Alors que le salon du Bourget bat son plein, le Réseau Action Climat lance une campagne d’information (www.lesdessousdelaviation.org), dénonçant les impacts dévastateurs de l’aviation sur le climat. Dans un appel au gouvernement français, le RAC-F demande un prix sur la pollution des avions. L’urgence climatique requiert la contribution de tous les secteurs de l’économie. L’aviation ne peut plus y échapper.
L’avion : le mode de transport le plus polluant
L’avion est le moyen de transport le plus polluant. Par passager et par kilomètre parcouru, il est trois fois plus nocif pour le climat que la voiture. C’est aussi le mode de transport dont les émissions de gaz à effet de serre augmentent le plus rapidement, alors qu’il rejette déjà autant d’émissions que l’Allemagne. Les vols de courte distance sont les plus polluants par passager et kilomètre parcouru. Ils sont loin d’être rares : un vol sur cinq en France se fait sur le territoire domestique ! Malgré l’explosion des émissions de gaz à effet de serre de l’avion, celles-ci échappent toujours aux règlementations internationales sur le climat. Elles n’ont pas été intégrées au protocole de Kyoto. Sous l’organisation des Nations unies en charge de l’aviation civile (l’OACI[[Organisation de l’aviation civile internationale.]]), les pays ne sont jamais parvenus à un accord. Face à cette inertie, l’Union européenne a pris les devants à travers son marché des quotas de CO2. Mais elle a été confrontée à une levée de boucliers sans précédent qui l’a forcée, fin 2012, à amputer une partie de sa législation.« D’après des recherches récentes[[Etude de David S. Lee, Ling Lim, Bethan Owen (2013), « Bridging the aviation CO2 emissions gap : why emissions trading is needed », Manchester Metropolitan University]], il est impossible de lutter contre le changement climatique sans mettre un prix sur les émissions de gaz à effet de serre des avions, explique Célia Gautier, chargée de mission au Réseau Action Climat. Lors de l’Assemblée générale de l’OACI en septembre, les pays doivent adopter un mécanisme économique pour que l’aviation paye enfin pour sa pollution. »
Y a-t-il un payeur dans l’avion ?
A l’intérieur du marché européen des droits à polluer, le prix imposé aux émissions de CO2 des compagnies aériennes est minime. Ce marché s’est effondré, réduisant à quelques euros le surcoût pour un billet d’avion. Tous les vols hors Europe en sont exclus aujourd’hui. « L’avenir du système européen est menacé. Maintenir un prix sur les émissions de CO2 générées par les vols au départ et à l’arrivée de villes européennes doit devenir une priorité pour nos gouvernements. Un retour en arrière serait incompréhensible », poursuit Célia Gautier. Le secteur aérien bénéficie également d’exemptions fiscales qui lui donnent un avantage injustifié par rapport à d’autres secteurs. « Les compagnies aériennes ne paient pas de taxe sur le kérosène lorsqu’elles font le plein. Ces cadeaux fiscaux profitent surtout aux plus aisés, qui prennent beaucoup plus souvent l’avion[[82% des passagers réguliers sont issus des catégories socio-professionnelles supérieures.]] », explique Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. « Il est inacceptable de constater un tel avantage fiscal injustifié et injustifiable, qui ne constitue rien d’autre qu’un droit à polluer. La suppression de l’exonération de taxe sur le kérosène doit être décidée dès la loi de finance 2014 », conclut Matthieu Orphelin.Contact
– Simon Coquillaud, chargé de communication au Réseau Action Climat au 01 48 58 83 92 – www.rac-f.org