Le Secret de Chanda d’Olivier Schmitz, en salle depuis le 1er décembre, à l’occasion de la journée mondiale du sida, raconte avec sensibilité le combat d’une jeune fille de 12 ans contre le tabou et les non-dits entourant la maladie dans un township proche de Johannesburg en Afrique du Sud, pays durement touché par l’épidémie. Chanda découvre, qu’une rumeur enfle dans le voisinage, détruit sa famille, et pousse sa mère à fuir. Devinant que ces commérages se nourrissent d’a priori et de superstition, Chanda part alors à la recherche de sa mère et de la vérité. Le film visant clairement un public scolaire présenté au dernier Festival de Cannes dans la sélection Un certain regard, est adapté d’un roman best-seller d’Allan Stratton paru en 2004.
« Un film sensible et délicat, qui parvient à aborder un thème difficile sans l’édulcorer ni en interdire l’accès au public jeune par une réalisme trop cru ». Arnaud Schwartz LA CROIX « Le Secret de Chanda est (…) un film militant qui n’a pas honte de sa vocation pédagogique. Oliver Schmitz a suffisamment de métier et de confiance dans le cinéma pour que son histoire simple et tragique ne se réduise pas à un tract. » Thomas Sotinel LE MONDE « Le Secret de Chanda est une parabole sur le sort de tous les « orphelins du sida » livrés à eux-mêmes. C’est aussi une plongée dans le quotidien violent et instable des townships, où l’émeute n’est jamais loin, où les gamines se prostituent pour quelques sous ». Cécile Mury TELERAMA Le secret de Chanda d’Olivier Schmitz avec Khomotso Manyaka, Lerato Melvase, Harriet Manamela – Durée : 01h46 – Distributeur : ARP SélectionOù voir le film ?
Le film est projeté cette semaine au Diagonal-Capitole (Montpellier) – au Sémaphore (Nîmes) – Cap Cinéma Carcassonne – Le Colisée (Carcassonne) – au Castillet (Perpignan) – à Utopia – La Manutention (Avignon) – au ABC (Toulouse) – au César (Marseille) – au Renoir (Aix-en-Provence) – à Utopia (Tournefeuille) – au Navire (Valence) – aux Ambiances (Clermont-Ferrand) – au Club (Grenoble) – au CNP Terreaux (Lyon) – au Lido (Limoges) – au CGR Saint-Louis (Pau) – au Rialto (Nice) – à UGC Ciné Cité Bordeaux (Bordeaux) – au CGR Le Castille (Poitiers) – au Devosge (Dijon) – au CGR Dragon (La Rochelle) – au Studio (Tours) – au AlTiCiné (Montargis) – aux Carmes (Orléans) – aux 400 Coups (Angers) – à l’Ermitage (Fontainebleau) – aux Cinéastes (Le Mans) – au Katorza (Nantes) – au Luxy (Ivry-sur-Seine) – Gaumont Parnasse (Paris) – à La Bastille (Paris).Le roman d’Allan Stratton
La première parution du roman Le Secret de Chanda aux Etats-Unis date de 2004. Le livre remporte de nombreux prix et devient un best-seller dans onze pays. En France, il paraît aux éditions Bayard Jeunesse en 2006. Dans le livre, Chanda, seize ans, découvre non seulement l’omniprésence de la mort dans certaines régions du sud de l’Afrique, mais aussi le fait que personne dans son entourage n’ose parler ouvertement de l’origine de ces décès : le SIDA. Le Secret de Chanda raconte l’histoire d’enfants que la vie force à devenir responsable beaucoup trop tôt, et qui ne connaîtront jamais une enfance normale. Ces orphelins du SIDA sont près d’1,4 million à devoir se débrouiller seuls, sans aide du gouvernement sudafricain ou d’autres institutions. Le film leur est dédié. Le secret de Chanda d’Allan Stratton est publié par les éditions Bayard Jeunesse (360 pages) :La genèse du film
Ayant vécu dans le sud de l’Afrique, le producteur Oliver Stoltz décide d’adapter Le Secret de Chanda au cinéma dès la lecture du livre. Il se souvient d’avoir été très impressionné par Mapantsula, le premier film d’Oliver Schmitz, qui brosse un portrait de la population noire pendant l’Apartheid. Enfant de parents allemands, ce dernier est né et a grandi en Afrique du Sud avant d’émigrer en Allemagne dix ans plus tôt, pour des raisons professionnelles. Oliver Schmitz s’engage sur le projet dès sa lecture terminée : « Travailler avec le scénariste Dennis Foon a été fantastique. Le roman est écrit à la première personne, donc nous avons beaucoup réfléchi au fait de devoir nous passer de cette voix intérieure. Il fallait éviter une narration s’appuyant sur une voix-off. Nous avons condensé l’histoire en nous concentrant sur deux sections du roman. La première s’articule autour de l’enterrement de Sarah, tandis que la seconde, la plus déterminante, se déroule après la maladie de Lillian et après son départ. L’action se concentre alors sur le combat de Chanda pour que sa mère revienne parmi les siens. Si l’adolescente a trois ans de moins dans le film que dans le livre, c’est parce qu’une enquête, menée localement, nous a montré que les enfants Sud Africains grandissent terriblement vite. Dans le livre, Chanda a seize ans, mais en réalité à cet âge-là les jeunes ont déjà perdu leur caractère d’enfant. » D’autres changements ont été effectués, notamment au niveau des dialogues : « Le roman est plus ou moins situé dans le sud de l’Afrique,mais nous avons essayé de rester très spécifique en terme de langue et de culture. Pour moi c’est crucial parce que je veux être sûr que je représente fidèlement la réalité. C’est la seule façon de raconter une histoire universelle » Lorsqu’Oliver Stoltz,Oliver Schmitz et Dennis Foon s’envolent pour un voyage de dix jours en Afrique du Sud, ils ont déjà la première version du scénario: « C’était une excellente base, à partir de laquelle nous pouvions ajouter plus d’authenticité si besoin était » explique Oliver Schmitz. « Chaque jour nous avions des rendez-vous pour approfondir nos recherches et des rencontres autour du scénario. En Occident, les gens ont tendance à faire des généralisations hâtives quand ils parlent de l’Afrique. Cela crée des situations qui ne font pas le poids. Nous voulions être le plus précis possible. » C’est pour cette même raison qu’ils décident de ne pas tourner le film en anglais, mais en Pedi, un dialecte local. Le lieu de tournage Le trio se rend à Elandsdoorn, un township situé à environ 200 kilomètres au nord-est de Johannnesburg. Ils visitent notamment le centre médical Ndlovu et entrent en contact avec les victimes les plus jeunes : « Nous avons rencontré une adolescente de quatorze ans qui s’occupait toute seule de ses deux soeurs depuis quatre ans. Hormis un voisin, personne ne l’aidait et elle était trop jeune pour être prise en charge par le gouvernement. Malheureusement, il y a encore trop de cas comme le sien. Être témoin de ces tragédies nous a aidé à avoir un point de vue plus global et à mieux comprendre l’histoire que nous devions raconter. » Au cours des repérages,Oliver Stoltz est surpris par l’atmosphère d’Elandsdoorn, qui ne correspond pas à l’image des taudis et de la misère généralement associés à un township : « D’ailleurs, ce n’est pas un aspect que nous souhaitions mettre en avant dans le film. Nous voulions montrer des conditions de vie dignes. Bien avant de commencer à tourner, nous avons organisé une réunion avec l’ensemble de la communauté.Tout le monde était présent, jusqu’aux membres de l’église, et la question soulevée, à juste titre, était de savoir si la ville allait pouvoir profiter de cette opportunité et recevoir les fruits de ce projet. L’histoire que nous tournions à Elandsdoorn reflétait en partie la vie menée par ses habitants. Tourner sur place, en décor naturel, a ajouté une valeur, une dimension colossale au film. Il gagne en profondeur. » Le tournage Le tournage du Secret de Chanda s’est déroulé à Elandsdoorn entre novembre 2009 et février 2010, avec une pause de quelques semaines en janvier pour que Lerato Mvelase (Lillian) et Aubrey Poolo (Jonah) puissent reprendre du poids. Le tournage a en effet débuté par les scènes où les personnages sont gravement atteints par le virus, et donc très amaigris : « On m’a prescrit un régime très strict pour que je perde beaucoup de poids » se souvient Lerato Mvelase. « Cette expérience m’a permis de m’identifier au personnage de Lilian. C’est aussi en entrant dans sa maison pour la première fois que j’ai littéralement pu ressentir la pauvreté et la solitude qui y régnaient. Voir les maisons des voisins, apercevoir leurs enfants marcher dans la rue avec le nez qui coule, m’a aussi beaucoup aidée. Sur un plateau, vous sentez encore l’odeur de la peinture fraîche et du bois, ça aurait été très différent. » Par ailleurs, Oliver Schmitz a tout fait pour que le tournage se déroule dans une ambiance conviviale et chaleureuse : « C’était fondamental pour les filles. Il fallait qu’elles puissent être détendues pendant les prises. » Lerato Mvelase approuve : « J’avais même parfois du mal à me concentrer, car c’était un peu le chahut sur le plateau. Lorsqu’on tournait les scènes les plus éprouvantes, on demandait un peu plus de calme que d’habitude. » En effet, Oliver Schmitz savait exactement à quel moment ramener un certaine quiétude : « C’était génial », poursuit Lerato. « S’il avait perdu son sang-froid, nous l’aurions tous perdu. Oliver prenait systématiquement le temps d’expliquer ce qu’il avait en tête, et il n’arrêtait de tourner que lorsqu’il avait obtenu ce qu’il voulait. Parfois c’était éreintant. Mais Oliver est un merveilleux réalisateur et un homme charmant. » Allan Stratton, l’auteur du livre, s’est rendu sur le tournage pendant quelques jours en décembre 2009. Il a été impressionné par la manière dont Oliver Schmitz menait son équipe : « Il est incroyablement concentré et contrôle tout, sans pour autant être rigide ou manquer d’humour.On sentait qu’il était important à ses yeux que l’atmosphère soit amicale. » « La visite de l’auteur sur un tournage rend toujours un peu nerveux », explique Oliver Schmitz. « La plupart du temps il sait que la matière même de son livre a été substantiellement modifiée. Le fait que Chanda et Esther soient plus jeunes dans le film avait par exemple suscité de nombreuses discussions. Allan était sceptique, surtout en ce qui concernait la relation de Chanda et de ses jeunes frères et soeurs. Mais après avoir vu les acteurs il a été convaincu que nous avions pris la bonne décision. » Bien qu’Oliver Schmitz ait grandi en Afrique du Sud, le dialecte dans lequel ‘Le Secret de Chanda’ a été tourné lui était étranger : « Ça n’était pas très grave. Au début, ça a crée quelques difficultés. Mais je crois que je me suis vite approprié les sons et le rythme de cette langue. J’avais Harriet Manamela, qui joue MadameTafa, à mes côtés. Elle était comme une maîtresse pour les enfants et une conseillère pour moi dès que quelque chose était lié à l’usage du Pedi. S’il y avait le moindre souci ou que des erreurs survenaient, elle les identifiait immédiatement. Et puis, je regardais les visages avec beaucoup d’attention, me fiais aux émotions et les interprétais. » A part l’imprévisibilité d’un climat extrême (soit il faisait très chaud, soit il pleuvait à torrent) le tournage s’est passé sans encombres. Tourner en Afrique du Sud, où il avait grandi, s’est avéré très stimulant pour Oliver Schmitz : « J’ai constaté des différences dans les méthodes de travail. Là-bas les choses sont plus intuitives. Je ne crois pas qu’on aurait eu la possibilité de travailler avec des gens aussi talentueux à Berlin. Ce que les habitants d’Elandsdoorn m’ont apporté est tout simplement extraordinaire. » Autre avantage d’Elandsdoorn : l’absence de criminalité. La costumière Nadia Kruger témoigne : « Si nous avions filmé dans un township de Johannesburg nous aurions dû être sur nos gardes, notre sécurité aurait été une contrainte. J’habite à Johannesburg et je sais à quel point c’est une ville dangereuse.C’était tout simplement idyllique en comparaison. » Si tout le monde garde d’excellents souvenirs du tournage, Oliver Stoltz admet qu’étant donné leur budget limité, chacun a quand même dû ‘faire avec’: « Mais lorsque vous vous entourez des bonnes personnes et que chacun est conscient des conditions dans lesquelles il doit travailler, ça devient faisable. » Pour conclure, Oliver Stoltz précise qu’ils n’ont pas voulu faire un long-métrage de plus sur les victimes du SIDA: « L’histoire que raconte un film doit avant tout toucher et émouvoir les gens. Si, en plus, ça peut permettre de les éclairer et de les faire changer de comportement, alors là ça devient un grand accomplissement. Il est évident que ‘Le Secret de Chanda’ est porteur d’un message fort sur le SIDA. Mais c’est avant tout l’histoire du basculement dans l’âge adulte de Chanda. Et c’est ce qui rend le film si prenant. »
Le secret de Chanda d’Olivier Schmitz : la jeunesse africaine face au tabou du sida
bonjour,
je suis un passionné de l’afrique et des conditions de la femme et des enfants.
je voudrais porté un petit commentaire.
j’ai visionné la bande annonce de ce film et cela ma donner tress envie de le voir et il me viens une question; va t’il sortir en DVD dont les profit serais pour de actions pour les malades du SIDA en afrique.
si possible, j’aimerais avoir une reponse de votre sur mon adresse mail:
stephane.bondarnaud@bbox.fr
par avance, je vous en remercie