Qui sont les seniors et comment vivent-ils en France en 2025 ? Quel est leur niveau de connaissances et d’implication vis-à-vis des enjeux climatiques et environnementaux ? Existe-t-il une “génération climat”, jeune et engagée, et des seniors en retrait ? Que retenir des seniors déjà engagés en France et ailleurs pour penser leur place dans la mobilisation ? Les réponses dans les résultats de l’étude Parlons Climat sur Les seniors & l’engagement climatique publiée en Octobre 2025.

Les seniors ont parfois la réputation d’être peu concernés et mobilisés sur les enjeux environnementaux. Dans cette étude inédite, qui croise analyse quantitative et entretiens qualitatifs, Parlons Climat passe en revue le niveau de connaissances, les pratiques écologiques consenties ou non par la génération des baby-boomers (65-80 ans), mais surtout leur rôle spécifique dans la transition écologique et leur potentiel de mobilisation. A bien des égards, cette étude déconstruit l’idée d’une jeune génération climat engagée et de seniors en retrait.
Réalités des seniors
Qui sont les seniors et comment vivent-ils en France en 2025 ?

- Les seniors jouissent d’un niveau de vie supérieur à la moyenne, sont davantage propriétaires de leur logement (7 sur 10) mais aussi moins touchés par la pauvreté (10% vs. 16% pour les non retraités). C’est aussi la classe d’âge la plus homogène en termes de niveau de vie.
- Géographiquement, une répartition plus dense dans la moitié sud du pays, près des littoraux (façade atlantique, Méditerranée) et dans le Massif central. Une surreprésentation en milieu rural, une moindre présence dans les grandes villes.
- Une forte empreinte du catholicisme avec des valeurs et une éducation religieuse qui leur ont été transmises par leurs parents. Aujourd’hui, 6 seniors sur 10 se disent catholiques.
- Les seniors sont aussi des grands-parents. L’âge moyen où l’on devient grand-parent est de 54 ans.
- Les seniors sont très actifs dans la vie politique et locale, avec une forte propension à voter et à être en lien avec les autres (voisins, bénévolat).

Le sentiment que le pays se délite
Disparition du vivre ensemble : des seniors nostalgiques d’un temps où on se parlait, s’écoutait, se mélangeait.

Les seniors sont inquiets de l’effritement de la cohésion sociale et nationale, ainsi que de la situation économique et politique de la France.
Un sentiment de perte, de dégradation, très prégnant par rapport à des temps qu’ils ont connus plus stables, solidaires et prospères.
Certains évoquent la fin d’une période, le début d’une autre.

Rapport aux enjeux environnementaux
Quel niveau de connaissances et d’implication ont-ils vis-à-vis des enjeux climatiques et environnementaux ?

Les instances étatiques et supranationales perçues comme particulièrement
efficaces
Les seniors 65-80 ans, comme l’ensemble de la population, s’accordent sur le rôle prépondérant de l’État mais aussi des citoyens dans la lutte contre le changement climatique.
Alors que les seniors valorisent le rôle des instances internationales, les moins de 35 ans privilégient les entreprises et surclassent les associations et la société civile par rapport au reste de la population française.
On note une part plus importante (12%) de seniors déclarant que “personne” n’est efficace pour résoudre le changement climatique, contre 4% chez les moins de 35 ans

Une bonne confiance envers les scientifiques, qui sont aussi les émetteurs les plus légitimes pour parler climat

Un flou subsiste quant à l’origine du changement climatique, mais son existence ne fait aucun doute
Si 6 seniors sur 10 estiment que le changement climatique est dû aux activités humaines, ils sont plus nombreux que le reste de la population, et notamment que les moins de 35 ans, à déclarer qu’il s’agit d’un phénomène naturel comme il en a toujours existé (31% vs. 18%).
A noter que l’existence même du changement climatique n’est pas questionnée, c’est même la tranche d’âge qui compte le moins de dénialistes (1%).
Engagements et répertoire d’actions
Existe-t-il une “génération climat” jeune et engagée et des seniors en retrait ?

Les seniors, champions des éco-gestes et des économies d’énergie
Avec des pratiques très ancrées dans le quotidien, les éco-gestes sont bien plus l’apanage des seniors que des jeunes. Il s’agit néanmoins davantage de réflexes hérités d’une enfance où “faire attention” était de rigueur que d’un engagement conscient en faveur de l’environnement.
Ces petits gestes sont spontanément mis en avant lors des entretiens par les seniors les moins engagés quand il est question de parler de leurs pratiques écologiques. Pratiques qui leur permettent parfois de se
sentir “un peu écolo” à leur manière.
A noter que cette vision des solutions, très portée sur les petits gestes, n’est pas spécifique aux seniors mais à tous les individus non engagés/sensibles au sujet
Engagement par la consommation : des pratiques contrastées entre générations

Les seniors sont les piliers du monde associatif
Malgré une baisse importante de l’engagement associatif depuis 2010, les seniors sont la tranche d’âge la plus active dans le milieu associatif (24%). Mais leur rôle est d’autant plus clé au regard du temps important qu’ils y consacrent (6 sur 10 donnent du temps toutes les semaines, un quart donne un à plusieurs jours par semaine) et des fonctions clés d’encadrement qu’ils occupent (40% des retraités bénévoles). Les retraités œuvrent majoritairement dans les organisations sociales et caritatives.

Des seniors en soutien, voire en demande, de mesures réglementaires et politiques contraignantes
Une capacité à accepter les règles, et le sens du sacrifice. De nombreux interviewés ont pointé du doigt l’individualisme ambiant, appelant à faire “des sacrifices”, “des concessions”, pour avancer collectivement.
Ils sont en demande de “directions claires” et de règles en provenance des politiques “que tout le monde doit accepter” pour conserver “l’unité du pays”.

Focus sur les seniors engagés – en France et ailleurs
Que peut-on apprendre des seniors déjà engagés pour penser plus globalement leur place au sein d’un mouvement pro-environnement ?

Tour d’horizon des mobilisations et initiatives par / pour les seniors
Parlons Climat a réalisé une recherche documentaire mettant en lumière une quinzaine d’initiatives en Amérique du Nord, en Europe et en Chine. Celles-ci peuvent se classer en 3 axes :
- 1. Les mouvements militants / citoyens qui dénoncent et font pression. Ils sont organisés en réseau avec des groupes locaux et/ou thématiques, et parfois repris par d’autres pays.
- Les programmes d’éducation et sensibilisation qui informent et transmettent, notamment portés par des universités et organismes de formation.
- Les opérations collectives qui font faire et guident l’action sur le terrain.

Conclusions & recommandations
Principaux enseignements de cette étude :
- Les seniors, une classe d’âge hétérogène, presque comme les autres. Comme dans le reste de la population, les 65-80 ans comptent des individus engagés et d’autres non.
- Le clivage générationnel n’a pas lieu d’être. Les seniors ne sont pas moins engagés que les jeunes. Ils le sont surtout différemment.
- Les seniors ont un rôle important à jouer dans la transition écologique. Au regard du temps, de l’envie de participer, des compétences, de l’expérience dont ils disposent et de leur influence dans la société (liens sociaux, épargne, vote), les seniors ont un rôle déterminant dans la réussite de la transition.

Alors que la mobilisation pour le climat et la transition écologique doit engager une nouvelle phase (cf. Le pivot majoritaire), cette étude sur les seniors nous offre de repenser, et surtout d’élargir, la conception que nous avons de l’engagement écologique.
Comment parler d’écologie aux seniors ?

