Joseph Hermet, fondateur de klimaschool, 1ère Business School 100% Transition Climat nous explique les 3 raisons pour lesquelles il n’existait pas, jusqu’alors, d’école de commerce du climat et de la RSE ?
L’absence de prise en compte des limites physiques du monde économique, la peur de la canibalisation des formations existantes dans les écoles et un besoin de transversalité des enseignements sont trois des raisons qui rendaient nécessaire la création d’une école de commerce dédiée au changement climatique et à la RSE en partant de zéro. Temps de lecture 5 minsRésumé
- Les écoles de commerce classiques sont encapsulées dans les enseignements ne prenant pas en compte les limites physiques du monde
- Les écoles de commerce sont également trop fragiles pour prendre le risque de voir leurs classements modifiés par une prise de risque sur l’enseignement au climat
- Le climat et la RSE nécessitent des programmes transverses, enseignements qui se doivent d’être cohérents entre eux, transversaux et ne pas concerner qu’un module de fin de master.
Des écoles encapsulées dans les enseignements ne prenant pas en compte les limites physiques du monde
Les enseignements actuels dispensés en école de commerce ne prennent ni en compte la limitation progressive nécessaire des émissions de gaz à effet de serre alors qu’elle est nécessaire, ni la déplétion des ressources naturelles dont le monde moderne a besoin pour maintenir son équilibre.Pourtant, d’une part, les scientifique du GIEC recommandent de baisser de 5%/ an les émissions de gaz à effet de serre si nous voulons maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés. D’autre part, les dirigeants de Total Energies et de Peugeot-Fiat indiquent pour l’un que la production de pétrole de ses équipes va baisser de 30% dans les 10 prochaines annéesBusiness Schools Must Do More to Address the Climate Crisis – Harvard Business Review
faute de ressources, et pour l’autre qu’il y aura des pénuries de matières premières pour les batteries de voitures électriques dans 3 à 4 ans. Dans un monde en expansion constante, les enseignements d’écoles de commerce se sont construits sur la base de l’accès illimité aux ressources accessibles, ainsi que sur le postulat que les émissions dans l’atmosphère ne sont que des externalités comptables. Les corpus d’écoles de commerce actuelles ne sont donc pas construites avec le regard nécessaire sur le monde dont le point d’inflexion physique est atteint.Il est donc important de construire les nouveaux cours de finance, de marketing, de RH, de stratégie d’entreprise en incluant ces nouvelles orientations, qui vont obliger les acteurs économiques à repenser l’impact carbone et énergétique de leurs business modèle.Des écoles trop fragiles pour prendre le risque de voir leurs classements modifiés par une prise de risque sur l’enseignement au climat
Les écoles de commerce sont en grande concurrence, et celle ci s’exacerbe par leur présence dans les classements. Ces classements, ne sont aujourd’hui pas construits sur des critères de prise en compte du changement climatique, de RSE, de sobriété énergétique ou d’enseignement au digital, mais plutôt des critères tels que les salaires à la sortie une fois le diplôme obtenu, le nombre d’étudiants internationaux, le nombre de professeurs chercheurs, etc…Tant que la prise en compte des enjeux novateurs liés à l’enseignement des modifications à apporter pour faire face au changement climatique ne sont pas incluses dans les critères des classements, alors les écoles n’ont pas intérêt à prendre le risque de modifier les enseignements et perdre des places dans les classement d’écoles de commerce.Des enseignement qui se doivent d’être cohérents entre eux, transversaux et ne pas concerner qu’un module de fin de master.
Enfin, l’ampleur du changement climatique et des besoins liés à la RSE nécessitent d’inclure cette thématique écologique dans tous les enseignements, de manière transverse. Il apparaît par exemple incompatible d’enseigner en cours de marketing l’absence de critères d’éco conception d’un produit, et dans le même temps, dans des cours de comptabilité extra financière, qu’il est primordial de prendre en compte l’environnement et le climat dans la conception des produits ou services vendus par une entreprise. Ainsi, la refonte complète d’un corpus d’enseignements cohérents avec les objectifs climatiques imposés par le GIEC et la déplétion des ressources s’impose.