La 7ème édition du Forum Social Mondial rassemble, du 20 au 25 janvier, le monde entier en Afrique entre autres des travailleurs, des mouvements sociaux, des réseaux, des coalitions et d’autres forces progressives d’Asie Pacifique, d’Amérique latine, des Caraïbes, d’Amérique du Nord, de l’Europe et tous les coins du continent africain vont converger vers Nairobi, au Kenya pendant cinq jours de résistance et de célébration culturelles.
Au programme : ateliers, colloques, marches, nuits de projection de film et beaucoup de plus encore. Politis (n° 935 – édition du jeudi 18 janvier 2007) nous dresse une présentation de cette manifestation. Extrait.
Ils étaient une trentaine à Porto Alegre (Brésil) en 2001, lors de la première édition du Forum social mondial (FSM), à peine cinq cents à Mumbai (Inde) trois ans plus tard. Les Africains n’ont probablement jamais été présents à plus d’un millier lors des rassemblements annuels des altermondialistes. Petite graduations surveillées par les organisateurs sur l’échelle de la diversification et de l’universalisation du FSM.
Relâche de la comptabilité pour 2007 : ce sont les Africains qui domineront la septième édition du rassemblement. Du 20 au 25 janvier, le FSM est accueilli par Nairobi, capitale du Kenya. Mais d’abord par l’Afrique, dans l’esprit de tous, et pour la première fois. Certes, il y avait eu près de 30 000 participants à Bamako (Mali), l’an dernier, mais ce n’était que l’un des trois pôles avec Caracas (Venezuela) et Karachi (Pakistan) d’un FSM qui s’essayait au « polycentrisme ».
Selon les appréciations, entre prudence et optimisme, de 50 000 à 150 000 personnes, provenant d’une centaine de pays dont une quarantaine d’Afrique, pourraient participer au millier de débats et de séminaires programmés au forum de Nairobi (1). Depuis plusieurs jours, des caravanes de participants se sont mises en branle d’Afrique australe, d’Afrique centrale, d’Éthiopie et même de Somalie.
Cela faisait près de quatre ans que ce forum africain s’annonçait comme une nécessité, à la fois incontournable et porteur de nombreux doutes. Son enjeu dépasse comme jamais les frontières du pays d’accueil. Tenir le FSM en Afrique, c’est en quelque sorte atteindre le coeur du problème. Plus qu’en Amérique latine ou en Asie, le continent, emblème de l’exclusion engendrée par le modèle économique dominant, expose l’invalidité du néolibéralisme. En vingt ans, l’Afrique a vu sa part au sein des échanges mondiaux tomber de 10 % à 2 %. Elle concentre les plus mauvais indices économiques, sociaux, sanitaires, éducatifs de la planète, sans que les remèdes élaborés à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à Bruxelles ou à Washington ne parviennent à inverser le « déclin de l’Afrique ».
Dans ce sombre tableau, les progrès de la démocratie et l’émergence progressive d’une société civile font partie des principaux espoirs. Sénégal, République démocratique du Congo, Cameroun, Maroc, Algérie, Maghreb, Kenya, Burkina Faso… « Au cours des deux dernières années, c’est en Afrique que se sont tenus le plus grand nombre de forums sociaux nationaux », relève Gus Massiah, président du Centre de recherche et d’informations pour le développement (Crid, qui regroupe une cinquantaine d’associations de solidarité internationale).
« Nairobi est probablement le rassemblement africain le plus important de l’histoire récente », estime Taoufik Ben Abdallah, secrétaire exécutif du Forum social africain, qui organise les rassemblements de mouvements sociaux nationaux et sous-régionaux. De fait, il existe un large consensus sur l’enjeu prioritaire de ce FSM : donner de la visibilité et de la légitimité aux forces citoyennes du continent.
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