagement et la stratégie de l’entreprise au coeur même de son métier. Ce modèle « d’insetting » a été développé au Pérou et en Thaïlande pour Alter Eco et E.Leclerc, au
Honduras et au Ghana pour les Chocolats Halba.
Reforestation et conservation de la forêt : deux approches complémentaires
– Reforestation de zones dégradées
Pur Projet développe des modèles agroforestiers combinant reforestation et renforcement des systèmes agricoles en place. Formés par des ingénieurs agronomes, les producteurs locaux assurent la plantation et le suivi des arbres sur le long terme. Les arbres rendent de nombreux services grâce à leur influence positive sur les propriétés de l’écosystème: ombrage des cultures, augmentation des rendements
agricoles à l’hectare, fertilisation des sols, lutte contre l’érosion, fixation de l’azote, réduction de l’effet de serre par séquestration de carbone, préservation des ressources en eau et de la biodiversité.
– Conservation forestière de vastes zones de forêts primaires et secondaires menacées
Pour protéger les forêts, véritables banques mondiales de biodiversité, d’eau et de carbone séquestrés, poumons de la planète et régulateurs du climat, Pur Projet développe avec les populations locales des projets complémentaires de conservation forestière. Les activités développées sont multiples : inventaire de la faune et de la flore, tracé de chemins,
observatoires, création de postes de gardes forestiers, éco-tourisme en bordure des forêts, développement d’activités socio-environnementales.
Un portefeuille de projets forestiers communautaires dans différentes
régions du monde
Les Pur Projets reposent sur un réseau de coopératives partenaires expérimentées : Pur Projet est né sous l’impulsion de Tristan Lecomte,
fondateur d’Alter Eco, entreprise pionnière du commerce équitable, et repose sur la dynamique de son réseau composé de 50 organisations soit plus de 150 000 planteurs répartis dans 30 pays du Sud :
Un réseau maîtrisant la culture agroforestière, adaptée à la taille de leurs exploitations
Un réseau rodé aux exigences de la traçabilité : certifiés BIO dans la grande majorité et FLO (Max Havelaar), les petits producteurs connaissent les exigences de la certification, de la traçabilité et les principes de développement durable. Ils sont sensibles aux problématiques environnementales et sociales. Ils sont visionnaires et engagés.
Un réseau de coopératives partenaires expérimentées qui a déjà fait ses preuves tant au niveau individuel que collectif : les petits producteurs sont les premiers producteurs mondiaux. Ils excellent dans la plantation, le suivi des cultures, la préparation et l’exportation des récoltes. Aujourd’hui, ils appliquent ce savoir-faire dans la plantation d’arbres natifs et leur suivi.
Des co-bénéfices multiples pour l’homme et l’environnement
Les activités de reforestation et de préservation :
Répondent aux besoins des petits producteurs;
Augmentent et diversifient les revenus des producteurs, en leur apportant notamment une visibilité à long-terme;
Préservent la souveraineté alimentaire des populations locales;
Favorisent la préservation de la biodiversité et des écosystèmes régionaux;
Facilitent le stockage de l’eau et la régulation de la pluviométrie et du cycle de l’eau;
Evitent l’érosion et l’épuisement des sols;
Stockent du carbone et luttent ainsi contre le réchauffement climatique;
Augmentent la formation des nuages, favorisant la réverbation des rayons solaires, atténuant ainsi le réchauffement climatique.
Il y a de multiples avantages à agir pour la préservation du climat et de l’environnement par la reforestation et la conservation communautaires des forêts. Les projets développés ont une très forte valeur ajoutée sociale et une qualité environnementale supérieure à la moyenne des projets carbone observés. Une forme de carbone équitable, liée à l’amélioration des conditions de production, et à la préparation aux changements climatiques (sécheresses et pénuries d’eau en particulier).
L’objectif est autant de travailler sur les résultats concrets que sur la dimension intérieure des projets (satisfaction, bien-être, bonheur). Il ne s’agit pas de développer un modèle productiviste, complexe, lourd et stressant pour les agriculteurs, mais au contraire des modèles agroécologiques qui fonctionnent plus facilement, à taille humaine et combinent de bons rendements avec une vraie satisfaction quotidienne.
Une définition élargie du Développement Durable
La Forêt, dans bien des cultures est à l’origine de mythes et de sagesses anciennes. Les peuples premiers d’Amazonie évoluent ainsi en complète harmonie avec elle et ils ont pleinement conscience de leur interdépendance avec leur environnement. Ce lien profond entre l’Homme et la Nature se retrouve en Thaïlande, par exemple, pays bouddhiste où Spiritualité et Ecologie sont confondues. L’enseignement des moines des forêts consiste simplement à observer les lois de la Nature et à s’en inspirer pour mener sa vie à bien. Pour nos sociétés modernes, cette sacralité de la forêt est le rappel d’une sagesse ancestrale aujourd’hui oubliée qui relie la survie de l’Homme à son écosystème. « Planter des arbres et éviter la déforestation vont bien
au delà d’un geste économique, social et environnemental, c’est un acte fondamental qui nous relie directement à notre responsabilité vis-à-vis de la Vie. C’est cette ligne directrice, cette définition élargie du développement durable, que nous souhaitons partager avec nos partenaires et le grand public » résume Tristan Lecomte.
Les Purs Projets pollinisent le monde
Rappel sur les différentes certifications possibles des projets carbone
Il existe deux circuits principaux de certification et de distribution des crédits de carbone.
Le marché réglementaire: les projets sont certifiés suivant des méthodologies CDM (Clean Development Mechanism, Mecanismes de Developpement Propre, c’est-à-dire de compensation) établies et validées par l’UNFCCC et contrôlés par un tiers. Les crédits CDM générés sont enregistrés à l’UNFCCC (United Nations Framework Conference on Climate Change, Kyoto). Les Etats peuvent acquerir les crédits CDM afin d’atteindre leurs objectifs liés au protocole de Kyoto (2008-2012).
Le marché volontaire: les projets sont certifiés suivant des méthodologies et standards privés, comme le VCS (Voluntary Carbon Standard) ou le CCBA (Climate Community Biodiversity Alliance) et controlés par un tiers. Les crédits générés par les projets sont enregistrés dans des registres privés (tenus par des banques, comme la Caisse des Dépôts et Consignations, ou des organismes privés reconnus). Les entreprises, organisations ou particuliers peuvent acquérir ces crédits, soit pour les revendre, soit pour compenser leurs emissions de CO2 (dans ce cas, les crédits sont « détruits » car déjà utilisés pour compenser).
Il existe 5 standards privés pour la validation de crédits sur les marchés volontaires : VCS, CCBA, Gold Standard, Plan Vivo et CFX (Carbon Fix).
VCS est le standard le plus utilisé sur le marché volontaire (60 % des projets au niveau mondial). Ce standard passe en revue un grand nombre de critères économiques, sociaux et environnementaux du projet et s’attache à valider la cohérence des flux carbone générés. Il s’applique à tout type de projet carbone et reconnaît les méthodologies CDM (réglementaire) qui peuvent être utilisées pour une validation VCS.
Dans le domaine forestier, les deux principaux standards de VCS sont :
VCS AFOLU (Voluntary Carbon Standard on Aforestation, Forestation and Other Land Use): standard de projets volontaires d’aforestation,
de reforestation et de changement de pratique culturale sur les sols. Méthodologie utilisée par Pur Projet pour les projets de reforestation.
VCS REDD (Voluntary Carbon Standard, Reduced Emissions from Deforestation and Forest Degradation): standard de projets volontaires
de réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts, aussi appelé déforestation évitée. Méthodologie utilisée par
Pur Projet pour les projets de conservation forestière.
– Le standard CCBA (Climate community Biodiversity Alliance) met l’accent sur la validation et la valorisation des co-bénéfices des projets carbone, en particulier l’impact sur la Biodiversité et les communautés. Ce standard ne permet pas l’enregistrement de crédits mais il est souvent utilisé en complément de VCS, pour mieux valoriser le caractère intégral et durable du projet.
– Validation et verifications : Les projets carbone de Pur Projet s’étalent sur une durée de 40 ans, il sont « validés » par un tiers (des
organismes de certifi cation comme Rainforest Alliance, SGS, Veritas, TUV SUD,..) en début de période (validés et ainsi considérés comme des projets carbone), puis les stocks de carbone sont « vérifiés » par un tiers au minimum tous les 5 ans pendant 40 ans.
Inondations, pénuries d’eau, sécheresse des sols, canicules, feux de forêts, retrait-gonflement des argiles…, le changement climatique impacte déjà notre quotidien, notre environnement et nos...
“(Re)faire tribu” est la newsletter mensuelle d'Hugo, 24 ans, parti découvrir l’art de faire communauté. Tous les mois, il nous partage des pépites pour...
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