De plus en plus de mangas traitent de la relation des Hommes avec leur environnement, et alors que nous parlons en France plus souvent d’écologie sans plus agir, des japonais réapprennent à ressentir concrètement les messages de la nature. Ainsi, Les Fils de la Terre, nouvelle série manga éditée par Akata / Delcourt nous démontre que, pourvu que l’on accepte de faire le sacrifice de notre avidité et de notre cupidité matérialiste, il est possible de retrouver le goût des choses simples, et du bonheur qu’elles seules savent procurer.
Les Fils de la terre


Tajikarao, l’esprit de mon village

Inugami, le réveil du Dieu Chien
Fumiki Shimazaki est un jeune homme sans histoire. Elève de terminale, il cache son ennui au fond d’une usine abandonnée. Dans ce refuge secret, il peut se retrouver dans la lecture de poètes qu’il rêve d’imiter plus tard. Mais un après-midi, alors qu’il s’abandonne à sa passion, un chien surgit brusquement dans sa vie.
D’où sort cet animal doué d’une si grande sensibilité et dont le seul signe distinctif est un tatouage à l’oreille: « 23 » ? Qui est ce mystérieux personnage qu’accompagnent des hommes de main pour le compte d’un laboratoire pharmaceutique ? Que cache le projet de capture de 23 ? Son code génétique pourrait-il être utilisé à des fins inavouables ? Et dans quel but un dangereux adepte de la magie noire s’intéresse-t-il aussi à 23 ?
Le réveil du Dieu Chien est une histoire d’amitié entre un chien à l’origine divine et un lycéen. Ensemble, ils vont être entraînés dans une aventure à l’actualité brûlante. Manipulations génétiques guidées par les intérêts financiers les plus morbides et réactions des puissances sacrées de la nature à des pratiques magiques maléfiques, cette oeuvre reflète les préoccupations d’une partie de la société japonaise à l’égard de l’usage de la science et des pouvoirs occultes qui manipulent la société.
Proche des préoccupations de beaucoup d’entre nous, ce manga vous fera réaliser que derrière le désordre actuel se cachent des volontés et des projets plus horribles que vos pires soupçons. La nature sanctionnera-t-elle notre silencieuse complicité ?
Inugami, le réveil du Dieu Chien – Dessin: HOKAZONO Masaya
Scénario: HOKAZONO Masaya – 14 Volumes de cette série sont parus actuellement aux Editions Akata / Delcourt
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Rivage
L’héroïne de l’histoire, Torago, vit sous le poids de la culpabilité : enfant, alors qu’elle jouait sur un bateau avec sa grande soeur Tana, elle a vu cette dernière disparaître dans les flots, sans pouvoir la sauver. Se sentant responsable de cette tragédie, elle a grandi dans le remords ; en réalité, pourtant, ce n’est pas elle la véritable coupable, mais plutôt celui qui est devenu son mari : Kukuri. Celui-ci se sait responsable de la disparition de Tana, mais n’a jamais osé l’avouer ; il vit dans la honte de son mensonge. Ainsi ces deux personnages se sentent-ils soulagés lorsque apparaît, exactement à l’endroit où avait disparu Tana, son sosie, Maname : c’est une jeune fille dont tout semble indiquer qu’elle a grandi dans la civilisation. Pensant pouvoir enfin se libérer de son passé, Torago décide de s’occuper d’elle, et de l’intégrer à sa famille. Malheureusement, l’arrivée de Maname coïncide parfaitement avec l’apparition des premiers signes avant-coureurs de ce qui va causer le drame de l’île du démon : une éruption volcanique. C’en est assez pour convaincre la grande prêtresse du village que Maname est un être diabolique, qui est venu sur l’île pour y apporter le malheur…
Certes, la trame de fond sur laquelle repose l’oeuvre n’est pas vraiment originale : la question de l’homme en communion avec la nature, ramené à son essence première, n’est en effet pas nouvelle. Mais elle est ici traitée avec brio.
A n’en pas douter, Rivage est une histoire, qui en s’intéressant à une société primitive, va en fait nous parler de nos sociétés modernes. Du Japon en premier lieu, bien évidemment, car l’histoire se déroule sur une île. La métaphore est évidente, et l’arrivée d’une naufragée sur la petite île du diable va provoquer des réactions lourdes de sens. Mais Haruko Kashiwagi est une auteure bien plus subtile que cela, et son propos va dépasser de très loin une simple critique sur la xénophobie . Il faut également souligner la justesse avec laquelle Kashiwagi Haruko affirme la personnalité de ses protagonistes. Tous sont humains : ils ont leurs défauts et leurs qualités propres, et font preuve, en toute circonstance, de comportements dont on se sent nécessairement proche.
Pourtant, tout cela ne serait rien sans celle qui constitue le pivot de l’histoire, et lui permet de développer tous les thèmes qu’elle aborde : Maname. Qui est-elle vraiment ? N’est-elle qu’une innocente victime ou cache-t-elle sous son apparence de femme de bien plus terribles aspects ? Le lecteur sera, au même titre que la population de l’île, très partagé et aura bien du mal à cerner ce personnage mystérieux. En tant qu’homme moderne, on a envie de croire, également, que sa folie diabolique est simplement le fruit de la réaction de rejet immédiate qu’ont eue les habitants de l’île à son égard. D’un autre côté, fourbe, habile, intelligente et manipulatrice, elle sait mettre de son côté les atouts matériels et humains, profiter de sa « supériorité » sans en avoir l’air. Dès lors, la question est évidente : l’arrivée de Maname sur l’île du démon a-t-elle un lien avec l’irruption du volcan ?
D’un autre côté, les villageois de l’île, sans l’éloignement de la nature que nécessite toute forme de ce que l’on appelle « progrès », sont heureux. Ils sont en harmonie avec leur environnement, et acceptent de s’en contenter plutôt que de le piller. Ils n’en prennent que ce dont ils ont besoin ; au contraire de Maname qui, d’abord à l’aide de son filet, puis en tant que chef du groupe des rebelles, fera preuve d’une insatiable gourmandise. Elle essaie, en somme, d’asseoir sa supériorité sur la nature, tandis que les habitants de l’île, eux se gardent de toute forme d’excès.
Rivage réussit donc le pari d’amener son lecteur à s’interroger sur les deux visages de l’homme : « l’homme dans la nature », à l’image des villageois, et « l’homme face à la nature », incarné par Maname. C’est en fin de compte cette dichotomie qui rendra l’oeuvre intéressante aux yeux de nombreux lecteurs.
Rivages Dessin et scénario: KASHIWAGI Haruko – 5 Volumes de cette série sont parus actuellement aux Editions Akata / Delcourt
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