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La crise financière invite à mieux tenir compte des limites de notre planète

Deux planètes nécessaires pour l’humanité en 2030

Nouveau rapport Planète Vivante du WWF publié aujourd'hui

Le monde va bientôt devoir faire face à une grave crise écologique. En effet, la pression exercée par les hommes sur la planète, par leur manière de produire, de consommer et de générer des déchets dépasse de presque un tiers ses capacités de régénération. Si notre demande vis-à-vis de la Terre continue à croître au même rythme, nous aurons besoin de deux planètes pour répondre aux besoins de notre train de vie actuel d’ici la moitié des années 2030. A côté de ce que risque de devenir la crise écologique, la crise financière actuelle fera pale figure. Mais il n’est pas encore trop tard. Si nous prenons ces enjeux au sérieux, nous pouvons parfaitement vivre dans les limites de notre planète. Voilà ce qui ressort du Rapport Planète Vivante publié aujourd’hui par l’organisation de protection de l’environnement WWF.

Les conséquences de la crise écologique sont bien plus graves

Pour James Leape, directeur général du WWF International : « L’économie mondiale va mal. Financièrement, nous vivons au-delà de nos moyens. Mais une récession financière n’est rien en comparaison de la menace d’un resserrement du crédit écologique. »
Télécharger le rapport 2008 Planète vivante du WWF
Télécharger le rapport 2008 Planète vivante du WWF
« Nous agissons avec l’environnement comme l’ont fait les institutions financières dans le domaine économique : nous voulons la satisfaction immédiate et ne regardons absolument pas aux conséquences à plus long terme » explique Geoffroy De Schutter, directeur des programmes au WWF-Belgique. « Il y a cependant une différence : les conséquences de la crise écologique mondiale sont bien plus graves que celles de la crise économique actuelle. En effet, dans le cas de la crise écologique, ce sont nos actifs environnementaux qui sont sous-évalués. Or, ces derniers sont à la base de toute vie. La logique de croissance à l’infini que suit notre consommation dans une seule planète finie montre aujourd’hui ses limites. » Le changement climatique et la crise alimentaire mondiale ne sont que quelques unes des conséquences auxquelles nous devrons faire face. – Télécharger le rapport 2008 Planète vivante du WWF (en français et au format PDF)

L’empreinte écologique augmente, la biodiversité diminue

Le Rapport Planète Vivante donne tous les deux ans un bilan de santé de la Terre via différents paramètres. L’indice Planète Vivante, basé sur le suivi de 5000 populations de 1686 espèces animales indique une tendance à la baisse de 30% en moyenne depuis les années 1970. D’un autre côté, l’empreinte écologique de l’humanité, c’est à dire la surface nécessaire pour produire toutes les ressources naturelles que nous consommons et pour absorber nos déchets, est en constante augmentation. En moyenne, au niveau mondial, l’empreinte écologique est de 2,7 hectares alors que seulement 2,1 hectares sont disponibles. Par ailleurs, nous consommons d’énormes quantités d’eau. La quantité globale d’eau douce disponible est de plus en plus mise sous pression par la demande croissante de produits dont la production demande énormément d’eau comme la viande, les produits laitiers, le sucre et le coton. Pour la production d’un t-shirt en coton, par exemple, il faut près de 3000 litres d’eau. Aujourd’hui déjà, une cinquantaine de pays rencontre de graves pénuries d’eau. A cause du changement climatique, le nombre de personnes qui n’ont pas assez d’eau que ce soit tout au long de l’année ou pour seulement quelques périodes, devrait très sensiblement augmenter.

Une dépendance risquée

Les pays densément peuplés d’Europe occidentale, dont la France, se trouvent dans une situation insoutenable à cause de leur grande empreinte écologique. En 2005, l’empreinte écologique de la France excèdait de 62% sa capacité par personne, selon le rapport du WWF. Nous dépendons en effet des richesses d’autres pays pour satisfaire nos besoins. « Nous puisons dans le capital écologique d’autres parties du monde pour satisfaire notre train de vie actuel et notre croissance économique. Paradoxalement, dans ces pays riches en ressources naturelles, les populations ont peu d’accès à ces ressources et ont une empreinte très faible. Nous ne pouvons maintenir une telle situation que tant que nous avons le pouvoir économique et politique de l’imposer aux autres. En ce sens, cette situation de dépendance n’est pas seulement injuste, elle constitue aussi un risque pour nous. » constate Geoffroy De Schutter. – Télécharger le rapport sur l’Empreinte écologique de la France et de la Belgique

Des solutions existent

La bonne nouvelle est qu’il est possible d’éviter cette crise écologique. Si les décisions sont prises et implémentées rapidement, elles auront d’importants effets de levier. Par exemple, pour le changement climatique, nous pouvons utiliser une combinaison de technologies d’efficacité énergétique, et d’énergie renouvelable pour répondre à la demande croissante d’énergie à l’horizon 2050 et ce, tout en diminuant nos émissions de gaz à effet de serre de 60 à 80%. « Si les hommes le veulent vraiment, nous pouvons très bien vivre dans les limites d’une seule planète, et en même temps assurer notre bien-être et le bon fonctionnement des écosystèmes dont nous dépendons. »

L’empreinte écologique à côté du PIB

La crise financière actuelle à permis de mettre en lumière les failles du dogme de la croissance du PIB. Ce dogme de la croissance économique comme seule solution au ‘développement’ et au ‘progrès’ a fait en sorte que nous utilisons aujourd’hui beaucoup plus que ce que la Terre peut nous fournir. Or, une croissance infinie dans un monde fini est impossible. Pour sortir de ce dogme, nous avons besoin de nouveaux indicateurs comme l’empreinte écologique. En chinois, le mot crise s’écrit avec deux caractères : « danger » et « opportunité ». A nous d’arrêter de ne voir que le danger dans cette crise, et d’y saisir la chance de construire un monde durable.

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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