Sur le port de Boulogne sur mer, Nicolas Sarkozy a annoncé samedi dernier qu’il souhaitait profiter de la présidence française à l’Union Européenne au cours du second semestre 2008 pour « sortir de la politique des quotas ». En attendant plus d’explications, le WWF-France juge cette décision hâtive à la vue de l’état des stocks.
« Travailler plus pour gagner plus » est-il un slogan adapté à la pêche ? En effet, à trop pêcher, on prend le risque de ne pêcher bientôt plus rien et de condamner à moyen terme l’ensemble d’une filière à un chômage certain… En effet, l’abolition des quotas permettra dans un premier temps aux entreprises de pêche de renouer à court terme avec des bénéfices mais très rapidement, la surpêche engendrée ne pourra aboutir qu’à l’amenuisement voire à la disparition des stocks de poissons et par effet domino à la perte d’emploi pour les marins pêcheurs.
La pêche n’est pas une activité de production comme les autres. C’est une activité de cueillette qui dépend de la capacité de la nature à se régénérer. Cette régénération demande du temps. De plus, l’évaluation économique de la viabilité des quotas prend rarement en compte les prescriptions scientifiques.
Lors du Grenelle de l’Environnement, le Président de la République avait mis justement en avant la nécessaire application du principe de précaution et la volonté de prendre plus en compte dans la décision publique l’avis des parties prenantes. L’effet d’annonce de ce week-end ne nous semble pas aller dans ce sens mais au contraire être clairement grenello-incompatible.
Après l’annonce la semaine dernière du « plan pêche 2008 » qui comprend une vision à long terme pour le secteur, le WWF France se demande quel est le sens de cette déclaration. Pour Charles Braine, responsable du programme pêche durable au WWF France, « Une gestion de la pêche durable et l’urgence électorale ne font pas bon ménage. Le Président de la République pare au plus pressé afin d’éviter une nouvelle crise avec la profession »
Tout le monde fait le constat de l’échec de la politique commune des pêches (PCP) en ce qui concerne la gestion des ressources et le maintien des emplois. Les emplois n’ont pas pu être préservés et dans le même temps, les avis scientifiques n’ont jamais été suivis en ce qui concerne la préservation des stocks de poissons. Au-delà de ce constat partagé, il convient de trouver des mesures satisfaisant toutes les parties et trouvant l’assentiment de nos partenaires européens.
La situation de la pêche est trop préoccupante et complexe pour être gérée à coup d’effet d’annonce.