A l’occasion de sa 10e édition, et alors que le gouvernement vient de présenter son plan de sobriété, le Printemps de l’économie et OMNES Éducation dévoilent les résultats d’un sondage Opinionway sur la perception qu’ont les Français de la sobriété énergétique : ses avantages et ses freins, les efforts qu’ils sont prêts à faire, ceux qu’ils font déjà, leurs attentes en termes de politiques publiques ou encore vis-à-vis de leurs entreprises. Confrontés à cet enjeu économique mondial et aux incitations du gouvernement que pensent et que veulent les Français ?
- 88% des Français estiment que la sobriété énergétique est une nécessité
- 73% des Français estiment qu’elle est avant tout rendue nécessaire par le changement climatique
- 79% des Français estiment qu’elle est compatible avec l’idée qu’ils se font du bien-être
- 31% estiment qu’il serait préférable de laisser les acteurs modifier eux-mêmes leur comportement
- 31% des Français privilégient des mesures allant vers une meilleure gestion de la consommation d’énergie
- 66 % des Français attendent des engagements de l’Etat (38% des mesures incitatives et 28% des mesures contraignantes)
- 42% des Français estiment que la rénovation énergétique des logements doit être la priorité de l’Etat ; 33%, le développement des énergies renouvelables, 33% la lutte contre l’obsolescence programmée
La sobriété énergétique, une nécessité partagée par l’immense majorité des Français
Les Français sont unanimes : la sobriété énergétique est un impératif pour 88% d’entre eux, rendu nécessaire par le changement climatique (73%) bien plus que par la guerre en Ukraine (15%). Ils ont contre toute attente, une posture positive face à cette transition, puisque 79% des Français estiment que la transition vers une société plus sobre énergiquement est compatible avec l’idée qu’ils se font du bien-être, et 19% considèrent même cela tout à fait compatible.« Je baisse, j’éteins, je décale », les Français le font déjà !
Les actions concernant la consommation de chacun, dont les effets probablement plutôt symboliques en terme d’impact cumulé, sont pourtant perçues par les sondés comme très importantes. En tête de celles-ci :- La réparation des appareils plutôt que de les changer (86% pour des efforts évalués à 6,4/10 en moyenne)
- Réduire sa consommation d’eau lors de la vaisselle, des douches, etc. est important pour 84% des Français,
- Réduire sa consommation d’énergie en baissant le chauffage, éteignant les lumières (82%).
« Déjà acquis à la sobriété domestique par effet prix ou conscience des gaspillages dénoncés par de nombreuses campagnes de sensibilisation, on est surpris du manque d’ambition des annonces du gouvernement, qui enfoncent des portes ouvertes » souligne Pierre-Pascal Boulanger, Président du Printemps de l’économie.
Mais…
74 % des Français estiment que privilégier le train à la voiture ou à l’avion a un impact plus positif que de diminuer sa consommation de viande (58%). Pourtant, la production industrielle de viande est connue pour être un poste de pollution important.« La question de la viande laisse supposer qu’on se heurte à deux freins, la méconnaissance de la complexité de l’industrie des protéines animales et également le fait « culturel » et social, manger de la viande est un marqueur social auquel les Français les plus fragiles ne voudraient pas devoir renoncer » souligne Pierre-Pascal Boulanger.
Comment perçoivent-ils le rôle de l’entreprise dans la perspective de sobriété ?
Alors que 87% d’entre eux jugent la transition vers une société plus sobre comme une nécessité, les salariés estiment que plusieurs actions efficaces pourraient être mises en place dans leur entreprise. Parmi celles-ci, trois actions seraient efficaces pour plus de quatre salariés sur cinq :- Privilégier les fournisseurs locaux (85%, dont 35% estimant que cela serait très efficaces)
- Relocaliser la production en France ou en Union Européenne (84%, dont 41% très efficaces)
- Limiter les déplacements des dirigeants (81%, dont 38% très efficaces).
Une affaire de revenus, la sobriété ?
La vision des actions a mener pour plus de sobriété diffère la catégorie socio-professionnelle. Si l’ensemble des CSP montre d’un niveau de conscience très élevé face à l’impact environnemental des modes de vie, dans le détail, une différence intéressante s’esquisse en fonction du niveau de vie. Les CSP+, par exemple, sont davantage convaincus qu’il faut réduire la consommation d’énergie (+8pts vs CSP- ), de biens importés (+8pts vs. CSP-) ou l’utilisation de véhicules thermiques individuels (+5pts vs. CSP-). A l’inverse, 83% des CSP- considèrent qu’il faut privilégier la consommation d’objets de seconde main. C’est 9pts de mieux que les CSP+… qui ont très probablement moins recours à ce type d’offre. Dis-moi combien tu gagnes, et je te dirai à quel type de sobriété tu es prêt ?Les femmes, avenir de la sobriété ?
Les femmes et les hommes ne sont pas égaux non plus dans la sobriété. Elles sont une sur cinq a déclarer faire des efforts de sobriété conséquents contre un homme sur huit. Plus positives – ou plus optimistes – sur l’impact des actions à mener, les femmes s’attachent plus aux gestes du quotidien et croient moins aux actions à grande échelle que les hommes. Par exemple, réduire les emballages les convainc plus que l’énergie nucléaire ou le fret ferroviaire. Elles déclarent aussi consentir plus d’efforts pour réduire la consommation d’eau et privilégier la seconde main, contrairement aux hommes. Manger moins de viande leur paraît aussi plus utile pour la sobriété environnementale. Au travail aussi, le concret a leurs faveurs, comme mieux organiser le travail : elles croient bien plus à ses vertus sur la sobriété que les hommes (84 % vs 69 %). Enfin, les femmes se distinguent par leur plus forte demande d’exemplarité des dirigeants. Elles ont une confiance accrue dans le changement des comportements pour organiser la sobriété. L’avenir dira si, comme elles le pensent un peu plus fortement que les hommes, cette sobriété s’avère compatible avec le bien-être.Les Français expriment des attentes envers l’Etat
La rénovation énergétique des logements les moins bien isolés (dits « passoires thermiques ») déjà ciblés par le gouvernement au travers de sa loi Climat et Résilience, est de loin la politique publique prioritaire pour les Français (42%). Suivent le développement des énergies renouvelables (33%) et la lutte contre l’obsolescence programmée (33%). Ces priorités sont en cohérence avec les mesures citées spontanément par les Français qui privilégient des mesures allant vers une meilleure gestion de la consommation d’énergie (31%). Un deuxième groupe de mesures citées par environ un quart des interviewés se distingue : la réduction des emballages (29%), privilégier le fret ferroviaire au transport routier (26%) et développer l’énergie nucléaire (25%). Autre débat de la rentrée : l’instauration d’une taxe sur les superprofits des entreprises est prioritaire pour 22% des Français. Les mesures les moins prioritaires pour les Français concernent la voiture, sujet particulièrement sensible comme l’avait montré le rejet de la taxe carbone en 2018 et 2019. L’interdiction de vendre des véhicules thermiques neufs avant 2035 et la réduction de la vitesse maximale sur l’autoroute ne sont citées que par 6% des interviewés.Incitation ou sanction ?
Si les objectifs sont assez clairs, la méthode pour parvenir à organiser une société plus sobre énergétiquement paraît plus floue. La méthode la plus citée est le recours à des méthodes incitatives – comme des taxes ou subventions – destinées à orienter les comportements sans rien imposer (38%). Mais près d’un tiers des Français (31%) estiment qu’il serait préférable de laisser les acteurs modifier eux-mêmes leur comportement. Et 28% des personnes interrogées, conscientes des limites des autres méthodes face à l’urgence climatique, considèrent qu’il est préférable de prendre des mesures contraignantes quitte à restreindre certaines libertés. La position de chaque interviewé diverge en fonction des opinions politiques : les mesures incitatives sont privilégiées par 53% de sympathisants de la France insoumise et 47% des sympathisants de Renaissance. En revanche, l’approche libérale laissant la liberté à tous les acteurs de modifier leurs comportements convainc davantage les personnes proches de l’extrême-droite (41%).« Comment rêver si on nous invite à ne voir la sobriété que par le petit bout de la lorgnette ? Les petits gestes ne suffiront pas, on le sait. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas les faire. Mais celles et ceux qui les adopteront les feront-ils pour sauver la planète ? ou parce que l’atteinte au pouvoir d’achat, l’effet du signal-prix les y contraindront ? Pourquoi les feraient-ils, ces gestes, s’ils ont le sentiment que les entreprises et autres acteurs ne modifient pas également ou suffisamment leurs comportements ? Pour que la sobriété soit acceptée, il faudra que les efforts soient partagés, donc de la justice sociale.» conclut Pierre-Pascal Boulanger, Président-fondateur des Économiques et du Printemps de l’économie.
Résultats du sondage Opinionway pour le Printemps de l’économie
OpinionWay pour Printemps de l’économie – Les Français et la sobriété énergétique – Septembre 2022Méthodologie :
L’étude « Les Français et la sobriété énergétique », pour Le Printemps de l’économie et OMNES Education, a été réalisée en ligne du 20 au 21 septembre 2022 auprès d’un échantillon de 1039 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence.A propos du Printemps de l’économie
Créé en 2013 par Pierre-Pascal Boulanger, à la suite d’une impulsion que lui a donnée Michel Rocard, le Printemps de l’Economie a pour ambition de proposer au grand public et particulièrement aux jeunes (lycéens, étudiants, jeunes actifs) de réfléchir chaque année à un thème de l’actualité économique. Il a été rejoint en 2015 par Rémi Jeannin. L’ambition d’ouvrir la sphère éducative sur l’économie et d’œuvrer à la citoyenneté par une meilleure compréhension du monde permet à cet événement d’être soutenu par de nombreux partenaires institutionnels, scientifiques et associatifs (Académie de Paris, CAE, Institut CDC pour la recherche, Centre d’Economie de la Sorbonne, CEPII, Cnam, France Stratégie, IGPDE, Insee, PSE/Ecole d’économie de Paris, La finance pour tous, APSES, Les Economiques de Turgot, Lycée Turgot, Mairie du 3e, Natixis, OFCE Sciences Po, Xerfi). Le Printemps de l’économie dispose d’un Conseil Scientifique rassemblant dans leur plus grande diversité des économistes et des chercheurs en sciences sociales, des représentants des médias et de l’Education nationale. Par ailleurs, un Conseil Etudiant (une vingtaine d’étudiants issus d’établissements du supérieur : universités, écoles d’économie, écoles d’ingénieurs et écoles de commerce) veille à maintenir l’accessibilité et l’attractivité du programme proposé, et participe à l’organisation de l’événement. Au cours de ses 5 premières éditions, le Printemps de l’économie a accueilli 300 intervenants différents dans plus de 200 conférences pour un public supérieur à 21 000 visiteurs dont plus de 55% sont des jeunes. – www.printempsdeleco.fr