Alors que le nouveau rapport du groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique (Giec) vient d’être officiellement adopté ce samedi à Valence (Espagne), le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, appelle dans l’International Herald Tribune à prendre des mesures urgentes pour combattre le réchauffement climatique, avertissant que le monde est « au bord de la catastrophe ».
« On est tous d’accord. Le changement est réel et nous, les humains, en sommes la principale cause. Pourtant même à l’heure actuelle, peu de personnes réalisent vraiment la gravité de la menace ou son immédiateté », écrit M. Ban Ki-moon. « J’ai toujours considéré le réchauffement climatique de la planète comme un sujet d’une urgence extrême. Maintenant, je crois qu’on est au bord d’une catastrophe si on n’agit pas ». M. Ban s’alarme de l’accélération récente de la fonte des glaciers et de la calotte polaire. Il souligne que la disparition de cette dernière pourrait élever le niveau des mers jusqu’à six mètres, inondant des villes comme New York, Bombay et Shanghaï. « Je ne veux pas être un oiseau de malheur. Mais je crois qu’on arrive à un point critique », écrit encore le secrétaire général de l’ONU. Un appel fort au moment même où le Groupe intergouvernemental sur le climat (Giec, mandaté par l’Onu) a bouclé à Valence en Espagne le dernier volet de son quatrième rapport, une somme de référence pour les cinq prochaines années qui sert à fonder la riposte de la communauté internationale aux dérèglements du climat. Le rapport de synthèse du Giec Les experts du Giec prévoient une augmentation des températures comprise entre 1,8 et 4 degrés, voire plus. Les canicules, sécheresses et inondations devraient se multiplier et le niveau des mers s’élever. A moins que des mesures soient prises pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Le rapport de synthèse du GIEC préconise donc une forte réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ce rapport de synthèse servira de base aux travaux de la conférence internationale des ministres de l’Environnement qui se tiendra en décembre à Bali, en Indonésie. La réunion de Bali doit en effet fixer un calendrier de deux ans pour trouver un successeur au protocole de Kyoto, qui arrive à échéance en 2012. Mais un accord final sur le rapport de synthèse dépend de l’approbation d’un rapport scientifique beaucoup plus long qui est toujours à l’étude. Le protocole de Kyoto contraint 36 pays industrialisés à réduire leurs émissions d’au moins 5% par rapport à leur niveau en 1990 d’ici 2008-12. Le nouveau protocole a pour ambition d’intégrer les pays aujourd’hui absents de Kyoto, au premier rang desquels la Chine et les Etats-Unis, les deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Enfin, le rapport de synthèse du Giec souligne qu’il n’est pas trop tard pour ralentir le phénomène du réchauffement climatique et que les objectifs les plus ambitieux de réduction des émissions de GES coûteront moins de 0,12% du Produit mondial brut chaque année d’ici à 2030. « C’est le rapport le plus sévère rédigé par le Giec, mais il dit bien qu’il est encore temps d’agir », confirme Bill Hare, un climatologue australien, qui a participé à la rédaction du texte. « Ce rapport envoie un signal très fort à Bali », a aussi déclaré Hans Verolme, directeur du programme des changements climatiques du WWF (Fonds mondial pour la nature). « Maintenant, la balle est dans le camp des responsables politiques. » « Après cela, aucun dirigeant politique ne pourra arguer qu’il ne sait pas ce qui se passe », a conclu Hans Verolme lors d’un point de presse à Valence. « Cette réunion marque une étape qui influencera les responsables politiques pendant des décennies. » En réponse, la Chine et l’Inde font déjà valoir qu’elles ont encore un milliard d’individus privés d’électricité et les nations pétrolières refusent de s’engager si les pays industrialisés ne donnent pas l’exemple. Quant aux Etats-Unis, ils continuent de prôner des engagements volontaires non chiffrés et contestent le caractère irréversible des conséquences du réchauffement. Certains experts jugent que les projections du Giec sur les émissions de CO2 ou sur l’élévation du niveau de la mer sont trop optimistes, alors que la fonte de la banquise a dépassé toutes les prévisions.