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A lire dans Alternatives Economiques - n°283 - Septembre 2009

Pourquoi la crise n’est pas finie

Malgré quelques signes de reprise, l’heure n’est pas à la démobilisation face à la crise. En effet, si la dépression semble aujourd’hui évitée, de nombreux risques peuvent entraîner une rechute dans la récession. Découvrez l’analyse de Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives Economiques.

En août dernier, la surprise a été générale: nous ne nous en doutions pas, mais en fait l’économie française était sortie de la récession depuis plusieurs mois déjà. La production repart en effet un peu, tirée en particulier par l’automobile grâce aux primes à la casse. La consommation des ménages, qui n’avait pas fléchi, a légèrement accéléré. Mais c’est surtout une amélioration des comptes extérieurs, que personne n’avait anticipée, qui explique la sortie de la récession: elle a gonflé l’économie française à hauteur de 0,9 point de produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre. L’action des banquiers centraux et les plans de relance des gouvernements sont donc parvenus à empêcher que la récession ne se transforme en dépression. Même si dans le cas de la France et de l’Europe, c’est pour une part non négligeable les relances des Américains et des Chinois – beaucoup plus massives que la nôtre – qui a soutenu les exportations. Ceci étant, cette – modeste – hausse du PIB intervient à la suite d’une récession sans précédent depuis les années 1930: entre le deuxième trimestre 2009 et la même période de 2008, le PIB est toujours en recul de 2,6%, une baisse plus de deux fois supérieure à celle qu’on avait connue lors de la récession précédente, celle de 1993. Les exportations, même en légère hausse, sont toujours 12% plus faibles qu’il y a un an. Quant à l’investissement des ménages comme des entreprises, il diminue encore. Sans oublier que la production industrielle, si elle se redresse un peu, était toujours, fin juin, à l’indice 86, alors qu’elle se situait à 104 en janvier 2008, soit un recul de 17%… Bref, il n’y a pas encore de quoi pavoiser. D’autant que les risques de rechute sont non négligeables. Ce ne serait pas la première fois, en effet, qu’une reprise ferait long feu: tant aux Etats-Unis dans les années 1930 qu’au Japon dans les années 1990, de multiples épisodes de ce type avaient par la suite rapidement avorté. D’abord parce que le marché du travail continue et va continuer de se dégrader, plongeant dans le chômage une part croissante de la population et démoralisant les autres. De plus, bien que les banquiers aient déjà repris leurs mauvaises habitudes en matière de spéculation et de rémunérations, la pompe du crédit n’est pas vraiment réamorcée et le système bancaire reste très fragile. Surtout en Europe, où le ménage n’a pas été fait. Enfin, les plans de relance vont cesser de produire leurs effets, alors que les gouvernements risquent, là aussi surtout en Europe, de vouloir resserrer trop vite le robinet budgétaire. Bref, l’heure n’est pas du tout à la démobilisation face à la crise. Au sommaire d’Alternatives EconomiquesL’emploi va encore baisser : La petite embellie que connaît l’économie ne doit pas faire illusion: le marché du travail va continuer de se dégrader et le chômage de monter. – Les banques restent toujours fragiles : Les banquiers ont déjà repris leurs mauvaises habitudes, mais le crédit n’est pas reparti et le ménage n’est pas fini dans les bilans des banques. Surtout en Europe. – Le risque budgétaire : En Europe, la fin des plans de relance et un tour de vis budgétaire prématuré risquent de tuer la timide reprise. – De la crise à la guerre ? : Pendant que les économistes disputent de la sortie de crise, les géopoliticiens s’interrogent, précédents historiques à l’appui, sur son rapport à la guerre. Ils ont un peu de temps devant eux. Car, si l’on accepte l’idée d’une relation de causalité entre la récession des années 1870 et la Première Guerre mondiale, ou entre 1929 et la Seconde, il faut prendre acte d’une latence d’une à trois décennies dans son actualisation. Se poser une telle question a l’avantage de montrer qu’elle n’est pas simple. Lire l’article de Jean-François Bayart : chercheur au CNRS (Science Po-Ceri)La France a-t-elle besoin d’ une taxe carbone ? D’ici à 2050, la France doit diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre. Pour y parvenir, il faut des politiques publiques très actives. – Feuilleter gratuitement ce numéro en version électroniqueAcheter ce numéroAbonnez-vous à Alternatives Economiques

 

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