Pourquoi un tel mal-être chez France Télécom ? Pourquoi certains salariés en arrivent-ils à se suicider – vingt-quatre depuis début 2008 ? Dans Orange stressé, enquête fouillée sur France Télécom, Ivan du Roy montre comment le “management par le stress” a été érigé en système. Le but de l’opérateur de télécommunications ? Décourager et pousser au départ des fonctionnaires impossibles à faire partir à l’aide d’un plan social.
L’auteur raconte comment ceux qui résistent sont « cassés » : placardisés, ballottés d’un poste à l’autre. Depuis 2002, chaque salarié de France Télécom change de poste tous les vingt-sept mois en moyenne et de lieu de travail tous les trente mois, assure-t-il. Les conséquences ? Un nombre alarmant de suicides, un taux de démissions qui monte en flèche (4,4 % des départs en 2005 et 15,3 % en 2008). Et, en moyenne, presque un mois d’arrêt maladie par salarié en 2008 ! (Le Monde du 30/09/09).Un livre au cœur du système France Télécom
France Télécom est devenue un géant mondial des télécommunications. L’ancienne entreprise publique est présentée comme le modèle d’une privatisation réussie, dans un secteur qui connaît une extraordinaire mutation technologique. Mais il y a un grave revers à cette médaille, beaucoup moins médiatisé que les profits records de la firme : parmi ses 100 000 salariés hexagonaux, deux sur trois se déclarent stressés. Un mal-être généralisé qui a pour symptômes la banalisation du recours aux anxiolytiques, la progression des arrêts maladie de longue durée, l’augmentation des démissions et la multiplication troublante de suicides. C’est cette réalité méconnue que dévoile ce livre, fruit d’une enquête auprès de salariés, de syndicalistes, de médecins ou d’experts en santé au travail. Et qui s’appuie également sur les travaux de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées à France Télécom, créé à l’initiative d’organisations syndicales. Ivan du Roy y montre comment le « management par le stress » a été érigé en système par les dirigeants de l’entreprise, dans le but notamment de pousser vers la sortie des milliers de salariés. Ce management « sournois » et « vicieux » – selon les mots des salariés – s’est progressivement déployé avec la privatisation, alors que les profits s’accroissaient. En ce sens, le cas de France Télécom est tristement exemplaire : c’est un laboratoire pour la gestion du personnel par la souffrance au travail, une expérimentation de ce qui peut se produire demain dans d’autres grandes entreprises et services publics, de La Poste à l’Éducation nationale. – Au sommaire : « Que se passe-t-il chez France Télécom ? » – Prémisses (1988-1993) – Privatisation (1993-1997) – Privatisation (1993-1997) – Surendettement (1997-2003) – Cost-kill (2003-2008) – « Montée en compétences » – Le monde selon France Télécom – Stress everywhere – Maltraitance – Résister et inventer – L’auteur : Ivan du Roy est journaliste à Témoignage chrétien et collaborateur du magazine en ligne Basta ! – Références : Orange stressé de Ivan du Roy – Editeur : La Découverte – Collection : Cahiers libres – Parution : 18/09/2009 – 252 pages- EAN13 : 9782707158598 – Prix public : 15 €Vidéo : Ivan du Roy revient sur le management de France Télécom
Interrogé par le site Bakchich, le journaliste Ivan du Roy épluche les différentes peaux de l’Orange stressé. Au centre du rouleau compresseur : l’Etat qui épouse des logiques libérales extrêmes. Vous pouvez également lire l’article de Ivan du Roy publié sur le site Basta : Suicides à France Télécom : hypocrisie sur toute la ligne.Pour aller plus loin
– La bas si j’y suis sur France Inter. Daniel Mermet consacrait mardi 6 octobre dernier une émission sur la situation à France Télécom : « Mercredi dernier, le 30 septembre, un 24e employé de France Telecom s’est suicidé, près d’Annecy. On dit qu’ils ne s’adaptent pas. Qu’ils ne parviennent pas à passer du « 22 Asnières » à la LiveBox. Agents, techniciens, cadres, managers. De la souffrance, des silences ». Vous pouvez écouter le saisissant reportage d’Antoine Chao sur le blog de l’émission.