Distribution. À travers sa mésaventure professionnelle, un couple de gérants veut mettre en lumière l’attitude du groupe dans le commerce de proximité.
« On a toujours dit Amen à tout. » Nadia Fléchais et son mari, Yves, ont beaucoup d’amertume dans les mots. Neuf années sacrifiées à « trimer » pour Petit Casino ont suffi pour « bousiller » les nerfs, la motivation et la santé de ces quadragénaires… Alors, malgré les menaces, le couple ira jusqu’au bout de sa démarche. Le 9 octobre, ils ont déposé deux plaintes contre le groupe à l’enseigne rouge et verte : l’une devant les prud’hommes pour « requalification de leur contrat en contrat de travail et paiement des salaires », et l’autre plus rare, au pénal, pour escroquerie et harcèlement. Ces – gérants avaient cru que l’irréprochabilité professionnelle et la gestion méticuleuse de leur supérette les préserveraient d’éventuelles « discordes » avec Casino. Mais quand on a pour patron le 5e groupe français de distribution, celui qui, avec Carrefour, se taille la part du lion dans le réseau des magasins de proximité, l’éthique professionnelle des Fléchais ne résiste pas au système Casino. À échelle différente, logique différente. Bienvenue dans l’arrière-boutique du petit épicier du coin de la rue, dans un monde où même les délégués syndicaux refusent de témoigner publiquement par peur de « se faire couler sur le champ ».