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Selon l’INRA, la culture de coton Bt favoriserait un service écosystémique : la régulation biologique des bioagresseurs des cultures

En collaboration avec des chercheurs chinois de l’Académie des Sciences Agronomiques de Chine à Beijing, un chercheur de l’Inra de Sophia-Antipolis a mis en évidence l’impact positif de la culture à grande échelle du coton Bt sur un service écosystémique, la régulation biologique des bioagresseurs des cultures. Les chercheurs ont mis en évidence la corrélation de l’implantation de coton Bt (sur une période de 20 ans), et de la réduction concomitante de l’utilisation d’insecticides chimiques, avec un développement des populations d’auxiliaires des cultures. En retour, une diminution des populations d’insectes ravageurs, non ciblés par le Bt, a été observée sur ces cultures. Ce service écosystémique pourrait aussi avoir des effets bénéfiques sur des cultures avoisinantes, non transgéniques, car la présence de coton Bt dans le paysage induit un accroissement des prédateurs dans d’autres cultures, par exemple sur soja et maïs. Les résultats sont publiés dans la revue Nature le 13 juin 2012. Le coton Bt a été développé pour produire une toxine dérivée de la bactérie Bacillus thuringiensis (Bt), afin de combattre des insectes nuisibles appartenant à l’ordre des Lépidoptères. Depuis une quinzaine d’années, la Chine a considérablement favorisé la plantation de coton Bt, notamment pour lutter contre l’un des principaux ravageurs du coton, la noctuelle Helicoverpa armigera dont les larves se nourrissent des inflorescences et conduisent à d’importantes pertes qualitatives et quantitatives de récolte. En 2011, on comptait 3,9 Mha de coton Bt en Chine, soit plus de 71% des cultures de coton dans ce pays (source www.isaaa.org), et jusqu’à 95% dans le nord du pays. Cette implantation du coton Bt à grande échelle a permis de réduire de façon drastique l’utilisation d’insecticides ciblant la noctuelle. Grâce à des données recueillies de 1990 à 2010 sur 36 sites dans 6 provinces du nord de la Chine, les chercheurs ont étudié l’impact de la culture de coton Bt sur les organismes présents dans l’agro-écosystème coton et les cultures environnantes. Ils ont observé que la diminution d’utilisation d’insecticides à large spectre liée à la culture de coton Bt a favorisé l’augmentation des populations de trois groupes majeurs de prédateurs généralistes naturels : les coccinelles, les araignées et les chrysopes. Ainsi ces auxiliaires des cultures, dont les populations sont largement affectées par les insecticides à large spectre utilisés en agriculture conventionnelle, sont plus abondants dans les cultures de coton Bt. Ils y contribuent au contrôle biologique d’un autre ravageur lui aussi majeur du coton mais contre lequel la toxine Bt est inefficace, le puceron Aphis gossypii. Les chercheurs ont également observé que les auxiliaires colonisent les cultures voisines non transgéniques (maïs, arachide et soja). Outre un effet direct des cultures Bt sur l’évolution des populations cibles de la toxine[[B.E. Tabashnik et al. (2009). Field-Evolved Insect Resistance to Bt Crops: Definition, Theory, and Data. Journal of Economic Entomology 102, 2011-2025.]], il est connu que les insectes non-cibles y sont plus nombreux que dans les cultures conventionnelles[[M. Marvier et al. (2007). A Meta-Analysis of Effects of Bt Cotton and Maize on Nontarget Invertebrates. Science 316, 1475-1477.]], y compris d’ailleurs parfois certains ravageurs secondaires [[Y. Lu et al. (2010). Mirid Bug Outbreaks in Multiple Crops Correlated with Wide-Scale Adoption of Bt Cotton in China. Science 328, 1151-1154.]]. La présente étude suggère que l’adoption à grande échelle d’une culture Bt, en favorisant indirectement l’abondance des prédateurs généralistes dans les champs Bt (via un usage moins intensif d’insecticides), pourrait aider à restaurer un service écosystémique clé pour une agriculture durable, la régulation biologique naturelle par la faune auxiliaire.

Référence

Yanhui Lu, Kongming Wu, Yuying Jiang, Yuyuan Guo, Nicolas Desneux. Widespread adoption of Bt cotton and insecticide decrease promotes biocontrol services. Nature, 13 juin 2012. DOI : 10.1038/nature11153

Contact

INRA
INRA
Dr. Nicolas Desneux
Unité mixte de recherche Institut Sophia-Agrobiotech
Département scientifique « Santé des plantes et environnement »
Centre Inra Provence-Alpes-Côte d’Azur
Crédit Photo : © Yanhui Lu & Kongming Wu, CAAS, China

 

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