Le collectif Pacte Civique, qui réunit de nombreuses associations et personnalités engagées dans la lutte contre le chômage, est convaincu que l’on ne réglera pas la question de l’emploi en France par quelques nouvelles mesures prises à la hâte dans une conjoncture pré-électorale.
Face au chômage qui mine en profondeur la société française, il faut changer de méthode et faire ce que nous n’avons jamais essayé « Tous les partenaires, tous les intéressés, y compris les représentants des demandeurs d’emploi organisés, doivent être réunis autour de la table, pour définir les finalités, évaluer les moyens à mettre en œuvre et la contribution que chacun peut et doit apporter » estime le collectif Pacte Civique. « En se donnant le temps nécessaire. C’est ainsi que les pays qui ont mieux réussi que nous ont procédé, c’est comme cela que nous pourrons avancer. Le chômage sape la démocratie, c’est par des méthodes démocratiques, par un débat de qualité, en pratiquant, enfin, sur ce sujet difficile une authentique éthique de la discussion, que nous pourrons en venir à bout en mobilisant la créativité collective nécessaire ». Un Grenelle de l’emploi pour faire de l’emploi de qualité pour tous une priorité nationale Le Collectif propose que soit mis en place immédiatement après l’élection présidentielle, quel qu’en soit le résultat, un processus de « Grenelle de l’emploi ». Ce processus doit être préparé dès maintenant par les services compétents qui doivent établir un état des lieux. Il devra disposer d’un délai suffisant pour pouvoir travailler en profondeur et ne pas être soumis à la dictature de l’urgence, mauvaise conseillère en la matière. « Ce Grenelle de l’emploi aura pour objectif de faire de l’emploi de qualité pour tous, à temps choisi, une priorité nationale réelle et partagée », résume le collectif. Le collectif Pacte civique propose 4 propositions structurantes Le Collectif souhaite que, parmi les multiples sujets qui seront évoqués, les quatre propositions suivantes fassent l’objet d’un examen attentif en raison de leur caractère structurant : – Affecter une part des crédits des politiques de l’emploi à l’organisation et à l’expression des demandeurs d’emploi afin que ceux- ci puissent participer à l’évaluation de l’existant et à la co-construction de ces politiques qui les concernent au premier chef ; – Inciter les partenaires sociaux à négocier dans les branches et les entreprises des accords de défense et de promotion de l’emploi afin de bénéficier d’un bonus sur les allégements de charges sociales existants, un malus étant décompté en cas d’absence d’accord ; – Etendre le champ de l’assurance-chômage afin de réduire la place devenue excessive des minimas sociaux, et doter le service public de l’emploi des moyens lui permettant d’accompagner correctement les demandeurs d’emploi. Pour obtenir les ressources nécessaires, faire contribuer progressivement les revenus du capital ainsi que les trois fonctions publiques et leurs agents à l’assurance-chômage, dans un esprit de solidarité ; – Créer progressivement une obligation d’embauche de chômeurs de longue durée par les administrations et par les entreprises, sous réserve du paiement en cas contraire d’une contribution dont le produit sera affecté au financement des emplois aidés. « Il est clair que l’effet de ces mesures sera limité si, parallèlement, les efforts nécessaires n’ont pas été accomplis pour réguler étroitement les activités financières et les relier à leur fonction économique » prévient le Collectif. « Nous souhaitons en outre que ces propositions s’inscrivent dans le cadre d’une réflexion prospective sur le sens, la nature et les formes du travail, de l’emploi, et de l’activité , sur leur place dans les temps et équilibres de vie individuels et collectifs, ainsi que sur les droits, responsabilités et devoirs qui les accompagnent ».Le Pacte civique : un appel à inventer un futur désirable pour tous
Le Pacte civique appelle les citoyens, les organismes publics, associatifs, économiques et sociaux, ainsi que les responsables politiques, à œuvrer pour une société désirable pour tous à partir des impératifs fondamentaux de créativité, sobriété, justice et fraternité. Il vise à rassembler les énergies pour faire émerger des propositions concrètes, alternatives et structurantes et à associer le plus grand nombre afin d’interpeller les responsables politiques à l’occasion des prochaines échéances électorales. Un constat : face à la crise, penser, agir, vivre autrement en démocratie La crise ouvre une nouvelle époque en France, en Europe et dans le monde. C’est une conviction autour de laquelle un collectif d’associations s’est constitué dans un double but : analyser et agir ensemble. Ses réflexions et propositions s’articulent autour des quatre points suivants. 1 – Une crise qui vient de loin et qui ébranle nos certitudes La force et la brutalité de la crise, évidentes pour tous, ne doivent pas nous leurrer : elle vient de loin. Elle est le résultat de tous les défis non affrontés, de tous les avertissements non entendus, de tous les déséquilibres accumulés, de toutes les démesures tolérées, donc de tous les changements qui n’ont pas été faits à temps. Il est question de la crise ; or, elle en additionne au moins trois, ce qui explique son ampleur particulière : la crise sociale, due au chômage, à l’exclusion, à la précarité, aux inégalités extrêmes, qui sévit depuis longtemps ; la crise écologique, de mieux en mieux perçue, mais qui se développe plus vite que les moyens, insuffisants, mis en œuvre pour y parer ; la crise économique et financière enfin – qui aggrave l’ensemble – largement due à l’appétit immodéré pour l’argent et pour la rentabilité à tout prix. Ces crises, aggravées par le laisser-faire individualiste qui les a accompagnées, sont l’expression d’une crise culturelle et morale de nos sociétés. Face à cette situation, plusieurs approches sont proposées:- les uns mettent l’accent sur le manque de cohérence entre nos comportements et nos idéaux et sur les changements à opérer dans la manière de produire, consommer, épargner, investir. Certains prônent ainsi un bouleversement du système économique, même s’il n’y a pas actuellement d’alternative évidente.
- d’autres mettent d’abord leur espoir dans une généralisation des multiples initiatives et expérimentations mises en œuvre, notamment dans l’économie sociale et solidaire.
- d’autres enfin insistent sur le fossé qui s’est creusé entre la représentation politique et la société. Mais tous nous estimons qu’il faudra tenir compte de ces différentes attitudes et que les multiples déséquilibres actuels ne seront pas résolus par de simples solutions « régulationnistes ». Celles-ci ne permettront pas de repartir comme avant.
- conscience des limites de la nature : on ne peut prélever indéfiniment des ressources finies,
- conscience des limites de l’intérêt personnel, mis en compétition avec celui d’autrui : les intérêts égoïstes sont sources d’inégalité et leur somme ne garantit pas l’intérêt général,
- conscience des limites de l’accumulation des désirs de tous ordres produits par les systèmes en place, qu’ils n’ont plus les moyens de satisfaire.
- face à la crise écologique, le rapport à l’environnement, au gaspillage, au traitement des déchets, aux produits « bio » évolue ; face à la crise de l’énergie, des énergies renouvelables sont promues et des économies d’énergie recherchées ; sur le plan politique, un Pacte Écologique a conduit au Grenelle de l’environnement ;
- les personnes sont encouragées « à travailler sur elles mêmes », à sortir de leur individualisme et de leur « quant à soi » pour fraterniser et pour innover ;
- face au chômage, de nombreuses associations de solidarité se sont créées et les principes de fonctionnement de l’économie solidaire retrouvent une nouvelle vigueur ;
- des entreprises prennent conscience de la nécessité d’élever le niveau de leur responsabilité sociale et écologique tandis que l’économie sociale et solidaire ressent la nécessité de prendre un nouvel élan ;
- des maires, avec l’appui de leurs concitoyens, développent de nouvelles formes de vivre ensemble et pratiquent une fraternité de proximité qui vise notamment à réduire les fractures sociales, territoriales et intergénérationnelles.
- aider les personnes à se constituer et à agir,
- inciter la démocratie à « se remettre en question », à dépasser son fonctionnement procédural et administratif et à s’ouvrir à des relations davantage solidaires, responsables et créatives.
- d’une démocratie représentative capable de proposer des choix exigeants et motivants et de mobiliser les citoyens pour les mettre en œuvre,
- d’un débat démocratique porteur de compromis constructifs appuyés sur la recherche d’intérêts réciproques dans la durée,
- d’une démocratie de proximité liée à la participation du plus grand nombre et à la coopération entre élus, administrations et associations.
- impératif de créativité, dont le champ devra s’élargir et porter davantage sur l’écologie, la coopération, les relations interpersonnelles et spirituelles, en un mot à tout ce qui donne sens ;
- impératif de sobriété, de distinction entre l’essentiel et le superflu, qui va s’imposer sous de multiples formes, avec le risque de dégénérer en austérité imposée aux plus fragiles, s’il n’est pas appliqué en proportion des possibilités de chacun ;
- impératif de justice qui devra conduire à inventer de nouvelles formes de redistribution pour que le principe d’égale dignité soit effectivement mis en pratique dans un contexte où on ne peut plus compter sur une augmentation rapide des richesses ;
- à adopter un certain nombre de comportements personnels autour notamment de la notion de sobriété créative et solidaire ;
- à militer pour un ré-outillage démocratique de nos diverses organisations autour notamment de la promotion de l’éthique du débat, de la reconnaissance de la diversité, du principe de responsabilité et de la coopération entre acteurs ;
- à soutenir des orientations politiques qui promeuvent la qualité démocratique et visent à remettre l’économie et la culture au service de l’homme et non l’inverse et qui, à cet effet, réduisent les inégalités par une redistribution des richesses et donnent aux plus démunis et à ceux qui sont ou se sentent marginalisés la possibilité de participer effectivement à la construction et à l’évaluation des politiques qui nous concernent tous.
Un appel : inventer un futur désirable pour tous
Nous sommes de plus en plus nombreux à être :- indignés par des inégalités croissantes, la corruption et le règne de la finance,
- conscients des limites de la nature et de l’accumulation des désirs individuels,
- inquiets de la montée de la dette, du chômage, de l’exclusion, des violences,
- choqués par la dégradation de notre démocratie,
- décidés à résister au délabrement de nos sociétés et aux démesures de la mondialisation,
- confiants dans les capacités de chacun à progresser et à construire ensemble,
- déterminés à trouver des équilibres justes en matière sociale et écologique,
- exigeants sur la cohérence entre ce qui est dit et ce qui est fait,
- prêts à nous engager et à coopérer pour mieux vivre ensemble.
- d’adopter un certain nombre de comportements porteurs de sens,
- de promouvoir la qualité de la démocratie et du vivre ensemble dans leurs divers lieux de vie et dans les organisations où s’exercent leurs différentes activités,
- de soutenir des réformes visant à mettre la politique et l’économie au service de la personne et à promouvoir notre ouverture sur l’Europe et le monde.
Un collectif : pour s’engager
Un Collectif d’associations françaises s’est constitué dans un double but : analyser et agir ensemble. En effet, la société civile ne peut continuer à œuvrer de façon dispersée sans être capable d’adresser un message fort aux citoyens et aux gouvernants. Le lancement officiel du Pacte civique les 14 et 15 mai a pour objectif de :- faire comprendre la démarche et partager l’ambition du Pacte civique ;
- recueillir des bulletins d’adhésion, à la fois des citoyens et des acteurs publics ;
- récolter avis et commentaires sur la meilleure façon de réussir le Pacte civique afin de susciter l’adhésion du plus grand nombre ;
- préparer la suite de la démarche, jusqu’à la fin 2013 – une étape intermédiaire importante étant l’interpellation des responsables politiques avant les échéances électorales de 2012.
- au titre de personne soucieuse de mieux-vivre,
- au titre d’acteur engagé dans la vie économique, sociale, culturelle ou civique,
- au titre de citoyen participant à la vie politique de notre pays.
- vous faites confiance à d’autres pour les engagements où vous n’êtes pas impliqués,
- d’autres vous font confiance dans les engagements où vous vous impliquez,
- nous avons confiance en notre capacité collective de changement. Par ailleurs, nous avons bien conscience que nul engagement n’est parfait ni définitif. La société est complexe, l’action ne coïncide pas toujours avec les intentions, ce qui apparait juste et nécessaire à un moment donné peut se révéler contre-productif à un autre, ces engagements peuvent évoluer. Les intentions qui les animent valent autant que les modalités de leur mise en œuvre.
- 1. Se donner régulièrement des temps de pause pour réfléchir au sens de son action et à l’équilibre de ses responsabilités.
- 2. Participer de manière constructive au débat public et prendre part aux votes.
- 3. Assumer ses obligations de contribuables et d’assureurs/assurés sociaux.
- 4. Consacrer du temps et/ou de l’argent à des engagements d’intérêt collectif, de solidarité ou syndicaux.
- 5. Aller à la rencontre de l’autre, quelle que soit sa différence, pour construire un vivre ensemble.
- 6. Reconnaitre le droit à la parole de chacun et favoriser l’expression individuelle ou collective de ceux qui ont le plus de difficulté à s’exprimer ou à se faire comprendre.
- 7. Lutter contre les gaspillages et adopter des modes de vie plus équilibrés qui préservent la planète.
- 8. Dans l’éducation, promouvoir les talents et faire prévaloir la coopération ainsi que la non-violence sur la compétition.
- 9. Dans les collectivités locales, développer l’esprit de fraternité au service d’un vivre ensemble durable, sans exclusive ni exclusion.
- 10. Dans les entreprises, donner au respect des personnes une importance au moins égale au souci de rentabilité, réduire l’échelle des revenus, et renforcer la responsabilité sociale et environnementale dans le cadre d’une gouvernance élargie.
- 11. Dans les organisations syndicales, faire prévaloir l’accès de tous à un travail décent sur les revendications quantitatives ou catégorielles.
- 12. Dans les associations et organismes de l’économie sociale et solidaire, respecter ses finalités, les réactualiser, et considérer le succès de chacun comme le succès de tous.
- 13. Dans les banques et organismes financiers, relier la prise de risque et la créativité à l’utilité économique et sociale des opérations et fixer des limites aux rémunérations.
- 14. Dans les fonctions publiques et services publics, redonner tout son sens et sa portée à la notion d’intérêt général et de service à la collectivité, pour tous les usagers sans exclusive.
- 15. Dans les médias, préserver leur autonomie et inscrire dans une charte déontologique le souci du débat démocratique et du rôle éducatif à l’égard des usagers.
- 16. Dans les communautés spirituelles et courants de pensée organisés, rechercher les valeurs communes du vivre ensemble dans le cadre de la laïcité.
- 17. Dans les partis politiques, donner la priorité aux enjeux réels sur les luttes internes et la compétition externe, et privilégier le dialogue avec les acteurs de la société civile.
- 18. à la promotion de l’éthique de la délibération et de la décision, et leur mise en œuvre ;
- 19. à des innovations permettant une représentation plus équilibrée des femmes et des hommes et de toutes les populations : droit de vote aux personnes étrangères régulièrement établies, reconnaissance du vote blanc, limitation stricte des cumuls de mandats et fonctions ;
- 20. à la mise en place d’un meilleur contrôle citoyen sur la dépense publique ;
- 21. à l’affectation de crédits des politiques publiques à l’expression et à l’organisation des citoyens, notamment les demandeurs d’emploi et bénéficiaires de minimas sociaux ;
- 22. à la régulation étroite des activités financières pour les relier à leur fonction économique.
- 23. en fixant les règles d’un contrat fiscal juste et redistributif pour faire face aux besoins collectifs, tout en prenant en compte l’environnement concurrentiel ;
- 24. en faisant de l’emploi de qualité pour tous, à temps choisi, une priorité nationale partagée ;
- 25. en évaluant puis relançant les politiques d’accès de tous aux droits de tous: alimentation, logement, énergie, santé, culture, etc. ;
- 26. en s’appuyant sur la participation et les capacités des habitants pour construire des nouvelles politiques de la ville et de la ruralité dans le cadre du développement des territoires.
- 27. en recherchant avec les jeunes les conditions de leur pleine participation à la société ;
- 28. en généralisant progressivement le service civique pour qu’il s’étende peu à peu à tous les jeunes et à tous les âges ;
- 29. en redéfinissant les finalités et les moyens d’une éducation populaire et citoyenne tout au long de la vie.
- 30. en dotant le budget européen de ressources propres, afin de pouvoir développer les politiques communes internes et externes ;
- 31. en promouvant des équilibres écologiques soutenables pour préserver la planète ;
- 32. en intensifiant les partenariats et le co-développement avec l’Afrique et les pays du pourtour méditerranéen.
Agir : rejoindre le Pacte civique
– Pour vous informer sur l’évolution du Pacte civique, consultez le site du collectif en cliquant ici. – Pour vous inscrire dans la démarche cliquez ici. – Pour toute information contacter le coordinateur : Joaquim Frager par téléphone au 01 44 07 00 06 ou par mail en cliquant ici.