Contrairement à une idée largement répandue, des scientifiques américains affirment que les biocarburants qui se substituent aux carburants classiques ne réduisent pas les émissions en gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.
Des chercheurs californiens du SRI Consulting – un institut international d’étude de marché pour l’industrie chimique – ont déterminé que l’utilisation de biocarburants n’introduirait aucun changement sur le réchauffement global et pourrait même avoir pour résultat une augmentation des émissions de gaz à effet de serre par rapport au carburant diesel conventionnel.
Ces chercheurs ont comparé les émissions de gaz à effet de serre du diesel et du biodiesel, tout le long de leur cycle de vie, depuis leur production jusqu’à leur combustion dans les moteurs (production, transport, transformation, distribution). Les résultats, publiés dans le journal « Chemistry & Industry », montrent que le biocarburant à base d’huile de colza cultivé dans des champs dédiés émet à peu près autant de gaz à effet de serre que le carburant diesel conventionnel (à base de pétrole, NDLR).
Or, selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) et le ministère de l’Industrie qui ont fait réaliser une étude de l’analyse du cycle de vie (ACV) des différents carburants en 2002, la filière EMVH/Diester produirait 3,5 fois moins de gaz à effet de serre avec un rendement énergétique 3,3 fois supérieur par rapport à la filière gazole.
L’étude américaine souligne que si le sol utilisé pour cultiver le colza servait à faire pousser des arbres, les émissions en GES calculées en équivalent CO2 seraient alors trois fois plus faibles pour le diesel pétrolier que pour le biodiesel : les arbres fixant le carbone le temps de leur croissance.
Le diesel d’origine pétrolière émet 85 pour cent de ses gaz à effet de serre au moment où il est consommé dans un moteur. Au contraire, les chercheurs constatent que les deux tiers des émissions de GES par le biocarburant au colza se produisent au cours de la pousse, le colza émettant de l’oxyde nitreux qui est environ 300 fois plus actif (du point de vue de l’effet de serre) que le CO2.
Pourtant, l’ADEME concluait il y a quelques mois que l’utilisation des biocarburants a des effets globalement positifs sur l’air et le climat tout en précisant qu’il fallait veiller à ce que le mode de production soit respectueux de l’environnement : mode de culture, usage de pesticide, irrigation, méthode de raffinage…
Si le mode de production américain reste sans doute plus intensif que celui que l’on trouve en Europe, et donc plus polluant, force est de constater que le bilan relatif aux émissions en gaz à effet de serre n’est pas aussi clair qu’il n’y paraît.
Au final, avec la multiplication des études qui révèlent les maux engendrés par les biocarburants, ceux-ci apparaissent de moins en moins comme une solution écologique, mais plutôt purement énergétique…
Merci à Pierre Allemand pour la traduction de l’article original paru dans ScienceDaily : « Study warns against biodiesel fuels
Les biocarburants ne réduisent pas les émissions en gaz à effet de serre
il me semble que pour évaluer le CO2 produit par une combustion il faut ne pas négliger la provenance du carburant.
si celui est d’origine fossile quelque que soit la qualité de la combustion le carbone est remis en circulation dans l’atmosphère.
alors que s’il provient du cycle biologique, biogaz, éthanol (issu de l’agriculture, de déchets graisseux, ..) alors le carbone émis était déja dans le cycle biologique du carbone.
donc tout se joue sur le pourcentage de substances d’origine fossile utilisées pour produire le carburant.
la combustion, elle n’a un effet que pour l’environnement immédiat lors de la combustion. mais pour le long terme seul l’origine fossile compte.
laurent labeyrie