A l’heure où le cœur des villes se vide au profit de nos lieux de villégiature favoris, Surfrider Foundation lance un pavé dans la mare : si la directive européenne (2006/7/CE) sur la qualité des eaux de baignades était appliquée dès aujourd’hui (elle ne le sera qu’en 2015), 20% des plages françaises seraient déclassées, tandis que 33 seraient interdites. Un épiphénomène ? Pas vraiment. L’hiver dernier, c’est l’OCDE qui tirait la sonnette d’alarme : les changements climatiques nuisent gravement à l’enneigement de nos stations de ski. Un réchauffement de 1°C entraînerait une baisse de 60% du nombre de domaines skiables européens. En France, une augmentation des températures de 2°C d’ici 2050 (prévision du GIEC) signifierait même la fin de l’exploitation de 20% de nos domaines les plus élevés en Savoie, dans les Hautes-Alpes …
Climat, pollution de l’eau des sols, de l’air, dégradation de la biodiversité… quels impacts auront les dégradations de l’environnement sur l’économie du littoral et de la montagne ? Comment concilier flux touristiques (surconsommations de ressources sur de faibles périodes de temps) et équilibres territoriaux ? Face à ces phénomènes, le secteur touristique est aujourd’hui plus que jamais observé, interrogé, voire dénoncé.
C’est la question de la soutenabilité d’un des principaux secteurs économiques français qui est posée. Or, en France, la consommation touristique génère 8,3% du PIB, emploie près d’un million de personnes (plus de 4% de la population active) et a permis de dégager un solde positif dans la balance commerciale de près de 9 milliards d’€ (2005), soit plus que les secteurs de l’automobile ou de l’agro-alimentaire. Et pourtant, les rentrées commerciales ont chuté de 24% en France entre 1980 et 2005, ce qui pose la question de l’adaptabilité des offres touristiques aux attentes des consommateurs.
Depuis deux ans le Comité 21 anime un groupe de travail sur le tourisme durable (métropole et DOM). Un modèle de tourisme durable repose sur la relation de service qui se construit, dans la durée, entre les prestataires et les clients. Il décrit une tension constructive entre l’accroissement des richesses, l’amélioration de la qualité de vie des habitants et l’aménagement raisonné d’un territoire. Cela suppose d’une part d’assurer le lien indispensable entre les activités de déplacement, de logement, de restauration, de détente et de loisirs et, d’autre part, d’assurer la valorisation d’un site, d’une région ou d’un territoire. Or, face à cet objectif d’action intégrée, l’élaboration d’un Agenda 21 peut constituer une réponse adaptée, permettant aux parties intéressées (élus, opérateurs touristiques, ONG…) d’engager une dynamique territoriale dont ils sont les décideurs.
En attendant décembre 2007 et la publication de son guide méthodologique sur le tourisme durable à destination des décideurs publics et privés, le Comité 21 vous souhaite d’excellentes vacances sous le soleil …
Eric Guillon, président du Comité 21
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