« A partir du 1er janvier 2010, la commercialisation et la distribution de sacs ou emballages en plastique non biodégradables sont interdites sur le territoire français. Un décret fixe les modalités techniques de cette mesure ainsi que les sanctions et les conditions de vérification de la biodégradabilité des emballages susceptibles d’être commercialisés ou distribués ». Il est probable que le débat sur le décret d’application de cet amendement, adopté à l’unanimité à l’assemblée nationale le 11 octobre 2005, soit animé.
Ceux qui militent pour la réduction des déchets à la source ne peuvent que se réjouir, à l’image du Centre National d’Information Indépendant sur les Déchets, qui précise que « cette décision privilégie enfin une vision à long terme. Cette évolution était souhaitée par de nombreux acteurs car le plastique étant d’origine pétrolière, son utilisation sans discernement, dilapide une ressource aux gisements limités. A contrario, les plastiques biodégradables sont fabriqués à partir de ressources végétales renouvelables. ». L’organisation rappelle par ailleurs aussitôt que la substitution de matériaux non bio dégradables par des matériaux qui le sont, ne règle pas les problèmes posés par la société du « tout jetable ».
De son côté l’ADEME confirme que « le recours aux biomatériaux n’est pas synonyme d’absence totale d’impact sur l’environnement » et qu’il faut donc accompagner cette interdiction d’une communication grand public incitant les consommateurs à ne jeter aucun sac dans la nature, qu’il soit à usage unique, réutilisable ou biodégradable…
Le problème le plus important, c’est sans doute la mise en œuvre de la mesure adoptée par l’assemblée nationale. Les professionnels du plastique dénoncent le fait qu’elle concerne tous les emballages. PlasticsEurope France, association qui réunit les professionnels de l’industrie plastique s’indigne : « Comment imaginer des emballages alimentaires, des flacons de produits ménagers, des emballages médicaux biodégradables ? Le plastique, parce qu’il n’est pas biodégradable, permet que son contenu ne se biodégrade pas ! ». Elle veut revenir aux démarches qui associent toutes les parties prenantes et dénonce le « tout biodégradable » qui lui semble une aberration environnementale.
Neosac, premier sac plastique biodégradable mis au point par l’industrie plasturgique lancé cette année fait déjà l’objet de polémiques sur ses impacts environnementaux. WWF et les Amis du Vent, deux ONG environnementales, demandent l’interdiction de ces sacs fragmentables, à cause des résultats d’une étude menée sur leur composition chimique. Même l’Ademe confirme que le recours aux biomatériaux, pour certains types d’emballages, en est au stade de la recherche et « qu’il est nécessaire d’étudier de manière approfondie la faisabilité technique de l’amendement. »
L’interdiction totale des emballages plastiques non biodégradable sera-t-elle en vigueur le 1er janvier 2010 ?
Pour en savoir plus :
Les sacs de caisse en plastique sont devenus aujourd’hui quasi indispensables à notre vie quotidienne tout en suscitant la critique au regard de l’environnement. Une douzaine d’industriels du plateau de Sainte-Sigolène en Haute-Loire ont mis au point Néosac, le premier sac plastique à durée de vie maîtrisée. Ce sac entièrement biodégradable n’a rien à voir avec ses prédécesseurs.
Obéissant à un processus photochimique de dégradation, il se désagrège sous l’effet de l’air, de la lumière et de la chaleur lorsqu’il est dispersé accidentellement dans la nature. La composition de Néosac associe le polyéthylène (PE) à un additif qui permet de transformer le PE en matière dégradable, puis bio assimilable.
Conservé à l’abri de la lumière, Néosac a une durée de vie de un à trois ans avant de se fragmenter, jusqu’à devenir invisible à l’oeil nu. Il ne mettra que trois mois à disparaître s’il est abandonné dans la nature. Un processus de dégradation qui ne produit que de l’eau, du CO2 et de la biomasse, donc aucune substance nocive pour la composition des sols, la croissance des végétaux et la vie animale.
Ce nouveau produit écologique a un coût de revient de 25 à 30% supérieur à un sac plastique traditionnel. Un tarif qui, espérons le, ne freinera pas cet élan pour protéger la planète.
L’article de Libération : Le sac plastique trop vite remballé? (14/10/2005) >>>