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Mobilité bas carbone

Les autoroutes, des leviers inattendus de la lutte contre le dérèglement climatique

C’est probablement contre-intuitif, mais les autoroutes pourraient constituer un levier de choix dans la lutte contre le dérèglement climatique. Sur fond de « mobilité bas carbone 1280px-autoroute_a31_a_harmonville__88_.jpg

Des objectifs ambitieux et des échéances proches

Lors de la COP 21, la France s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050, avec une étape intermédiaire : 40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2030. Pour y parvenir, la France va devoir cibler logiquement les secteurs les plus émetteurs de CO2. Or, grâce au nucléaire, et indépendamment des autres inconvénients de cette source d’énergie, la France émet relativement peu de CO2 pour son chauffage et son électricité. Par contre, le secteur du transport, qui repose encore pour une très large majorité, sur la combustion des énergies fossiles représente à lui seul près de 38 % des émissions de carbone en France en 2017. Les trajets sur autoroute représentent à eux seuls 20 % des émissions de CO2 du secteur des transports, et donc 6 % du total des émissions en France. Si des progrès notables ont été faits par les constructeurs automobiles pour réduire les émissions polluantes des véhicules, les résultats obtenus sont insuffisants pour compenser la hausse du trafic : en moins de 30 ans, le nombre de voitures en circulation a augmenté de 40% et celui des poids lourds de 6%. A cette hausse quantitative du nombre de véhicules en circulation, s’ajoute l’allongement des trajets moyens jusqu’au lieu de travail, et la diminution du nombre moyen de passagers par trajet. Ce dernier phénomène, aussi appelé « autosolisme », signifie que les trajets en voiture s’effectuent de plus en plus avec une seule personne à bord. En 2018, on estimait ainsi que si 17 millions de personnes prennent la voiture tous les jours pour aller au travail, 75% d’entre elles pratiquent l’autosolisme. Les futurs progrès technologiques attendus sur les moteurs thermiques et l’évolution des normes Euro sont nécessaires ; mais ils resteront quoi qu’il en soit très insuffisants pour atteindre les objectifs dont la première échéance arrive dans moins d’une décennie. L’urgence est donc là et la pression se fait de plus en plus forte sur le ministère de la Transition écologique dirigé par Barbara Pompili. Si la question de la transition écologique vers une mobilité plus durable ne pourra pas reposer exclusivement sur les autoroutes, celles-ci ont néanmoins quelques atouts à faire valoir.

La région PACA en avant-garde

C’est la région PACA qui a initié le mouvement il y a un peu plus d’un an, dans le cadre d’un partenariat avec Vinci Autoroutes signé le 12 novembre 2019. Ce partenariat s’inscrit dans le plan climat « Une Cop d’avance » lancé par la région ; il vise « à favoriser le développement de solutions de mobilité bas carbone, le covoiturage et les transports en commun tout en préservant la nature » explique le président de la région Renaud Muselier. La région consacre 30% de son budget annuel, soit 450 M€, aux diverses mesures de ce partenariat. La région PACA a ainsi commencé à mettre en place un certain nombre de mesures pour améliorer la qualité de l’air et réduire les émissions de GES. On notera par exemple le lancement de la première ligne de cars longue distance 100% électriques d’Europe, entre Toulon et Aix-en-Provence et entre Avignon et Aix. « Pour réduire durablement les émissions de gaz à effet de serre et les autres facteurs polluants, il est nécessaire de soutenir la transition vers des véhicules toujours plus propres », a ainsi précisé le président de la Région, lors du lancement officiel de ces lignes. La région PACA est également en train de favoriser l’implantation de bornes de recharge électrique, avec pour objectif de passer d’une borne tous les 100 km à une borne tous les 20 km. Du côté de Vinci, le projet porte un nom, celui « d’autoroutes bas carbone ». Les autoroutes ne sont pas de simples bandes de bitume ; l’idée est désormais de considérer l’autoroute comme un système global : il s’agit à la fois d’optimiser la consommation de ressources (récupération d’eau, recours aux énergies renouvelables, recyclage des déchets), de limiter l’impact sur les milieux naturels (construction d’aménagements de « continuité écologique », souterrains, écoponts, nichoirs…) mais aussi et surtout d’encourager les solutions de mobilité éco-performantes et bas-carbone (tout ce qui peut encourager les alternatives à l’usage de la voiture individuelle thermique). Au niveau de la région PACA, les projets de Vinci représentent par exemple 700 places de covoiturage supplémentaires prévues en plus des six parkings actuels. S’il s’agit bien d’une simple première étape, c’est parce que Vinci pourrait faire de la région PACA une vitrine technologique de ce que sera l’autoroute de demain. Vinci Autoroutes s’est ainsi engagé à développer en plus les infrastructures de recharge électrique, hydrogène et biogaz, le transport multimodal et partagé (transport collectif sur autoroutes, parcs relais, voies réservées…) et les services numériques de mobilité en partenariat avec les acteurs locaux. Les actions de Vinci sur les autoroutes visent à lever l’un des derniers freins à la « mobilité décarbonée pour tous », celui des trajets longue distance. En attendant des voitures électriques à grande autonomie ou la généralisation des véhicules à hydrogène, la mobilité durable passera sans doute par la mobilisation de tous les acteurs de la route.

 

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