Eva Joly avance un peu plus ses pions vers l’élection présidentielle. « Oui, l’élection présidentielle m’intéresse. C’est clair », explique l’eurodéputée dans une interview à Sud-Ouest dans son édition du 15 août, quelques jours avant les Journées d’été de son mouvement Europe Écologie à Nantes (19-21 août). Si Eva Joly s’impose, à 66 ans, candidate d’Europe Écologie à la présidentielle, cet horizon s’accorde au destin qu’elle s’est forgé. Cette annonce est donc l’occasion de revenir sur le parcours hors norme de l’ex-magistrate qui osa la première écrouer un grand patron français (Le Floch-Prigent)…
« Une élection de ce type n’est pas une partie de plaisir pour qui s’y présente. Elle exige un engagement total. Il faut y dédier un an de sa vie », explique l’ancienne juge d’instruction franco-norvégienne qui avait instruit notamment l’affaire Elf. « Je ne m’y consacrerai que si je me sens portée par le mouvement dans sa totalité », précise cependant Eva Joly, 66 ans. « Ma candidature doit correspondre au désir des militants ». Et d’ajouter, prudente, qu’elle « comprendrait très bien une décision inverse de leur part ». Dès le printemps, Daniel Cohn-Bendit avait apporté son soutien à la candidature de l’ancienne juge d’instruction. Cécile Duflot – un temps pressentie – pourrait d’ailleurs ne pas se présenter. Les deux femmes qui affichent leur unité depuis plusieurs semaines, devraient d’ailleurs conclure ensemble les journées d’été de leur parti. La voie serait donc libre pour Eva Joly. La candidature qui tombe à pic, alors que le gouvernement fait face au soubresauts de l’affaire Woerth-Bettencourt. « Cette affaire démontre une concentration des pouvoirs très malsaine et des dysfonctionnements dans le fonctionnement de la justice », souligne Eva Joly. Interrogée sur la proposition de Nicolas Sarkozy de retirer la nationalité française à certains délinquants d’origine étrangère elle a déclaré : « Nous vivons une crise sociale très profonde, avec un million de chômeurs supplémentaires et 400 000 personnes tombées dans la précarité depuis un an. Plutôt que de traiter ce problème énorme, on fait porter la responsabilité du mal-être sur les étrangers ». « Le gouvernement (…) veut s’adresser à l’imaginaire et aux sentiments xénophobes ». Il y a quelques jours, la future candidate à la candidature pour les écologiste accusait Sarkozy de pratiquer un « racisme d’Etat ». Dans cet entretien, Eva Joly annonce ce qu’elle attend des journées de Nantes. Pour elle, il est primordial que son parti règle au préalable la question des structures. « Ce seront nos assises pour fonder le mouvement à l’automne », dit-elle. – Vous pouvez lire l’intégralité de son entretien sur le site de Sud Ouest en cliquant ici.Qui est Eva Joly Farseth ?
Née Gro Farseth, fille d’un tailleur d’uniformes militaires dans la banlieue ouvrière d’Oslo, Gro (prononcer : Grou) débarque à Paris à 19 ans. Jeune fille au pair chez les Joly, médecins de la belle bourgeoisie du 6e. Depuis l’âge de 16 ans, Gro travaille pour payer des cours de français et une école de commerce. Elle tombe amoureuse du fils de la maison, Pascal. Les beaux-parents coupent les vivres quand le couple, bravant l’interdit, se marie. Gro Farseth devient Eva (son second prénom). A peine mariée, elle choisi d’être styliste et présenta sa collection après deux ans de couture acharnés dans sa micro-entreprise. Ensuite elle enchaîne petits boulots et études : le matin, elle bosse chez Barclays comme secrétaire, le soir elle révise son droit quand lui bûche sa médecine. Elle accouche entre les écrits et les oraux de sa licence. Recrutée comme juriste d’un hôpital psy, elle défend les droits des patients contre les familles qui les spolient, s’ennuie vite, passe le concours externe de la magistrature en 1981 après avoir lu une affiche, « Devenez juge d’instruction ». À 38 ans, elle est nommée substitut à Orléans. En 1989, elle finit par trouver au Ciri, Samu des entreprises en difficulté, un job à sa mesure au milieu des polytechniciens. Elle y apprend la finance, avant de rejoindre la section financière du parquet de Paris. Un pan de l’histoire judiciaire s’écrit : la juge de glace révèle aux Français les plus gros scandales d’État (Elf, Le Crédit lyonnais). Téléphone sur écoute, petits cercueils à son adresse, Joly, à qui l’on prête l’intuition d’un grand flic et que deux gardes du corps protègent, fait trembler l’establishment politico-financier. Jusqu’à Roland Dumas qui lui doit sa démission du Conseil constitutionnel. Veuve depuis 2001 de son mari médecin de banlieue, elle obtient en 2002 une disponibilité pour partir conseiller pendant sept ans le gouvernement norvégien dans sa lutte contre la corruption. Elle y élargit sa réflexion, de la lutte contre les paradis fiscaux à la régulation des banques et du prix des matières premières. La crise sert sa morale. En France, ses cinq livres publiés aux éditions Les Arènes, tutoient les 150 000 exemplaires. (Vous pouvez d’ailleurs les retrouver sur CDURABLE.info, en cliquant ici). Elle approche le Modem en 2008. Cohn-Bendit la convainc en 2009 de rejoindre la liste Europe Écologie en Île-de-France ; Joly, révélation des européennes, est élue députée avec un score de 20,86%. « Il y a une authentique confluence entre les combats pour une plus grande justice et l’écologie », plaide-t-elle. Les écolos l’ont adoptée et même plus, remarque Sylvia Zappi dans Le Monde : « depuis son élection au Parlement européen, la novice en politique s’est muée en championne des meetings d’Europe Ecologie. On attendait « Dany », le politique roublard et rodé, c’est la débutante qui y fut systématiquement accueillie en guest star ». « Les militants ont été subjugués, ça relève un peu de l’irrationnel », commente Patrick Farbiaz, membre du conseil national des Verts toujours dans les colonnes du Monde. Je invite d’ailleurs à lire l’excellent dossier réalisé par Sylvia Zappi publié dans l’édition du 14 août, que vous retrouverez sur le site du quotidien en cliquant ici. Alors pour vous, Eva Joly est-elle la meilleure candidate pour représenter Europe Écologie aux prochaines élections présidentielles ? Vous pouvez partager vos avis en utilisant le forum lié à cet article.
Présidentielles : Eva Joly, meilleure candidate d’Europe Ecologie pour 2012 ?
Aucune chance qu’elle soit élue, elle n’écoute pas le peuple. Elle fait une analyse personnelle des problèmes économiques et sociaux qui touchent notre pays sans tenir compte de la difficulté à laquelle est confrontée une grande partie de la population pour s’en sortir.Je pense que des gens comme J.Bové et C.Duflot sont plus proches de la réalité quotidienne de la majorité des Français.