Dur réveil pour le Nord !, constate Philippe Frémeaux dans le magazine Alternatives Economiques de février. Les pays émergent et les firmes qui en sont issues ne sont plus seulement des usines d’assemblage pour multinationales en mal de dumping social, mais de redoutables concurrents capables d’investir au Nord.
Il y a à peine plus de trente ans, notre attitude à l’égard des pays du Sud relevait au mieux de la commisération, au pire du mépris. Certains les jugeaient incapables d’accéder au développement pour des raisons culturelles, d’autres aboutissaient à la même conclusion du fait de la dépendance dans laquelle les maintenaient les pays du Nord. Il y a vingt ans, il nous a bien fallu constater le développement accéléré de quelques mini-Etats ou pays: Singapour, Hongkong, Taiwan, Corée du Sud. Ceux qui hier faisaient du confucianisme un frein à la croissance ont découvert que ce même confucianisme pouvait légitimer une discipline finalement favorable au développement. Quant à ceux qui pensaient les pays du Sud interdits de rattrapage, ils ont fait observer que ces confettis asiatiques qui accédaient au développement étaient étroitement liés au système occidental. En résumé, on avait là des exceptions qui ne faisaient que confirmer la règle. Il y a dix ans, il a bien fallu admettre que le « Enrichissez-vous », lancé par Deng Xiaoping à ses compatriotes à la fin du maoïsme, commençait à produire ses effets. La Chine s’y était mise à son tour. Mais, là encore, les spécialistes nous expliquaient qu’elle ne faisait que brader sa main-d’oeuvre à bas prix pour fabriquer ce que nous ne voulions plus faire, sous la direction de nos propres multinationales. Il lui faudrait des décennies pour rattraper notre niveau de développement, compte tenu de son faible niveau technologique, du poids de sa bureaucratie, etc. Et voilà qu’en ce début 2008, il nous faut bien constater qu’une large partie du Sud s’est bel et bien mise en marche. La Chine compterait désormais, selon le magazine américain Forbes, plus de milliardaires en dollars que les Etats-Unis. Elle est même devenue l’an passé le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre. L’Inde, à son tour, est entrée dans la danse. Résultat: ce ne sont plus quelques dizaines de millions d’hommes et de femmes supplémentaires qui accèdent au développement, mais plus d’un tiers de la population mondiale, puisque ces deux pays rassemblent respectivement 19,8% et 17% de l’humanité. Avec des stratégies toujours à peu près les mêmes: un Etat devenu soucieux de développement, investissant dans l’éducation et les infrastructures, protégeant les industries naissantes tout en s’ouvrant au marché mondial afin d’accéder aux technologies les plus récentes; un Etat accordant à la société le minimum de liberté permettant aux individus de créer des richesses et de développer des entreprises sans risquer à tout moment de se voir confisquer leurs biens. Le résultat de tout cela est que notre regard sur le Sud a radicalement changé. Au mépris ou à la commisération s’est substituée la crainte. Les grandes nations d’Asie, hier nos obligées, sont devenues nos rivales. Alors que les écarts de richesse entre pays s’étaient constamment creusés durant les deux derniers siècles du précédent millénaire, ils diminuent désormais rapidement. Au point que ces pays sont devenus pour nous de redoutables concurrents. […] – Lire l’analyse complète de Philippe Frémeaux sur le site d’Alternatives Economiques (Alternatives Economiques – n°266 – Février 2008) – S’abonner à Alternatives EconomiquesLa Finance, un hors-série indispensable et toujours d’actualité d’Alternatives Economiques
Lorsqu’une barque se renverse, quelques personnes tombent à l’eau. Mais quand c’est le Titanic, le nombre de victimes explose. La finance (actions, obligations et crédits bancaires) pèse désormais l’équivalent de quatre fois le produit intérieur brut (PIB) mondial. Alors que les mouvements de capitaux étaient encore équivalents aux échanges de biens et de services au début des années 80 pour la plupart des pays, ils représentent aujourd’hui un montant quatre fois plus élevé en Allemagne, cinq fois plus au Japon, dix fois plus en France. La finance a pris un poids démesuré par rapport au fonctionnement des économies et ses dérapages ont des conséquences potentielles bien plus lourdes qu’hier sur la croissance mondiale, l’emploi et le bien-être des populations. – Acheter ce hors-série (N°75 – Décembre 2007) sur le site d’Alternatives Economiques