Il faut dire qu’en matière de pollution, la capitale mexicaine cumule les handicaps. C’est d’abord l’une des plus grandes mégapoles du monde : une agglomération de 22 millions d’habitants, dont neuf millions pour la ville même, où circulent chaque jour cinq millions de véhicules. C’est aussi une ville industrielle où se sont implantées, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, des raffineries, des cimenteries et d’autres entreprises polluantes. Les émissions de gaz à effet de serre et de particules d’origine automobile et industrielle sont donc importantes.
La situation géographique particulière de la cité n’arrange rien : Mexico est située à plus de 2 200 mètres d’altitude, au centre d’une cuvette entourée de volcans et de montagnes, ce qui ne favorise pas la ventilation naturelle du site. De plus, le taux réduit d’oxygène à cette altitude limite l’efficacité de la combustion et les moteurs des véhicules génèrent plus de gaz imbrulés et de particules polluantes. Des substances qui interagissent ensuite avec les UV, présents en plus grande quantité qu’au niveau de la mer, et favorisent la formation d’ozone.
De plus, ces éléments polluants tendent à se concentrer dans la poche naturelle qui abrite la ville, les vents dominants étant arrêtés par les sommets qui l’entourent. Résultat : la persistance d’un épais « smog », un nuage de pollution qui a du mal à se dissiper, en particulier durant la période hivernale – durant laquelle l’absence de réchauffement du sol ne permet pas de générer des courants ascendants favorisant sa dispersion. A l’inverse, l’air chaud qui surplombe la vallée, appelé « couche d’inversion », empêche l’évacuation de la pollution, tandis que l’urbanisation a fait monter la température de la ville de 5°C en un siècle.
Des mesures volontaristes
En 2008, le gouvernement fédéral de Mexico décide de s’attaquer frontalement à ce défi. L’ancien maire de la ville, Marcelo Ebrard (2006-2012), lance un ambitieux « Plan Verde » visant à réduire les émissions de sept millions de tonnes de CO2 d’ici à la fin de son mandat. L’objectif est atteint et même dépassé, ce qui vaut à l’édile d’être désigné en 2010 « meilleur maire du monde » par la fondation internationale City Mayors.
Le programme écologique de son successeur, Miguel Angel Mancera (2012-2018), va encore plus loin : il vise une baisse des émissions de dix millions de tonnes de CO2 d’ici à 2020. Son « programme d’actions climatiques 2014-2020 » prévoit 70 mesures de lutte contre la pollution. La continuité de ces efforts vaut à la ville le prix 2013 de la qualité de l’air du C40 Cities Climate Leadership Group, réseau international de 75 mégapoles confrontées à des problèmes similaires.
Au niveau national, le Mexique a également adopté, à l’unanimité de tous les partis politiques, la loi générale sur le changement climatique qui compte réduire les émissions de gaz à effet de serre de 30 % d’ici à 2020 et de 50 % d’ici à 2050 par rapport à leur niveau de l’an 2000.
Dans le cadre du « plan vert », les industries lourdes (raffinerie, cimenterie, etc.), implantées à la périphérie de Mexico, ont été fermées. Le carburant sans plomb a été introduit et des aides ont été versées pour inciter les habitants à s’équiper d’un pot catalytique ou à changer de voiture. Reconnue pour ce combat écologique, Mexico a même été le lieu de la deuxième conférence Women4Climate du C40 en Février 2018. Le C40, présidée par la maire de Paris Anne Hidalgo depuis 2016, est l’organisation créée en 2005 qui rassemble plus de 80 des plus grandes villes du monde qui veulent travailler de concert pour lutter contre le dérèglement climatique. C’est à l’occasion de cette conférence que la maire de Rome Virginia Raggi a annoncé son plan de lutte contre la pollution dans la Ville éternelle.
Transports propres
Le programme de circulation alternée « Hoy no circula », limitant les déplacements en voiture un jour par semaine, a aussi permis de réduire les émissions. Après de multiples évolutions, les limitations de circulation fonctionnent aujourd’hui selon un système de vignettes dont la couleur dépend directement des émissions du véhicule, mesurées lors d’un contrôle. Les vieilles voitures qui polluaient le plus ont ainsi disparu du centre-ville.
Les transports publics ont également été développés. Une nouvelle ligne de métro a été ouverte. Un réseau de bus propres, roulant au gaz naturel, baptisé Metrobús, quadrille désormais les rues principales de Mexico, tandis que des taxis électriques sillonnent le centre-ville. La mégapole s’est également dotée de plus de cinquante kilomètres de pistes cyclables et les bicyclettes publiques en libre-service « Ecobici » jalonnent les trottoirs mexicains.
« Reprendre les rues aux voitures est notre priorité », affirme ainsi Tanya Müller, maire adjointe de Mexico en charge de l’environnement. La ville a également mis en place « Carott », un système d’autopartage de voitures électriques et hybrides rechargeables en libre-service, inspiré de l’Autolib’ parisien. Mais le chantier reste titanesque dans cette agglomération tentaculaire, où la population, et donc le parc automobile, continuent inexorablement à augmenter.
La ville produit aussi plus de 12 000 tonnes de déchets par jour. Pour relever cet autre défi écologique, la mairie a rendu le tri sélectif obligatoire et fermé le Bordo Poniente, une des plus grandes déchetteries à ciel ouvert du monde. La ville s’est également équipée de technologies de pointe dans la récupération du biogaz dérivé de la décomposition des déchets, mais aussi dans le recyclage et le compostage, pour fournir de l’électricité, des combustibles et des engrais.
Eclairage intelligent
Pour réduire encore la combustion, la ville sait qu’elle doit privilégier les énergies décarbonées, l’usage de l’électricité et des énergies renouvelables. Afin de diminuer ses consommations d’énergie et ses émissions de CO2, la capitale mexicaine a ainsi lancé un vaste plan de modernisation de son éclairage urbain. Sur deux des trois zones de Mexico City, c’est une entreprise française, Citelum, spécialisée dans l’éclairage urbain, qui a remporté l’appel d’offre.
En juillet 2017, l’entreprise a ainsi signé avec Mexico un « partenariat public-privé » d’une durée de six ans et d’un montant de 130 M€ pour la modernisation, le financement et la gestion de l’éclairage dans un périmètre intégrant notamment le centre historique, les grands boulevards et le Bois de Chapultepec.
Au total, plus de 43 000 points lumineux seront rénovés dont 12 500 équipés de la technologie LED. L’ensemble du parc d’éclairage sera recensé sur la plateforme de gestion de Citelum (Muse) permettant un suivi en temps réel et une planification rapide des interventions de maintenance.
Ce contrat s’ajoute à celui déjà détenu depuis 2010 par l’entreprise française dans la capitale mexicaine. La qualité de service et les résultats délivrés après cinq années d’exploitation ont été déterminants dans le choix de la ville. Grâce à la rénovation de près de 37 000 points lumineux, Mexico a en effet déjà pu réduire de 44 % sa facture énergétique sur la partie rénovée et diminuer son taux de panne de luminaires de 59 % à 0,9 %.
« Ce contrat avec Mexico est le fruit de notre engagement auprès de notre client et des résultats de nos équipes sur le terrain », explique Carmen Munoz-Dormoy, directrice générale de Citelum. « Nous sommes très fiers d’accompagner les actions d’efficience énergétique de la ville qui soutient l’Accord de Paris et la lutte contre le changement climatique. Notre capacité à structurer le financement du projet a été aussi décisive ».
Le développement de l’éclairage à faible consommation et de l’éclairage intelligent est aujourd’hui l’un des leviers sur lesquels agissent les villes pour renforcer leur action en matière d’efficacité énergétique et mettre en place des systèmes énergétiques plus durables.
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