« La vie de millions de personnes et les espoirs de milliards d’autres dépendent de la réalisation des engagements pour lutter contre la pauvreté, l’analphabétisme, les maladies », a affirmé M. Annan lors de l’ouverture du Sommet du soixantième anniversiare de l’ONU, plaidant en faveur de la mise en œuvre de la réforme des Nations Unies et d’une « action collective » face à la pauvreté et aux défis de la sécurité. « Les profonds clivages entre États Membres et le manque d’efficacité de nos institutions collectives nous empêchaient de nous unir pour affronter ensemble les dangers que nous connaissons et de saisir les possibilités qui s’offraient à nous », a regretté M. Annan, pointant l’échec principal dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération. « Ceci est inexcusable », a-t-il déclaré. « Les armes de destruction massive nous menacent tous, en particulier dans un monde vulnérable au terrorisme qui a des ambitions mondiales et aucune retenue », a-t-il ajouté, soulignant également l’urgence de réformer le Conseil de sécurité.
« Quelles que soient nos différences, dans ce monde interdépendant, ou nous nageons ensemble ou nous coulons tous » , a en outre déclaré M. Annan. Il est indispensable, selon lui, de « restaurer l’intégrité, l’impartialité et la capacité d’action de l’Organisation, non seulement dans l’intérêt de son personnel mais également des peuples vulnérables et dans le besoin qui comptent sur l’aide des Nations Unies ».
Intégrité et aide aux pays les plus pauvres ont également été deux des thèmes dominants développés par le Président Bush dans son intervention. Créées pour répandre l’espoir de liberté, lutter contre la pauvreté et les maladies, l’ONU doit être forte, efficace et intègre, a-t-il estimé. Si les Nations Unies veulent être respectées, elles doivent se montrer dignes de ce respect, a ajouté M. Bush, qui s’exprimait en tant que Président du pays hôte. Il a en outre souhaité que les citoyens des pays les plus pauvres jouissent du même accès à l’économie mondiale que ceux des pays les plus riches. Il a ainsi préconisé l’élimination des subventions à l’agriculture qui entrave le commerce et le développement, ainsi que la suppression des droits de douane et autres barrières douanières. En étendant le marché, « nous répandons l’espoir et des opportunités et coupons l’herbe sous le pied des terroristes qui se nourrissent de la colère et du ressentiment », a-t-il observé.
Le Premier Ministre suédois, Göran Persson, dont le pays assure la présidence de la soixantième session de l’Assemblée générale, avait ouvert le Sommet, en évoquant le risque réel que les pays les plus pauvres n’atteignent pas les Objectifs du Millénaire. « Ce Sommet doit remettre sur les rails la lutte contre la pauvreté », a-t-il affirmé. Omar Bongo Ondima, Président du Gabon, pays qui assumait la présidence de la précédente session, a souhaité pour sa part que naisse « une nouvelle dynamique » et que le Sommet « constitue un nouveau départ fait d’engagements et de pragmatisme afin de répondre concrètement aux défis auxquels nous sommes contraints ».
Les inquiétudes émises par Göran Persson semblent, malheureusement, se confirmer à la lecture de l’article Vittorio DE FILIPPIS pour le journal LIBERATION (édition du 14/09/2005). En Voici quelques extraits…
« Septembre 2000, un nouveau siècle s’ouvre sur une déclaration de solidarité sans précédent. Sous l’égide de l’ONU, 189 chefs d’Etat et de gouvernement s’engagent à tout faire pour remplir des objectifs quantitatifs et qualitatifs de nature à réduire sensiblement toutes les formes de pauvreté humaine au plus tard en 2015. Pour cela, ils adoptent les «objectifs du millénaire pour le développement», au nombre de huit. Certes, le monde a assisté à des améliorations spectaculaires : l’espérance de vie a gagné huit ans, l’analphabétisation est globalement en recul, la proportion de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour diminue en Asie. Mais voilà : au rythme actuel, le monde n’atteindra en 2015 qu’un ou deux objectifs du millénaire, comme celui qui consiste à réduire de moitié la pauvreté monétaire. Et encore, grâce aux progrès accomplis en Chine et en Inde. L’Afrique subsaharienne devra attendre l’an 2147. Petit tour d’horizon d’un compte à rebours mal enclenché. »
Réduire de moitié l’extrême pauvreté et la faim
Plus de 1,2 milliard de personnes survivent avec moins d’un dollar par jour. A New York, certains ne manqueront pas de souligner qu’au cours des années 90 la proportion des personnes souffrant de l’extrême pauvreté monétaire est passée de 30 % à 23 %, soit 123 millions en moins. Mais d’autres ajouteront qu’une fois retranchés les progrès de la Chine, «le nombre des individus extrêmement pauvres a en fait augmenté de 28 millions». De même le nombre de personnes souffrant de la faim a certes été réduit de 20 millions au cours des dix dernières années… Mais là encore, si l’on ôte la Chine, il s’est accru.
Rendre universelle l’éducation primaire
Il s’agit de donner à tous les enfants du monde, filles et garçons, les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires. Dans les pays en développement, plus de 80 % des enfants sont inscrits dans l’enseignement primaire. Pourtant, 115 millions d’entre eux ne fréquentent pas l’école primaire, et les niveaux de scolarisation sont cruellement faibles en Afrique subsaharienne (59 %) et en Asie du Sud-Est (84 %). En fait, une fois inscrit, seul un enfant sur trois achèvera sa scolarité primaire. Sans compter les disparités criantes entre les sexes : 60 % des 115 millions d’enfants qui ne vont pas en classe sont des filles. Un problème qui est exacerbé par le recul des aides des pays donateurs pour l’éducation. Elle a accusé un repli de 30 % au début des années 2000.
Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomie des femmes
Ce troisième objectif, qui met l’accent sur la nécessité d’une plus grande autonomie des femmes, passe par leur formation primaire et secondaire. Sur les 65 pays en développement pour lesquels l’ONU a des données, environ 50 % ont atteint la parité dans l’enseignement primaire, moins de 20 % dans le secondaire et 8 % dans le supérieur. Or, toutes les statistiques sont formelles : leur éducation favorise leur accès à la vie politique, à l’univers des entreprises… Lorsqu’elles grandissent, les filles qui sont allées à l’école ont moins d’enfants et sont en meilleure santé.
Réduire le taux de mortalité des enfants
Chaque année, plus de 10 millions d’enfants de moins de 5 ans soit 30 000 par jour meurent de maladies qui auraient pu être évitées. Les causes de ces décès sont pourtant connues : mauvais accès à la médecine préventive, mauvais traitement des maladies bénignes, déshydratation, malnutrition… Globalement, des progrès sont là. Mais si rien ne change, les pays les plus affectés, comme ceux de l’Afrique subsaharienne, devront attendre cent cinquante ans de plus (par rapport à 2015), pour parvenir à une réduction des deux tiers de cette mortalité. »
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