D’une violence supérieure à celle de 1999, la tempête Klaus a gravement touché les forêts dans le Sud-Ouest. A l’heure où se mettent en place des aides exceptionnelles pour répondre aux pertes économiques dramatiques, il convient de tirer définitivement les leçons de cette tempête et de repenser notre vision du rôle de la forêt.
Semis artificiel, plantation à l’identique d’une seule essence, alignement des arbres, la forêt française est marquée par une monoculture d’arbres du même âge qui fragilise la forêt face aux évènements climatiques extrêmes. « Ne reproduisons pas les erreurs du passé. Restaurer les forêts à l’identique, c’est passer à côté des enjeux de gestion durable et du rôle multifonctionnel des forêts. Les méthodes de reboisement mises en œuvre depuis 50 ans sont qualitativement défavorables à la conservation de la biodiversité, à la qualité des paysages et comme on vient de tragiquement le constater à la capacité à résister aux tempêtes. », déclare Emmanuelle Neyroumande, responsable forêt au WWF-France.
Promouvoir l’écologie forestière
En 2000, les associations de protection de la nature WWF-France et Greenpeace, les fédérations France Nature Environnement et Réserves Naturelles de France s’étaient associées pour rédiger et diffuser une Charte partenariale pour la restauration des forêts après tempête. Cette charte, toujours d’actualité, a pour objectif d’aider les gestionnaires et propriétaires forestiers à engager une restauration des forêts endommagées fondée sur l’écologie forestière. Mise en œuvre dans la réserve de Cousseau entre 2000 et 2004, ce document peut aider à mieux développer les capacités de résistance aux aléas climatiques extrêmes qui vont se développer avec les dérèglements à venir.
Diversité des essences et refus de la précipitation.
Le WWF-France recommande donc aux différents acteurs de la gestion forestière de s’engager dans un processus de restauration plus proche de l’état naturel autrement dit intégrant de nombreuses espèces d’arbres locales, d’âge et de taille différents et adaptées au sol et aux conditions climatiques, avec un sous bois et des lisières diversifiés. Pour les Landes, ce serait une mosaïque de forêts de pins maritimes avec des chênes, des bouleaux. Autre point important, la gestion du temps. Il est important de prendre le temps d’évaluer la capacité de la forêt à se régénérer naturellement, et décider de la nécessité ou non de faire des plantations complémentaires. A vouloir exploiter le bois dans l’urgence sur des sols détrempés puis planter rapidement, on risque de faire mal et cher ce que la nature fait à moindre coût.
La restauration après tempête est donc une étape cruciale pour redéfinir la forêt française de demain et son mode de gestion. Des solutions durables et profitables pour les territoires existent, il est grand de temps de les appliquer.
Pour en savoir plus retrouvez les documents de référence du WWF :
– Rapports WWF : « Recréer les forêts », « Si la forêt s’écroule »,
– Fiches « Restaurer la biodiversité des forêts »