2010 a été déclaré par les Nations Unies année internationale de la biodiversité. C’est donc le moment d’adopter des mesures drastiques pour freiner la disparition des espèces, qui aujourd’hui s’écroulent 1 000 à 10 000 fois plus vite que son rythme naturel, selon l’IUCN (Union pour la nature). Dans la même optique que le système « Pollueur-Payeur » est appliqué aux industriels ou acheteurs de nouveaux véhicules, les acteurs économiques qui dégradent la biodiversité devront compenser cette perte de « capital naturel ». Le marché de la biodiversité devrait prendre forme cette année en France, d’autant plus que des études sur le coût économique de la destruction de la biodiversité se multiplient.
Évaluer financièrement l’apport de la biodiversité et le coût de sa destruction pour mieux la protéger est un des objectifs de l’Union Européenne et de l’ONU. 23 500 milliards d’euros par an, soit environ la moitié du PIB mondial, voilà la valeur des services rendus par les écosystèmes au niveau mondial, selon l’économiste Pavan Sukhdev, auteur d’un rapport sur le coût économique de la perte de biodiversité commandé par l’Union Européenne. L’Agence européenne pour l’environnement souhaiterait mettre en place une tarification des biens et services en fonction de leur véritable impact sur l’environnement. Comme on lit dans le manuel pour la création de marchés de la biodiversité publié par l’OCDE, on estime souvent que « les coûts induits par la conservation de la biodiversité ont un caractère local tandis que les avantages ont un caractère mondial. Il s’agit clairement d’une politique redistributive, dans la mesure où un groupe en tire avantage au détriment d’un autre : la collectivité locale y perd alors que la collectivité mondiale y gagne ». Qui doit payer ? C’est le point de vue du président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva qui considère qu’aucun étranger ne peut demander aux habitants de l’Amazonie de « mourir de faim » pour sauver la forêt et qu’il revient aux pays riches de payer pour préserver la région. « Nous voulons bien préserver (la forêt) mais eux (les gringos) devront payer la facture de cette préservation », a déclaré Lula dans un discours avant l’ouverture d’un mini-sommet des pays amazoniens à Manaus, au cœur de l’Amazonie brésilienne, en novembre dernier. Mais comment fixer le prix de la biodiversité ?Contrairement au carbone, il est impossible d’en donner une unité de mesure, selon Bernard Chevassus-au-Louis, auteur d’un rapport sur « l’approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes ». Cependant, ce même rapport estime que la perte des services écologiques pourraient représenter chaque année jusqu’à 7% du PIB mondial en 2050, soit environ 13 938 milliards d’euros. Calculer les pertes et les coûts L’équipe de Pavan Sukhdev missionnée par l’Union Européenne donne l’exemple de la seule forêt de Masoala, à Madagascar. Sa perte se chiffrerait à 1,5 milliard de dollars pour l’industrie pharmaceutique, 5 milliards pour le tourisme et 4 milliards de dollars pour les ménages. Selon une autre étude du même économiste indien publiée en novembre 2009, « si l’on investissait quelque 45 milliards de dollars par an dans le développement des zones protégées sur terre et en mer, cela permettrait d’assurer des bénéfices de l’ordre de 4 à 5.000 milliards de dollars par an après seulement quelques dizaines d’années ». La compensation en France La France devrait pouvoir intégrer des politiques de compensation pour les services rendus par la biodiversité cette année, selon Nicolas Sarkozy. Pour l’heure, il existe depuis 2008 un fonds de compensation pour la biodiversité doté par la Caisse des dépôts et consignation de 15 millions d’euros. La CDC Biodiversité est ainsi chargée de « constituer des actifs naturels pour permettre aux maîtres d’ouvrages de pouvoir effectivement compenser en aidant à la réhabilitation d’un terrain spécifique et non plus se contenter d’un dédommagement financier ». En parallèle, un fonds d’investissement pour le patrimoine naturel ( FIPAN ) a été lancé pour permettre aux entreprises de financer la préservation, la restauration ou la renaturation d’un milieu naturel, public ou privé. Le FIPAN émet des parts d’engagement sur un patrimoine naturel local et identifié. Il permet ainsi à l’entreprise de compenser ses impacts diffus sur les écosystèmes par des actions concrètes. Des instruments à développer Selon Novethic, nous sommes encore loin des Etats-Unis, qui offrent aujourd’hui le système de compensation le plus avancé. Les entreprises et agriculteurs qui portent atteintes aux zones naturelles doivent en effet acheter des crédits environnementaux à des banques spécialisées pour compenser les dégradations. Posté par Mariona sur le blog d’Alternative Channel Quelques vidéos d’Alternative Channel sur le thème de la biodiversité :Protéger la nature c’est rentable
La parution de cette vidéo coincide avec la publication du TEEB (L’Économie des Écosystèmes et de la Biodiversité) issu du rapport final 2009 du G8. Ce rapport démontre les avantages concrets d’une prise de conscience écologique dans les domaines politique, économique et social.Hubert Roy- Documentaire Nature et Environnement sur notre planète
Trop de pêche tue la pêche
Quel est le prix de la biodiversité ?
Le sujet est intéressant, mais l’article est rempli de contresens…
Le principe pollueur payeur ne dit pas qu’on doit payer pour polluer mais que la charge des efforts de limitation des pollutions doit être à la charge des pollueurs qui sont les mieux informé des moyens les plus efficaces de limitation et pour éviter des conséquences indésirables sur la compétition économique entre Etats. Les conditions d’application de ce principe aux objectifs de la politique de conservation de la biodiversité impliqueraient une réflexion un peu plus sérieuse, par exemple sur quelles sont le sinstitutions les plus à même de gérer des zones préservées à très long terme….
L’évaluation de la biodiversité à $13938 milliards est bien mentionnée par le rapport Chevassus, mais il s’agit d’une citation du rapport intermédiaire de TEEB concernant les pertes annuelles prévisibles dues au déclin de la biodiversité à l’horizon 2050. L’objectif du rapport du CAS était in fine de proposer des valeurs de référence pour l’évaluation des projets en France et tout de suite (enfin, aussi vite que le gouvernement voudra bien en traduire les conclusions en régles d’évaluation.
Le lien entre la valeur sociale de la biodiversité et l’éventualité de prix ou de transferts financiers internationaux est également un peu plus complexes que les déclarations tactique de Monsieur Lula (qui a toute ma sympathie par ailleurs) qui a refusé ce type de mécanisme à Copenhague. Etc.
Mais que ce la ne vous décourage pas de poursuivre sur ces sujets passionnants.
Cordialement,
Sokal