Les agrocarburants (carburants produits à partir de l’agriculture) ont souvent été présentés par les pouvoirs publics comme une solution face à la dépendance énergétique de la France, aux émissions de gaz à effet de serre et au manque de débouchés agricoles. Or, à y regarder de plus près, les bilans énergétiques, écologiques et sanitaires des filières industrielles d’agrocarburants sont loin d’être satisfaisants. Par ailleurs, ils entrent en compétition avec la production alimentaire. C’est pourquoi France Nature Environnement (FNE) s’oppose à tout objectif d’incorporation d’agrocarburants dans les transports. A l’occasion d’un séminaire organisé aujourd’hui par FNE et Transport & Environment, nous publions ci-dessous une analyse réalisée par Lionel Vilain, conseiller technique à France Nature Environnement.
Agrocarburants, mythes et réalités
Par Lionel Vilain, conseiller technique à France Nature Environnement. Quelques idées fausses… – Quand il n’y aura plus de pétrole, on aura les « biocarburants » : A l’échelle mondiale, les surfaces agricoles représentent 1400 millions d’hectares. Sur la base d’une tonne d’agrocarburant produite par hectare cultivé et en cessant toute production alimentaire, nous pourrions produire théoriquement un maximum de 1400 millions de tonnes d’équivalent pétrole, alors que la consommation mondiale est aujourd’hui de 3500 millions de tonnes. Dans cette hypothèse évidement invraisemblable, les agrocarburants ne pourraient donc satisfaire que 40 % des besoins en carburants mondiaux. En France, l’objectif très ambitieux d’incorporer 10 % d’agrocarburants dans nos carburants conventionnels suppose la mise en culture de 2 à 3 millions d’hectares soit environ 20 % des surfaces labourables. Une concurrence féroce entre production alimentaire et production énergétique devrait donc voir le jour. Elle se traduira nécessairement par l’importation d’éthanol de canne à sucre brésilien et d’huile de palme indonésienne ou malaisienne. Nous roulerons alors plus propre grâce à la déforestation massive des forêts tropicales. Le Brésil comme l’Indonésie vont s’emparer du marché des agrocarburants parce que leurs coûts de production sont dérisoires par rapports aux coûts de production européens et que l’efficience énergétique de la transformation de la canne à sucre ou du palmier à huile est très supérieure à la transformation du blé français, du maïs, de la betterave en éthanol ou du colza en Diester. – Les « biocarburants » n’émettent pas de gaz à effet de serre : Cette illusion classique repose sur l’argument que le carbone émis par la combustion des agrocarburants proviendrait essentiellement de l’atmosphère via la photosynthèse. Ceci serait vrai si aucun tracteur ne labourait, si aucun engrais ni pesticides n’étaient épandus, si aucune machine ne récoltait ni transportait les récoltes vers les usines de transformation et si les usines fonctionnaient avec de l’énergie renouvelable. Ce n’est pas le cas et le bilan est loin d’être neutre. Sur un cycle complet, du labour à la combustion dans nos moteurs, les agrocarburants réduisent de seulement 30 à 40 % les émissions nettes par rapport à l’essence. Mais dès demain, ils seront massivement issus des cultures tropicales et le bilan sera catastrophique puisque la déforestation par brûlis se traduit par la remise en circulation du carbone organique des arbres ainsi que par la minéralisation de l’humus de l’ancienne forêt. A l’échelle mondiale, la déforestation représente 25% des émissions totales de carbone et constitue une des principales sources de gaz à effet de serre. Les émissions de gaz à effet de serre induites par la déforestation sont sans commune mesure avec le gain dérisoire induit par ces agrocarburants. Un raisonnement global montre que ce qui est faiblement gagné en Europe et en France est largement perdu par le changement d’affectation des sols provoqué par les cultures énergétiques tropicales. Nous pourrions ainsi avoir l’illusion de rouler plus propre en oubliant les millions de tonnes de gaz carbonique émises au Brésil ou en Indonésie et qui bien sûr ne restent pas confinées au dessus des pays émetteurs. – Les agrocarburants sont appelés « biocarburants » : Il s’agit bien sûr d’une opération de greenwashing et d’un artefact de communication au service des filières agroindustrielles. En France le préfixe « bio » signifie quelque chose de précis dans l’esprit des consommateurs. Les cultures de colza ou de betterave supportent chaque année 5 à 7 traitements phytosanitaires (pesticides), et l’intensification agrochimique qui accompagne le blé et le maïs (irrigué) alourdissent considérablement le bilan écologique des agrocarburants conventionnels. – Les agrocarburants de première génération bénéficient de défiscalisation importante parce qu’ils préparent l’avènement des agrocarburants de deuxième génération qui eux seront rentables et performants. C’est un pari coûteux pour le contribuable et l’automobiliste. Rappelons simplement que la densité énergétique de la biomasse « plante entière », est faible par rapport à celle du grain, et qu’il faudra des milliers de camions pour transporter les milliers de tonnes de pailles vers les usines de transformation. L’efficacité énergétique de cette deuxième génération est manifestement plombée par cette simple évidence thermodynamique Quelques réalités… – Sur la sobriété : La ferme France est très vulnérable à l’inéluctable déplétion énergétique qui s’annonce. En effet, l’agriculture injecte chaque année l’équivalent de 200 à 300 L d’équivalent-fuel à l’hectare (énergie directe). Notre sécurité alimentaire passe donc inévitablement par le renforcement de l’autonomie énergétique de l’agriculture ce qui suppose une modification importante des systèmes de production, réorientés vers la sobriété et l’efficacité. Parce qu’elle présente la meilleure efficacité énergétique et qu’elle induit un comportement de sobriété, l’huile végétale brute, produite et consommée à la ferme constitue la meilleure option possible pour les agrocarburants et pourrait à terme garantir une certaine sécurité énergétique (et donc alimentaire) à la ferme France. – La démographie : La population mondiale s’accroit chaque année de 70 millions de personnes. 1 milliard d’humains sont déjà en situation de détresse alimentaire et les agronomes s’interrogent sur les moyens de nourrir demain les 9 à 12 milliards d’humains prévus en 2050, compte tenu des surfaces disponibles. La concurrence féroce entre cultures alimentaires et cultures énergétiques va donc accroître les famines continentales avec pour conséquence la mise en culture de tous les écosystèmes résiduels (notamment forestiers), entrainant un anéantissement de la biodiversité et de toutes les ressources des milieux. En conclusion Le bilan global d’une nouvelle filière industrielle est complexe. Ainsi, au-delà de la seule analyse du cycle de vie, le bilan écologique ne se résume pas seulement au bilan énergétique ou à ses émissions de GES, il inclut aussi les modifications majeures portées aux milieux de production et à la concurrence entre besoins alimentaires et besoins énergétiques. Appelés « biocarburants » pour mieux les reverdir, les agrocarburants sont présentés comme une solution écologique du futur. En terme d’émission de GES et avec la déforestation inévitable qu’ils induisent, ils pourraient être pires encore que les énergies fossiles et pourraient nous faire perdre de vue l’essentiel : repenser nos besoins en transport et notre invraisemblable consommation énergétique. Les agrocarburants industriels constituent une fuite en avant agro-industrielle qui repousse à plus tard l’indispensable sobriété énergétique.
Les agrocarburants : une question brûlante
Nous allons droit dans le mur, pourtant il y a une chose sur laquelle on pourrait agir, tout au moins limiter les dégâts, c’est une baisse de la croissance démographique, une démographie responsable au niveau planètaire, simplement en limitant à deux le nombre d’enfants par femme permettrait de stabiliser la population et nous n’aurions théoriquement plus de famine ce serait déjà un grand progrès.
Les agrocarburants : une question brûlante
Nous allons droit dans le mur
La démographie est certainement la pire menace qui pèse sur l’avenir de la Terre et de tous les êtres vivants.
Une pétition en faveur de la gratuité de la contraception dans le mondeà été lancée par une association
http://lapetition.be/en-ligne/petition-7343.htm
Les agrocarburants : une question brûlante
Comme le précise très bien cet article, les agrocarburants sont un leurre. Il n’y a que 2 pistes pour (éventuellement) éviter le chaos: la sobriété en matière de consommation, mais aussi en ce qui concerne la procréation.
Pour aider à cette dernière, la possibilité doit être donnée aux femmes de tous les pays de pouvoir décider librement du moment de leur grossesses et donc d’avoir accès gratuitement à la planification familiale. C’est d’ailleurs la raison d’être d’une campagne citoyenne qui vient juste d’être lancée…